Une partie de la Nièvre a été emportée par les pluies dans la nuit du mercredi 19 juin au jeudi 20 juin, les secours ont été mobilisés pour venir en aide aux habitants. Les Nivernais sont parfois coincés chez eux, ou coupés du monde. Retour sur une journée d’épreuve.
Une inondation. Torrents d’eau… La Nièvre a connu un événement pluvieux d’une ampleur sans précédent, dans la nuit du mercredi 19 juin au jeudi 20 juin. Une large zone orageuse l’a traversée, entre 1h et 5h du matin, du Val de Loire aux Vaux d’Yonne, de Marzy à Clamecy et Corbigny.
« A Chaulgnes, 98 mm d’eau sont tombés en trois heures. C’est l’équivalent de plusieurs mois de précipitations ! déplore Sébastien Clémençon, le maire de cette commune, déjà touchée par une violente tempête de grêle aux conséquences graves, deux ans plus tôt, quasiment jour pour jour. « Une cinquantaine de communes ont été touchées par cet épisode », explique le préfet, Michaël Galy, venu rencontrer les habitants de Chaulgnes et les secours en fin de matinée.
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Partout, l’eau a submergé les routes, envahi les maisons, les caves et les sous-sols. Aux côtés du représentant de l’Etat, téléphone portable à la main, le colonel Philippe Varlet, directeur adjoint du Service départemental d’incendie et de secours (Sdis), reçoit des photos spectaculaires des interventions de ses cent cinquante hommes – dont une vingtaine de renforts venus de Saône-et- Loire et Côte-d’Or – mobilisées depuis la nuit aux côtés des sinistrés.
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« Cette photo a été prise à Varzy il y a quelques instants. Un mètre d’eau en ville ! Incroyable. Même hauteur à Narcy… « Sur tout le département, nous avons évacué une cinquantaine de personnes de leur domicile. Ils n’étaient pas vraiment en danger, mais l’eau montait », raconte l’officier. Ses équipes sont également venues en aide à une dizaine de Nivernais, à pied ou en voiture, gravement menacés par les pluies torrentielles.
S’organiser face à la catastrophe
Dans les villages les plus touchés, comme La Marche, les municipalités ont dû rapidement s’organiser pour tenter d’aider leurs citoyens. A 5h du matin, le téléphone du maire Christian Marillier sonne, “c’est le deuxième à 5h15 qui m’a fait sortir du lit, j’ai compris que c’était grave.”
Immédiatement, lui et ses équipes se lancent au secours des habitants coincés par les eaux. Avec l’aide d’un agent technique, ils ont trouvé un bateau pour récupérer les habitants trempés et coincés chez eux.
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Les portes de la salle des fêtes ont été ouvertes pour accueillir les sinistrés. Sur place, les habitants sont désemparés. Tout le monde, à l’exception d’une dame âgée, a trouvé une solution de repli. “Nous prendrons soin d’elle”, a assuré Angélique Jouannin, élue à la commune. Au même moment, des résidents sont venus lui apporter des médicaments qu’ils n’avaient pas eu le temps d’emporter avec elle.Dans la Marche, des habitants sont venus se réfugier sans affaires.
Dans les heures qui ont suivi, un ballet de solidarité a eu lieu dans la commune en faveur des habitants les plus touchés. Ils habitent tous route de Raveau et ont vu un torrent traverser leur maison.
Au début, j’ai vu de l’eau s’infiltrer par les fenêtres, nous avons dû partir immédiatement. Maintenant, tout est sous l’eau.
Au matin, le Mardelon, habituellement ruisseau, retrouve un ancien lit et se transforme en torrent. « Il s’est éloigné et a détruit le chemin de halage », rapporte l’élu de la commune. En effet, une cascade laisse place à la traditionnelle promenade le long de la Loire. Dans son changement de direction, le Mardelon a traversé la maison de Fabrice Mourron, habitant de la commune, « il a débordé vers 7 heures du matin j’étais dans l’eau jusqu’aux hanches. Nous avons une voiture qui est en ruine, elle ne démarre plus.
Le maire Christi an Marillier espère « que l’État déclenchera un état de catastrophe naturelle ».
Le chemin de halage est devenu une cascade…
Les rebelles Mazou
A Narcy, c’est le Mazou, un petit ruisseau qui a lui aussi débordé. Celle-ci, qui prend sa source dans la forêt des Bertranges, a déferlé sur la vallée, emportant presque tout sur son passage. Par endroits, dans des hameaux de Narcy, les routes sont coupées, un pont a même été emporté. Cependant, dans la ville, les habitants s’accordaient à dire qu’il y avait encore beaucoup à faire pendant la nuit, mais rien n’indiquait qu’un torrent allait déferler. « Le matin, je faisais mon pain. J’ai eu mes premiers clients, tout se passait bien», raconte Fabrice Seutin, le boulanger de la ville, toujours abasourdi.
Vers 8 heures du matin, la ville était sous les eaux. « Rien ne suggérait cela. Tout le monde était surpris. Ma boulangerie est désormais sous l’eau », rapporte le boulanger avec lassitude.
L’eau est montée en cinq minutes. Il arrive que ça déborde, mais quand même…
Le propriétaire du bar de la ville, âgé de 72 ans, affirme « n’avoir jamais vu ça. Et j’entends des histoires à ce sujet au bar. La dernière crue remonte à 1910, mais elle était loin de « se dérouler ainsi selon les témoignages des anciens ». Alors qu’il regarde son bar résister aux eaux troubles, le propriétaire garde le sourire. « On se débrouille avec. Je venais de rapporter du Pouilly, eh bien… Là, c’est sous l’eau », commente le barman.
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Pendant plusieurs heures, de nombreux Narcyssois ont regardé les pompiers évacuer les personnes coincées chez elles. A l’aide d’embarcations ou encore de cordes, les équipes aquatiques des pompiers ont traversé le torrent qui se déversait dans la commune.
Ludovic Pillevesse & Simon Dubos
