Le sélectionneur mauritanien ne s’oppose pas à la volonté de Jordan Lefort de changer de nationalité sportive – .

Le sélectionneur mauritanien ne s’oppose pas à la volonté de Jordan Lefort de changer de nationalité sportive – .
Le sélectionneur mauritanien ne s’oppose pas à la volonté de Jordan Lefort de changer de nationalité sportive – .

A bientôt 31 ans, Jordan Lefort a exprimé le souhait de représenter la Mauritanie au niveau international malgré l’absence de racines africaines mais par amour pour son épouse franco-mauritanienne. Au micro de RMC Sport, l’entraîneur Amir Abdou s’est félicité du choix de cœur du défenseur central d’Angers et espère l’accueillir en sélection même s’il n’est pas le seul décideur dans ce dossier complexe.

A l’heure de son retour en Ligue 1 avec le promu Angers, Jordan Lefort a fait part de son envie de découvrir le football international dans les prochains mois. Mais si l’équipe de France lui semble inaccessible à presque 31 ans, le défenseur central rêve de représenter la Mauritanie et de disputer la CAN 2025 au Maroc. Bien qu’il ait justifié son ambition auprès du journal Le Parisien, Jordan Lefort n’a pas d’origine mauritanienne mais vit depuis une dizaine d’années avec sa compagne franco-mauritanienne, Hana, avec qui il a eu un fils qui possède également la double nationalité. Au micro de RMC Sport, l’entraîneur des Mourabitounes, Amir Abdou, a exprimé son ressenti sur ce dossier complexe d’un point de vue administratif.

Jordan Lefort a exprimé le souhait de représenter la Mauritanie au niveau international. Un choix qui peut surprendre puisqu’il n’a pas d’origine mauritanienne. Amir Abdou, en tant qu’entraîneur des Mourabitounes, quel est votre premier sentiment après cette prise de position du défenseur angevin ? Étiez-vous conscient de cette envie ?

Non, non, je n’en savais rien. J’ai vu ça sur les réseaux. Mais entre-temps, j’avais entendu dire qu’il y avait un joueur marié à une Mauritanienne. Et puis j’ai discuté avec mon assistant Julien Outrebon qui le connaît bien aussi. J’avais entendu beaucoup de bonnes choses sur Jordan. D’un point de vue sportif, c’est bien sûr un joueur intéressant. Après, je ne fais pas de politique et tout ça, c’est la partie administrative qu’on peut faire pour la Jordanie. Sportivement, bien sûr, ce serait un plus pour nous, pour notre effectif et pour pouvoir atteindre nos objectifs de qualification à la CAN.

D’un point de vue technique, avez-vous déjà communiqué directement avec lui en vue d’une potentielle intégration ? Envisagez-vous de faire cela ? Ou bien devra-t-il d’abord obtenir la nationalité mauritanienne, s’il ne l’a pas déjà, pour que vous puissiez le convoquer en sélection ?

Je ne suis pas autorisé à prendre cette décision judiciaire ou administrative. Tant que mon président (de la Fédération mauritanienne) ne donne pas son accord pour pouvoir échanger avec la Jordanie… On a pu lire dans les journaux que Jordan est marié à une Franco-Mauritanienne. C’est tout à son honneur de vouloir jouer sous les couleurs du pays de son épouse. Je ne peux pas le contacter jusqu’à ce que mon président ait pris une décision et me donne l’aval en me disant que Jordan Lefort on pourra le faire pour X raisons. Mais pour le moment je ne peux pas communiquer avec lui, ce n’est à aucun moment de ma responsabilité.

“C’est un choix du coeur”

Comprenez-vous cette volonté du défenseur de représenter ce pays qui lui tient tant à cœur d’un point de vue sentimental ? Ou auriez-vous un peu peur qu’il s’agisse en quelque sorte d’une roue de secours sportive pour lui ?

C’est un choix du cœur. Vous savez, quand on est marié et qu’on a deux enfants avec sa femme et qu’il apprend aussi notre culture, je trouve ça légitime. Je trouve ça beau de sa part. Je ne pense pas que ce soit un ‘one shot’ qu’il veuille faire ou qu’il veuille faire un coup de pub. Je trouve ça bien de sa part. Et puis représenter le pays de sa femme et aussi ses enfants qui ont la double nationalité, je trouve ça bien. Beaucoup de joueurs l’ont fait (changer de nationalité sportive). Je n’ai pas d’exemple type mais beaucoup de joueurs ont pu le faire. Pour nous potentiellement et sportivement, dans le projet, ça ne poserait pas de problème d’accueillir Jordan. On sait qu’on sélectionnerait un joueur d’expérience qui a d’énormes qualités, qui a un parcours assez atypique pour moi dans le sens où il a joué en Ligue Europa, en Ligue des Champions. Il a quand même joué dans des clubs comme les Young Boys de Berne ou le Paris FC. Il a aussi été formé je crois à Strasbourg, il a un parcours intéressant et il a aussi joué à Amiens. Nous sommes donc favorables sur le plan sportif.

Vous êtes vous-même binational franco-comorien et né à Marseille, quel est votre sentiment sur les acteurs binationaux ? Considérez-vous cela comme une opportunité pour les sélections africaines et notamment la Mauritanie ou plutôt comme un frein pour les autres acteurs du pays ?

Non, ce n’est pas un frein. Ce n’est pas un frein. Dans la vie, nous savons que nous avons de nombreuses personnes qui ont de nombreuses origines. Il faut aussi profiter de ce côté « Melting Pot » et profiter aussi des origines. Il y a des joueurs qui prennent les origines de leurs parents, père ou mère ou qui décident de garder leur nationalité parce qu’ils sont nés sur le terrain. Mais sinon, ça fait partie de la vie. Après c’est un choix du cœur. Ce n’est pas un choix par défaut, c’est un choix du cœur. Il a 30 ans, il a la possibilité de jouer peut-être une CAN et aussi de découvrir une autre compétition. Beaucoup de gens à 30 ans décideraient de dire : « Je vais me taire ». Là, il vient de monter en Ligue 1 pour pouvoir rester serein et terminer sa carrière sans prendre de risques. Alors que là-bas, il a envie de découvrir autre chose et puis il y a aussi ce côté familial et être fier de sa femme.

Si Jordan Lefort devient éligible et que vous l’appelez, craignez-vous un accueil peut-être réticent de la part de certains joueurs de votre équipe ?

Non non Non! Car il faut savoir aussi que la Mauritanie est un pays assez cosmopolite où l’on retrouve plusieurs nationalités. La Mauritanie est coincée avec le Maroc, le Sénégal, le Mali… Il y a beaucoup de doubles nationalités, nous avons beaucoup de binationales qui jouent pour l’équipe mauritanienne. Après, comme je l’ai dit, c’est un échange avec les dirigeants. C’est un souhait des dirigeants. Les seuls décideurs seront l’Etat et le Président de la Fédération.

« Sur le plan sportif, c’est un joueur intéressant qui peut faire partie du projet »

Allez-vous essayer de convaincre le président de votre fédération de forcer un peu le destin de Jordan Lefort ? Allez-vous en discuter avec vos dirigeants à la Fédération mauritanienne ?

Ce n’est pas à moi de le forcer sportivement. On a un président assez avant-gardiste qui connaît le football et qui est un très, très grand compétiteur. Après c’est le président… Je ne forcerai rien du tout. Ce n’est pas moi qui prendrai la décision mais j’en discuterai avec lui. Je dirai que de mon côté et sur le plan sportif, c’est un joueur intéressant qui peut faire partie du projet. Après l’autre aspect, l’aspect administratif et politique ne relève pas de ma responsabilité. Ce sera aux dirigeants de décider si cela peut être fait ou non. Nous verrons si cela est réalisable ou non, s’il peut avoir la nationalité mauritanienne et si les dirigeants du pays veulent la lui accorder. Je n’ai aucun pouvoir là-dessus.

Un joueur non africain portant le maillot d’une équipe africaine, comme le Brésilien Santos au début des années 2000 avec la Tunisie, est-ce que ça vous choque, est-ce que ça vous plaît en tant qu’entraîneur ? Cela témoignerait aussi d’une ouverture du football africain…

Je ne regarde que le côté sportif, mais non, ça ne me choque pas. C’est un joueur comme beaucoup d’autres. Ensuite, la naturalisation se fait par l’intermédiaire de ses enfants et de son épouse. Mais il y a un lien qui se fait. Ce n’est pas quelqu’un qui vient et c’est juste une valeur ajoutée qu’on prend comme ça. Il y a déjà une histoire, il a eu des enfants et il vit avec une Mauritanienne. C’est comme s’il avait vécu en Mauritanie et épousé une Mauritanienne avant de demander la nationalité. C’est exactement la même chose. Ce n’est pas une personne ou un étranger que l’on peut emmener… Il a des relations. Pour moi il a des relations, pour moi il en a 50% avec ses enfants et sa femme. Pour moi, il est à moitié mauritanien.

« Il est déjà Mauritanien dans l’âme »

Il est déjà mauritanien dans l’âme…

Justement, il est déjà mauritanien dans l’âme. Après, cela se fait beaucoup et il ne sera pas le premier à avoir franchi cette étape.

Avez-vous déjà eu des joueurs binationaux ou naturalisés dans votre équipe ?

Il y a beaucoup de doubles nationalités ici. Nous avons des joueurs de plusieurs origines, des joueurs nés au Sénégal qui ont une mère mauritanienne et un père sénégalais. Nous en avons beaucoup dans ce sens. Le dernier joueur que nous avons récupéré est Aboubakary Koita qui joue actuellement en Belgique à Saint-Trond et il est né au Sénégal mais il a un parent mauritanien. Il a quatre nationalités. Il a la nationalité mauritanienne, malienne, belge et sénégalaise.

Jean Guy Lebreton Journaliste RMC Sport

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Les prix alimentaires restent stables à la veille de la Tabaski 2024 au Sénégal
NEXT Chaîne de télévision Perez contre Taira, carte complète et cotes des paris