Qui est John Taylor, ce jardinier anglais qui a planté les graines du luxe à Cannes il y a 160 ans ?

Qui est John Taylor, ce jardinier anglais qui a planté les graines du luxe à Cannes il y a 160 ans ?
Qui est John Taylor, ce jardinier anglais qui a planté les graines du luxe à Cannes il y a 160 ans ?

Et la petite graine, plantée il y a 160 ans, s’est transformée en baobab… Vendredi au Carlton, près de 350 salariés, représentant 43 agences et une dizaine de pays, se sont retrouvés pour la convention annuelle des agences immobilières John Taylor, leader du marché local de l’hyperluxe. .

Si, généralement, c’est Monaco qui accueille le grand rassemblement, cette fois-ci, Cannes a été favorisée. Exprès. « En cette année anniversaire, nous retournons à nos racines, l’entreprise ayant été fondée ici »explique Nicolas Orlowski, PDG de John Taylor et du groupe Artcurial, dont la société est propriétaire. Retour aux racines d’une folle histoire de réussite.

Et le jardinier est devenu agent immobilier…

Nous sommes en 1854 : village de pêcheurs, Cannes est occupée par l’aristocratie britannique depuis l’arrivée, 20 ans plus tôt, de Lord Henry Brougham. Cette année-là, la future Cité des Festivals voit l’arrivée de John Taylor, un jardinier anglais de 20 ans.

Sollicité par Sir Thomas Woolfield, un riche marchand, pour valoriser son domaine, le jeune homme originaire du Suffolk démontre ses talents. Rapidement, ses créations font des émules auprès des familles de la haute société, qui sollicitent ses services. « Il connaissait parfaitement Cannes et ses alentoursdit Nicolas Orlowski. Les clients finissaient par lui demander de trouver les plus belles demeures, les plus beaux terrains.

Le jeune homme a de l’intuition et un sens du relationnel. En 1864, John Taylor a 30 ans et ouvre la première agence immobilière à Cannes. Dans la seconde partie du XIXe siècle, l’aristocratie européenne, notamment russe et britannique, devient de plus en plus assidue durant l’été. La liste des (riches) clients de John Taylor s’allonge rapidement. Il leur propose non seulement des propriétés de rêve, mais aussi des services de conciergerie de luxe.

Lié à la famille royale et anobli en 1884

En 1886, son fils Walter, 23 ans, devient son associé. Mission principale : gestion des biens et du personnel. Particularité qui persiste : « La gestion immobilière fait partie de nos missions, au même titre que les transactions et les locations.confirme Nicolas Orlowski. Pour cela, nous disposons de près de 300 jardiniers dans le Sud ; nous gérons également le ménage, la sécurité, etc. Devenu une figure marquante de la communauté britannique de la Riviera, John Taylor noue des liens forts avec la famille royale (en 1930, son petit-fils, Jack, accueille les princes Edward et John à Cannes, dans la plus grande discrétion).

À partir de 1884, il est vice-consul de Sa Majesté ; désormais, ce sera Sir John Taylor. Le 20 octobre 1909, jour de son 75e anniversaire, il fut même nommé membre de l’Ordre royal de la reine Victoria. Si le fondateur – qui perd son fils Walter en 1918 – décède le 21 avril 1922 à Cannes (il est enterré au Grand Jas), la saga familiale est loin d’être terminée. Son petit-fils, Jack, puis son arrière-petite-fille, Jacqueline Montagu, perpétuent et valorisent jusque dans les années 1990 l’héritage de l’homme d’affaires monégasque Michel Pastor.

De Gaulle, Chaplin, « BB » et les autres

Une histoire de famille qui fait écho à celles de nombreux clients, « que nous suivons de génération en génération. C’est également le cas de certains biens : la Villa Léopolda, à Villefranche [qui avait failli être vendue en 2008 pour 390 Me]nous l’avons vendu 4 ou 5 fois au fil du temps.

Certaines demeures, mises à disposition lors des deux grandes guerres, entreront également dans l’Histoire, comme la villa « Sous le Vent » au Cap d’Antibes, qui accueillit les généraux américains Patton et Eisenhower ou, en 1946, le général de Gaulle.

Après les conflits, vient l’âge d’or. John Taylor s’agrandit, ouvre une deuxième agence à Nice ; puis, en 1961, dans la frénésie tropézienne.

Les années 70 arrivent et un défilé de stars : Charlie Chaplin, Liz Taylor et Richard Burton, Brigitte Bardot, Johnny Hallyday, Charles Aznavour… Les célébrités affluent dans les agences et certaines deviennent des clients fidèles, comme Jane et Henry Fonda ou Gregory Peck.

L’empire s’agrandit et, au tournant du XXIe siècle, John Taylor s’internationalise : en 2007, des agences ouvrent à Milan, Paris, Genève, Megève, Gstaad, Moscou et Doha. Ensuite ce seront les Baléares, le Portugal, la Toscane…

Toujours attaché aux racines cannoises

Le rachat, en 2017, par le groupe Artcurial, fondé quinze ans auparavant par Nicolas Orlowski, a encore fait grimper les chiffres : une croissance annuelle de 21% du volume d’activité, permettant à John Taylor de renforcer sa position de leader de l’hyperluxe (transactions sur 10 M€) dans le Sud et à Monaco, avec 35 à 40 % de part de marché.

À l’été 2023, l’entreprise a également vendu l’appartement le plus cher de Paris, sur le Champ-de-Mars : 35 € pour 669 m2. « Nous nous développons dans la capitale [deux nouveaux espaces en 2024]où nous avons, jusqu’à présent, eu peu de présence.

Pas question pour autant de renier les racines cannoises : le siège social reste là, rue d’Antibes ; et sera bientôt agrandi. Même chose pour l’agence de la rue Amouretti.

Actuellement en construction, elle atteindra en décembre une superficie de 300m2, pour devenir la plus grande agence immobilière de Cannes.

Le jardin de John Taylor est étonnamment bien entretenu…

 
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