Nicolas Conquer, candidat désigné par Éric Ciotti et fervent partisan de Trump

Nicolas Conquer, candidat désigné par Éric Ciotti et fervent partisan de Trump
Nicolas Conquer, candidat désigné par Éric Ciotti et fervent partisan de Trump

« Make Normandy great ! » Le slogan sonnerait curieux s’il résonnait sur les marchés de Cherbourg (50) mais il ferait pourtant écho à la dernière trouvaille d’Eric Ciotti. Décidément plein de ressources quand il s’agit de consolider son mariage avec le Rassemblement national, le toujours président de LR vient d’enrôler un trumpiste, un vrai, dans la glorieuse écurie de l’Union de l’extrême droite. Nicolas Conquer, c’est son nom, a appris le 15 juin dernier qu’il serait parachuté dans la 4e circonscription de la Manche. En cette année du 80e anniversaire du débarquement sur les plages de Normandie, nous avons connu le meilleur clin d’oeil de l’histoire

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Un fanatique de Trump et Bannon

Car la nouvelle « pépite » ciottiste, qui virevoltait autour du RN et de la Reconquête sans y figurer, n’est pas un « Monsieur Personne ». Cadre supérieur chez L’Oréal dans la ville, ce trentenaire blond et soigné était jusqu’à ces derniers jours porte-parole des Républicains d’Outre-mer en France. Traduction, le Franco-Américain mettait tout en œuvre pour l’idole des relégués à l’étendard flétri, Donald Trump. Et pas qu’un peu ! Familier des chaînes d’information en continu, friand de la logorrhée de cet apôtre de la post-vérité, le « Donaldophile » n’a pas laissé que de bons souvenirs à ses camarades de tournage. « Débattre avec lui est impossible »note la politologue franco-américaine Nicole Bacharan :

«Il développe le langage de Trump et Bannon jusqu’à l’absurdité. »

Agent d’influence de la droite européenne et (mauvais) chef de file de la campagne Trump en 2016, Steve Bannon, qui selon le New York Times continue de répandre son culot dans les cercles de l’alt-right américaine, s’était autoproclamé spin doctor de Marine Le Pen et l’a soutenue lors des élections européennes de 2019. Il n’est donc pas étonnant qu’il figure en bonne place au panthéon du radical Nicolas Conquer.

Un théoricien du complot

Le 9 juin, avant même son recrutement par Ciotti, le Franco-Américain se réjouissait de « Black lives Matter », martelé par la communauté afro-américaine engagée contre le racisme et les violences policières. Mais c’est devant la caméra que ce joyeux gaillard donne la pleine mesure de ses moyens : le 5 mars, dans la foulée de la razzia de son mentor sur les primaires républicaines, il a célébré sur la Bolloréenne CNews « le retour historique » de son héros. et se félicite, toutes bacchantes déployées, d’« un appel massif au retour à l’ère Trump ».

A peine plus gêné par l’ambiance de son exaltation, le 15 avril, au premier jour de la comparution criminelle de Trump dans l’affaire de falsification de comptes l’opposant à l’ex-actrice porno Stormy Daniels, il a tiré sur BFM le procureur de New York, le qualifie de « militant » et dénonce une « justice utilisée comme bras armé de la politique ». Le 30 mai, jour de la condamnation de l’ancien président américain, candidat à sa réélection, Nicolas Conquer s’est exclamé, le BFM encore une fois, où il crie sans rire “une parodie de justice” et scande que « le vrai verdict tombera le 5 novembre », date de l’élection présidentielle américaine.

Comme les Républicains d’Outre-mer, le néo-marchand de la fanfare LR-RN outre-Manche mène une croisade acharnée contre l’État profond, une théorie complotiste populaire dans les rangs trumpistes. Il déteste également les grands médias qui, tweete-t-il, « riront moins » une fois Trump réélu. Dans un tweet de soutien à Matt Gaetz, représentant hyperactif du Freedom caucus qui attire la frange la plus ultra du Parti républicain au Congrès, il a promis en avril 2021 « Ne pas se laisser intimider par l’État profond ».

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Soutien aux pires anti-avortement

Sur Facebook, l’institution dont la voix Conquer portait ardemment est honorée par l’organisation le 10 novembre 2023 à Paris des Libertés Mondiales. Soucieux de rassembler « les patriotes du monde entier pour discuter de problématiques communes : liberté d’expression, wokisme, économie, immigration… », cette « initiative mondiale pour la liberté » a été très forte.

Sur fond de banderoles appelant à « Drainer le marais », c’est-à-dire « vider le marais » des bureaucrates et de l’establishment qui le polluent, la crème de l’extrême est montée sur le podium : David Bossie, ex-directeur de campagne de Trump, Nigel Farage. , architecte radical du Brexit, Balázs Orbán, ministre et conseiller politique du premier ministre antilibéral hongrois, Laurence Trochu, figure de la manif pour Tous puis de Common Sens convertie au « Marion-maréchalisme » et bien sûr, Éric Zemmour à qui est revenu le grand honneur d’ouvrir les festivités.

Séduit par Reconquête où il passait du temps à déambuler, toujours prompt à retweeter les posts racistes de Marion Maréchal nous invitant à « ramener les Algériens en Algérie », Conquer n’a pas particulièrement impressionné les rétines zemmouristes. Président de la génération Z, Stanislas Rigault n’a qu’une image très floue : « À ma connaissance, il n’a joué aucun rôle dans les négociations préalables au coup de téléphone médiatique de soutien lancé par Trump à Éric Zemmour en février 2022 ». La jeune groupie du chanteur du grand remplaçant se souvient en revanche de l’avoir rencontré dans les locaux de l’Institut de Formation Politique (SI P) qu’il fréquentait en tant qu’auditeur. Lab de l’union des droits et pépinière de talents rances, l’IFP entend former la prochaine génération dont la France a besoin sous peine d’effondrement.

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Cet Institut cher à Conquérir jouit de la reconnaissance éternelle du milliardaire Pierre-Edouard Stérin : pieux mécène de l’extrême droite française sur le point de racheter le magazine Marianne, ce libertaire décomplexé finance via le Fonds du Bien Commun, son organe caritatif, le Libre Institut de journalisme hébergé par l’IFP et censé armer idéologiquement les jeunes collègues pour qu’ils mènent la « bataille culturelle » contre le progressisme dans les rédactions. Co-fondée en 2004 par Alexandre Pesey, ancien membre de l’Union Nationale Inter-Universitaire (Uni), le Renouveau Étudiant, le musclé Corpo de Droit d’Assas et, ne vous inquiétez pas, proche du traditionnel site catholique Salon Beige, l’IFP a tout pour plaire au « ciotto-mariniste ».

Issu d’une famille aussi nombreuse que Christian, frère de Guillaume qui a exercé comme prêtre à Monaco, le novice en politique affiche sa foi et celle de sa famille sur Facebook. Il ne fait pas non plus mystère de ses convictions pro-vie. Hostile à l’euthanasie et non mécontent que la dissolution ait enterré le projet de loi sur le droit à mourir dans la dignité, il assume son adhésion à la Fondation Jérôme Lejeune, violemment hostile à l’avortement et connu pour entraver la recherche médicale sur les embryons par d’importantes actions en justice. « Des causes nobles », selon ce père de plusieurs enfants qui aime récolter des fonds pour la Fondation en participant à des marathons comme celui de Paris en 2023.

Un parachute sans connaissance locale

Du côté de Cherbourg, les états de service de ce drôle de paroissien posent question. « Ici, nous bénéficions d’un climat plutôt tempéré dans tous les sens du terme », sourit un observateur de la vie politique locale. « Lors des législatives de 2022, le RN a obtenu moins de 17 %, c’est trop mais on n’est pas dans l’excès incarné par ce monsieur qui semble complètement hors sol. » Désorienté sous les embruns du Nord Cotentin, l’homme de la réconciliation des droits s’emporte contre la géographie normande : sa propension à mélanger les noms de plages tout comme son incapacité de lister cinq noms de communes de son cercle sans s’y tromper, ils rient déjà sous les imperméables.

Députée PS sortante et candidate sous la bannière du Nouveau Front populaire, Anna Pic regrette l’ingérence pour le moins grotesque d’un tel profil dans la campagne. « En tant que femme républicaine, je suis doublement choquée », explique-t-elle. « Opposant à l’avortement et adorateur d’un président américain qui se targue de piétiner les institutions, c’est beaucoup ! » Convaincu que sa double nationalité convaincra les Normands libérés par les Yankees de voter pour sa pomme, « il a visiblement oublié que le RN envisageait autrefois de supprimer la double nationalité et que Sébastien Chenu a très récemment plaidé pour le retrait de cette disposition», moque Estelle Loret, collaboratrice de la candidate du Front populaire.

Prolix sur les réseaux sociaux, bon client cathodique et urbain de la presse locale où il récite son catéchisme sur « les dérives idéologiques de l’extrême gauche » et la nécessité d’une « poussée nationale » Pour éviter le « chaos », Nicolas Conquer n’a pas répondu aux sollicitations de Streetpress. Dommage car on aurait volontiers demandé au trumpiste si, en cas de défaite, il envisagerait de s’en prendre au bureau de l’actuelle députée Anna Pic.

Illustration de la Une de Timothée Moreau.

 
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