trois ans après, expertise judiciaire en cours et « bal des condamnés » pour les riverains

trois ans après, expertise judiciaire en cours et « bal des condamnés » pour les riverains
trois ans après, expertise judiciaire en cours et « bal des condamnés » pour les riverains

jeIl y a eu des années d’attente, et trois se sont déjà écoulées, depuis l’effondrement des n° 19 et 21 rue de la Rousselle, dans la nuit du 20 au 21 juin 2021, au cœur du vieux Bordeaux. Peu de consolation pour les riverains, surtout pour ceux qui n’ont toujours pas regagné leurs appartements, aux numéros 17 et 23, deux immeubles fragilisés entourant le creux et nécessitant de lourds travaux. Mais, entre procédures judiciaires de longue haleine et attentisme d’assurance, les situations n’évoluent que lentement.

1 Résultat miraculeux

Trois ans que les immeubles de ce quartier historique de Bordeaux – la maison de Michel de Montaigne était au numéro 25 – se sont effondrés dans une relative indifférence médiatique. L’explication est simple : aucun mort à déplorer dans les décombres, le bilan s’élevant à seulement trois blessés. Un miracle, selon les secours. Le n°21 était vide et en construction, le n°19 comptait neuf occupants au moment du drame. Mais, au-delà de l’avalanche de gravats en face, les dégâts collatéraux sont nombreux : 130 habitants ont été évacués dans un périmètre de sécurité étendu à onze immeubles, par crainte notamment d’un effet domino. La plupart d’entre eux attendront un an – et de lourds travaux de sécurisation entrepris par la Ville pour 2 millions d’euros – avant de revenir.


Les décombres des n°19 et n°21, rue de la Rousselle, en juillet 2021.

Archives Jean-Maurice

2 Expertise judiciaire en cours

Ses conclusions étaient espérées en décembre 2023, elles ne seront peut-être rendues publiques que fin 2024. L’expert judiciaire Olivier Moynot est chargé des deux faces des effondrements : d’une part, déterminer les causes, et donc les responsabilités ; d’autre part, évaluer les dommages matériels subis par toutes les personnes concernées. Vaste programme et travail crucial pour la suite des procédures, tant civiles que pénales. Un pré-rapport communiqué en décembre 2022, et avant un débat contradictoire toujours en cours entre les différentes parties, pointait l’état de dégradation avancé du mur mitoyen, qui aurait entraîné avec lui les deux bâtiments.

16 juin, les effondrements de la rue Planterose

Ils ont ouvert le bal improbable des effondrements d’immeubles dans le centre-ville de Bordeaux, braquant les projecteurs sur l’état des bâtisses anciennes : cinq jours avant La Rousselle, le 16 juin 2021, n°24 et 26 de la rue Planterose, à Saint-Michel , s’est effondré sans faire de victimes. Comme le n°21 rue de la Rousselle entre 2005 et 2019, les deux immeubles sont passés aux mains d’InCité, l’entreprise d’économie mixte en charge de la requalification immobilière du vieux Bordeaux, et leur démolition était prévue pour les mois suivants. Trois ans plus tard, un nouveau projet, toujours soutenu par InCité, prend forme : huit logements en bail réel solidaire vont être construits. Début des travaux annoncé à l’automne, pour une livraison fin 2025-début 2026.

3 “Il n’est pas possible de planifier à l’avance”

Il y a bien sûr le sort des habitants du n°19, aujourd’hui dispersés et marqués, comme Marine Lozes qui, en juillet 2022, a livré à « Sud Ouest » un témoignage édifiant sur le fracas de la nuit du dimanche 20 juin et la difficile retourner à une vie ordinaire. A cela s’ajoutent les propriétaires occupants des immeubles voisins, au nombre de quatre, dont certains ajoutent le loyer des logements supplémentaires au prêt hypothécaire en cours. Un exemple qui en dit long : au n°23, dont les appartements restent inaccessibles, les travaux d’aménagement nécessaires ont été chiffrés entre « 1,3-1,5 million d’euros », indique Xavier Huchon, dont la famille loue un logement à 200 mètres. Hors de portée de la copropriété, qui reste suspendue au déroulement, voire à l’issue, de la procédure judiciaire. Les deux délais se mesurent en années. « Un bal de bagnard », résume le psychologue Bruno Larrose qui, à 67 ans, repousse l’âge de la retraite pour faire face à l’accumulation du crédit et des loyers. « Nous sommes prisonniers de quelque chose que nous n’avons pas fini de payer. Il n’est pas possible de se projeter ailleurs. »

4 Le fonds de solidarité à l’arrêt

“Le nerf de la guerre, c’est l’argent”, poursuit Thomas Drouffe, président de l’Association des victimes et victimes de la rue de la Rousselle qui, face à “la défaillance du système d’assurance”, tente d’obtenir de l’Etat la constitution d’une solidarité. fonds. En avril, une rencontre a été organisée avec Guillaume Kasbarian, lors d’une visite du ministre du Logement à Bordeaux. « L’écoute attentive » risque de n’avoir aucun avenir en ces temps troublés de dissolution. « Nous repartons de zéro. » Xavier Huchon désespère du « vide juridique » dans lequel sont plongés les habitants de la dent creuse : « On n’imagine pas un instant qu’on nous abandonne, que ce soit la mairie de Bordeaux, nos assureurs ou l’État. »

5 Des perspectives à moyen terme ?

Début mai, la Ville et la Métropole ont organisé une rencontre pour les victimes de la rue, offrant des perspectives à moyen voire long terme pour « la dent creuse et les immeubles endommagés, du n°17 ​​au 23 », résume Stéphane Pfeiffer, adjoint au maire. en charge du logement. La possibilité d’une place s’est essoufflée en raison de la présence de caves, d’un « risque d’abus », par crainte du trafic de drogue, et du manque d’ensoleillement. Il s’agit d’une opération immobilière de huit logements neufs au n°19 et n°21 qui est donc privilégiée, mais « rendue complexe par les procédures judiciaires en cours ». Elle pourrait être conclue à l’amiable avec les propriétaires concernés dans les deux immeubles, voire prendre la forme d’une déclaration d’utilité publique, avec d’éventuelles expropriations, dans le cadre du futur contrat de concession-aménagement du centre ancien, confié à l’économie mixte. société InCité jusqu’en 2025. Enfin, le tronçon de rue, du 15 au 25, pourra bénéficier d’une aide financière de l’Agence nationale pour l’amélioration de l’habitat (Anah). Les numéros 17 et 23 sont particulièrement concernés.

 
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