Au Kenya, des gaz lacrymogènes tirés lors d’une nouvelle journée de manifestations – .

Un policier marche près d’un nuage de gaz lors d’une manifestation contre les meurtres de personnes protestant contre le projet de loi de finances 2024/2025, à Nairobi, au Kenya, le 27 juin 2024. MONICAH MWANGI / REUTERS

Le retrait du projet de budget n’aura pas apaisé les tensions au Kenya. Le début de la nouvelle journée de manifestations, jeudi 27 juin, a été marqué par des tirs de gaz lacrymogènes dans le centre d’affaires de la capitale Nairobi. La police, déployée en nombre dans les rues du centre-ville, a fait usage de gaz lacrymogènes sur des groupes dispersés de plusieurs dizaines de manifestants mobilisés contre la politique gouvernementale.

Le Kenya se préparait en effet à une nouvelle journée de manifestations antigouvernementales, au lendemain de l’annonce par le président William Ruto du retrait de son projet de budget, suite à la journée de protestation de mardi qui a dégénéré en violences meurtrières à Nairobi.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Au Kenya, le président William Ruto réprime les protestations et retire sa loi de finances

Ajouter à vos sélections

Dans la capitale, un important dispositif policier a été déployé pour empêcher l’accès à la State House, le palais présidentiel, ont constaté des journalistes de l’Agence France-Presse (AFP). Sur l’avenue Moi, au centre de la capitale, où de nombreux commerces restaient fermés jeudi matin, Moe, employé dans une parfumerie, vient de baisser le rideau. “On ne sait pas ce qui va se passer (…) On ne peut pas prendre de risques”a-t-il déclaré à l’AFP.

Le mouvement de contestation sans précédent mené par la jeunesse, qui a envahi le pays en moins de deux semaines et pris le pouvoir par surprise, est apparu peu après la présentation au Parlement, le 13 juin, du budget 2024-2025, prévoyant notamment une TVA de 16% sur le pain et une taxe annuelle de 2,5% sur les véhicules particuliers.

Munitions réelles

Si les précédentes journées de mobilisation réclamant la suppression de ces nouvelles taxes s’étaient déroulées dans le calme, la manifestation de mardi à Nairobi a tourné au bain de sang, notamment autour du complexe de l’Assemblée nationale et du Sénat, dont certains bâtiments ont été incendiés et saccagés.

Selon plusieurs ONG, la police a tiré à balles réelles pour tenter de contenir la foule qui a forcé les barrières de sécurité à pénétrer dans le complexe, une attaque sans précédent dans l’histoire du pays indépendant depuis 1963.

Au total, 22 personnes ont été tuées mardi, dont 19 à Nairobi, et plus de 300 blessées, a indiqué l’organisme national de surveillance des droits de l’homme du Kenya (KNHRC). « Pourquoi ont-ils dû tuer ces jeunes ? Ce projet de loi ne vaut pas la peine que des gens meurent (…) Certaines personnes sont en colère et pourraient vouloir se venger. »se lamente Moe devant sa parfumerie, ajoutant : « Nous sommes en territoire inconnu ».

Le président de l’Association médicale du Kenya, Simon Kigondu, a déclaré qu’il n’avait jamais vu avant mardi « un tel niveau de violence contre des personnes non armées ». Un responsable de l’hôpital national Kenyatta de Nairobi, le principal hôpital du pays, a déclaré mercredi à l’AFP avoir reçu “160 personnes (…) certaines avec des blessures superficielles, d’autres avec des blessures par balle”.

Le porte-parole du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a exigé mercredi que les responsabilités soient assumées. “clairement” instituée après la mort des manifestants.

Le mouvement de contestation continue

Car le bilan meurtrier de mardi n’a pas dissuadé le mouvement de contestation, qui s’est transformé en une dénonciation plus large de la politique du président Ruto, élu en 2022 avec la promesse de favoriser la redistribution vers les classes populaires. Mercredi, une figure du mouvement de contestation, la journaliste et militante Hanifa Adan, a de nouveau appelé à manifester jeudi lors d’une marche silencieuse. “pacifique” en mémoire des victimes.

Suivez-nous sur WhatsApp

Rester informé

Recevez l’essentiel de l’actualité africaine sur WhatsApp avec la chaîne « Monde Afrique »

Rejoindre

Quelques heures plus tard, William Ruto, qui la veille avait déclaré vouloir réprimer fermement « violence et anarchie »a finalement annoncé le retrait du projet de budget et a déclaré vouloir une consultation nationale des jeunes.

Une annonce immédiatement qualifiée de« opération com » par Hanifa Adan, et accueilli avec méfiance par un certain nombre de manifestants qui s’apprêtaient à descendre à nouveau dans les rues jeudi dans le centre de Nairobi et dans d’autres villes du pays comme Kisumu (ouest) et Mombasa (sud).

Le gouvernement, qui avait soutenu que ces taxes étaient nécessaires pour donner une certaine marge de manœuvre au pays lourdement endetté, a annoncé le 18 juin qu’il retirait la plupart des mesures. Mais les manifestants réclamaient le retrait complet du texte.

« Comment pouvons-nous gérer ensemble notre situation d’endettement ?, a interrogé William Ruto après avoir capitulé sur le projet de budget. Il était particulièrement préoccupé par un déficit important dans le financement des programmes destinés aux agriculteurs et aux enseignants.

La dette publique du pays s’élève à environ 10 000 milliards de shillings (71 milliards d’euros), soit environ 70 % du PIB. Le budget 2024-25 prévoyait un montant record de 4 000 milliards de shillings (29 milliards d’euros) de dépenses. Le Kenya, l’une des économies à la croissance la plus rapide d’Afrique de l’Est, a enregistré une inflation de 5,1 % sur un an en mai.

Le Monde avec l’AFP

Réutiliser ce contenu
 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Le showbiz ivoirien perd une star – .
NEXT Prix ​​du gaz, démarque inconnue, nouveau plan d’économies… Ce qui change au 1er juillet