L’Amérique guette un faux pas

L’Amérique guette un faux pas
L’Amérique guette un faux pas

Voilà pour le numéro du clown. Pour le reste, ce sera plutôt une cage au lion. Les enjeux sont énormes et sans précédent. Ce sera le premier débat entre un président en exercice et un ancien président, le premier débat télévisé à avoir lieu aussi longtemps avant les élections, le premier entre deux hommes aussi âgés et le premier mettant en vedette un ancien président condamné au pénal. La première aussi, où l’Amérique se demandera si l’un des deux candidats n’est pas trop fou pour gouverner et l’autre, assez vigoureux pour être réélu. Une majorité d’Américains double haine (littéralement : qui déteste les deux candidats) aurait préféré ne pas avoir à se poser ces questions et voter pour des candidats plus jeunes, mais plus question de changer de tête d’affiche. Ce sera Rocky II… catégorie senior.

L’écart se réduit dans les sondages

Aux yeux des médias, ce débat intervient à un moment d’autant plus crucial que les deux candidats sont au coude-à-coude depuis des mois et semblent faire du surplace dans les sondages. Ce qui n’est pas tout à fait exact. « Un changement notable en faveur du président Biden s’est produit dans une série de sondages de qualité au cours des deux dernières semaines »note Jeff Dufour, directeur éditorial de Revue nationale. Les moyennes des sondages parlent d’elles-mêmes : le 5 mars, lors du Super Tuesday, FiveThirtyEight avait Trump en tête de 2,2 points ; aujourd’hui, Biden mène de 0,1 point. Les moyennes de RealClearPolitics placent Trump en tête de 2,2 points le 5 mars dans une course en tête-à-tête, contre 1,3 aujourd’hui.

A l’origine de cette évolution : les électeurs indépendants, non affiliés à un parti. Un récent sondage PBS/NPR/Marist donne à Biden une avance de 2 points parmi les indépendants, soit un changement de 14 points dans sa direction depuis mai. Dans un sondage Politico/Ipsos, 33 % des indépendants ont déclaré qu’ils étaient moins susceptibles de soutenir Trump après sa condamnation à New York. En résumé : le match reste extraordinairement serré.

Lire aussi« Criminel condamné » : cette tache qui marque désormais le nom de Trump

Les débats sont rarement changeurs de jeu, événements susceptibles de faire basculer une élection. A moins d’un faux pas désastreux de la part d’un des candidats, on imagine mal qu’il en sera cette fois-ci différemment, les éventuels rebonds dans les sondages se révélant le plus souvent éphémères. Le cirque de campagne va rapidement plier sa tente et se tourner vers les congrès du parti en juillet et août, puis la dernière ligne droite à l’automne. Pourquoi, dans ces conditions, les deux camps étaient-ils si enthousiastes pour cette première bataille de juin ? L’idée de présenter un homme ou une femme à l’électorat à travers un débat, de lui permettre de “frapper les pneus” Tester le candidat, ne tient pas : les deux hommes sont déjà bien connus.

Aspirant dictateur

L’idée, cette fois, est plutôt d’exposer des vulnérabilités fatales et d’imposer un « récit » dans l’esprit des Américains. Le récit de Trump est simple : tout allait mieux avant (sous sa présidence), le pays est en chute libre, l’immigration est hors de contrôle, Biden est un vieil homme sénile et incapable, les démocrates veulent faire de l’Amérique un pays « éveillé » et marxiste. . Le récit de Biden : l’économie se porte de mieux en mieux, l’inflation baisse, le droit à l’avortement est détruit par les républicains, Trump est un dictateur en herbe et un danger mortel pour la démocratie.

Lire aussiLes milliardaires américains devraient résister à l’envie de soutenir Trump

Comment trouver la faille dans l’armure de l’adversaire pour imposer un tel « récit » dans l’esprit des électeurs, dont beaucoup commencent seulement à s’intéresser réellement à la campagne ? Quant à Trump, « Je pense qu’il sera très méchant envers Biden. Je serais très surpris si c’était autre chose que ça.prédit Maggie Haberman, la journaliste du New York Times qui connaît le mieux l’ex-président. La version Trump 2024 est celle d’un insurgé à l’assaut des barricades, qui n’hésitera pas à sortir l’artillerie lourde – dont la condamnation de Hunter Biden, le fils du président – ​​pour déstabiliser l’hôte de la Chambre. Blanc. Mais sans interrompre sans cesse son adversaire, une impulsivité qui lui avait fait le plus grand mal en 2020 et qu’il ne pourra en aucun cas répéter, le micro des candidats étant coupé lorsqu’ils dépassent leur temps de parole.

Parallèlement à ces attaques à l’homme, Trump tentera de marquer des points sur l’économie et l’immigration. Sur le premier point, l’électorat continue de lui faire davantage confiance qu’à Biden, mais son avance a largement disparu. Avec une économie en bonne forme, le vent tourne : l’étude mensuelle sur les attentes des consommateurs réalisée par la Réserve fédérale de New York montre une amélioration spectaculaire de ce que les gens pensent de leur situation financière en un an. Et le célèbre indice de confiance des consommateurs de l’Université du Michigan montre une hausse de plus de 10 points sur les douze derniers mois, passant de 59 à 69,1. Le terrain de l’immigration sera bien plus favorable à Trump, qui surf sur le ras-le-bol de l’électorat face à la multiplication des passages illégaux de la frontière américano-mexicaine (même si ceux-ci sont en baisse de 50 % par rapport à leur niveau record de fin 2023).

Le traumatisme de l’inflation

Biden, de son côté, concentrera ses attaques sur le côté chaotique, antidémocratique et carrément dangereux d’un Trump qui semble chaque jour un peu plus radical et incontrôlable. Sa condamnation pénale devrait occuper une place de choix, tout comme son dénigrement systématique de la justice et des institutions (Biden, de son côté, s’est engagé à respecter le verdict du tribunal concernant son fils). Mais les « menaces contre la démocratie » restant assez abstraites pour de nombreux Américains, Biden risque de consacrer une bonne partie de ses attaques à remettre en cause le droit à l’avortement. Sur l’économie, il lui faudra jouer malin : pas question pour lui de se targuer d’une économie en pleine santé, le traumatisme de l’inflation restant fraîchement gravé dans les esprits.

Une certitude : l’Amérique s’arrêtera pour regarder ce débat qui devrait battre le record d’audience du premier duel Trump-Clinton (84 millions de téléspectateurs). Avec espoir ou avec terreur, chacun guettera l’oubli, le moment d’errance de l’esprit ou l’accès de rage, préjudiciables pour les candidats « normaux » mais qui peuvent s’avérer fatals aux alentours des 80 ans. Trump vient de fêter son 78e anniversaire, Bien en a 81.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV une journée de formation à « Mon Espace Santé » – .
NEXT Prix ​​du gaz, démarque inconnue, nouveau plan d’économies… Ce qui change au 1er juillet