Biden hésite dans le débat avec Trump

Avec son aplomb et malgré ses nombreux mensonges, Donald Trump a dominé jeudi le premier débat de l’élection présidentielle américaine face à un Joe Biden offensif sur le fond mais très confus sur la forme.

Le président de 81 ans, qui avait réclamé que ce face-à-face avec son prédécesseur républicain ait lieu en début de campagne, a raté une occasion cruciale de rassurer des millions d’Américains devant leur écran sur sa vitalité et sa santé.

Sur scène, le leader démocrate est souvent apparu confus, mâchant ses mots et s’embrouillant plus d’une fois.

Donald Trump, reconnu coupable de délits fin mai, a largement imposé son style, multipliant les exagérations et les contrevérités, notamment sur l’immigration, sans l’intervention des deux journalistes de CNN animateurs de la soirée.

Notamment, l’ancien président, qui n’a jamais reconnu sa défaite face à Joe Biden en 2020, ne s’est pas engagé lors de l’émission à reconnaître sans condition le résultat de son duel contre le démocrate le 5 novembre.

Il a également une nouvelle fois désavoué toute responsabilité dans l’attaque de ses partisans contre le Congrès à Washington le 6 janvier 2021.

« Certainement un désastre »

Sur le fond, les candidats ont longuement discuté des questions d’inflation, d’immigration et de soutien à l’Ukraine.

Joe Biden, dont la voix était souvent rauque devant les caméras de CNN – son camp indiquait qu’il était enrhumé – s’en est pris à un sujet qu’il sait délicat pour le milliardaire, lui reprochant son action « terrible » contre le droit à l’avortement.

Il a également accusé Donald Trump de « mentir » en affirmant que l’immigration illégale faisait grimper la criminalité.

©AFP

Le président américain Joe Biden lors du débat présidentiel contre Donald Trump au siège de CNN à Atlanta, en Géorgie, le 27 juin 2024.

Mais depuis que les campagnes présidentielles américaines sont entrées dans l’ère de la télévision, il y a plus de 60 ans, avec le débat entre John F. Kennedy et Richard Nixon, la forme compte autant que le fond.

“Je pense que nous avons bien fait”, a déclaré le démocrate lors d’un arrêt dans un restaurant de Géorgie après le spectacle, affirmant qu’il était “difficile de débattre avec un menteur”.

Selon un sondage réalisé par CNN auprès des téléspectateurs, le verdict est sans appel : les deux tiers d’entre eux pensent que Donald Trump a gagné le match.

Des réactions de mécontentement et des appels au retrait de démocrates anonymes se sont répandus dans la presse dès la fin du débat.

« La performance de Joe Biden lors du débat a été décevante, il n’y a pas d’autre façon de le dire », a admis Kate Bedingfield, ancienne directrice de la communication de la Maison Blanche pendant ses premières années de mandat.

“C’était sans aucun doute un désastre”, a déclaré à l’AFP le politologue Larry Sabato.

Envoyée pour tenter d’éteindre l’incendie, la vice-présidente américaine Kamala Harris a concédé que Joe Biden avait été « lent à démarrer » mais avait « terminé en force ».

Un tournant à la campagne

La républicaine Nikki Haley, ancienne rivale de Donald Trump à la primaire et dont les votes sont particulièrement recherchés par les deux candidats, est allée jusqu’à laisser entendre que Joe Biden ne serait pas « le candidat des démocrates à l’élection », exhortant les républicains à « rester sur leurs gardes ». .»

Un tel scénario est en fait extrêmement peu plausible et Joe Biden devrait, sauf surprise majeure, être désigné par son parti pour l’élection présidentielle de novembre lors de la convention démocrate de Chicago à la mi-août.

La mauvaise performance de Joe Biden marque très probablement un tournant dans une campagne jusqu’ici extrêmement serrée : les deux candidats sont au coude à coude dans les États susceptibles de faire basculer l’élection.

Il est cependant très difficile de dire si le débat fera radicalement bouger les lignes, dans un pays où la polarisation politique est extrême.

©AFP

L’ancien président américain Donald Trump lors du débat présidentiel contre Joe Biden au siège de CNN à Atlanta, en Géorgie, le 27 juin 2024.

L’enjeu est néanmoins énorme : si l’un des deux candidats parvient à attirer quelques électeurs indépendants, cela pourrait suffire à lui donner l’avantage en novembre, tant le scrutin s’annonce serré.

Une autre grande inconnue pèse toutefois sur l’élection : Donald Trump devrait connaître dans deux semaines sa peine lors de son procès à New York. L’ancien président républicain risque théoriquement la prison dans ce cas, même si ce scénario paraît très improbable.

La Cour suprême des États-Unis, largement remaniée par l’ancien magnat de l’immobilier, doit également décider prochainement si Donald Trump bénéficie de l’immunité pénale afin d’obtenir l’annulation des poursuites engagées contre lui pour ses tentatives d’annuler illégalement les résultats de la présidentielle de 2020. élection.

Son sort pourrait être connu dès vendredi.

 
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