C’était attendu et dans la flotte, tout le monde savait que les classements (ou scores) des deux derniers jours étaient à prendre avec des pincettes. Certes, les partisans de la route de l’Est, Jean Le Cam (Tout commence dans le Finistère – Armor-lux), ont eu les honneurs des premières places depuis la nuit de vendredi à samedi. Sauf que la soft zone qui monopolise la flotte se déplace aussi vers l’Est. Benjamin Ferré (Monnoyeur – DUO for a JOB) fait partie de ceux qui sont coincés dans le calme « depuis 1 heure du matin, j’ai entre 0,8 et 1,5 nœuds de vent. Là par exemple, au moment où je vous parle, nous avons une rafale spectaculaire de 0,9 nœuds. » résume-t-il avec humour. Au pointage de 15 heures, Jean Le Cam évoluait à 3,6 nœuds.
“Sam est tombé dans un trou de souris”
Le « Roi Jean » a donc cédé sa couronne à Sébastien Simon (Groupe Dubreuil). Le Vendéen, qui suit un parcours central en tête de flotte, a pris les commandes du classement en début d’après-midi. Il avançait à 14,6 nœuds en début d’après-midi. Toutefois, ce sont les champions de l’ouest qui bénéficient des meilleures conditions de vent depuis hier. Dans les prochaines heures, ils devraient retrouver les premières places du classement. Un nouveau rebondissement qui pourrait profiter à Sam Goodchild dont la trajectoire est impressionnante.
Chez leurs concurrents directs, forcément, on ressent un peu les effets. Yoann Richomme (PAPREC ARKÉA) est lucide sur la situation : « Sam est passé par un trou de souris. C’est frustrant, il a déjà une bonne avance et ça va être de pire en pire. Damien Seguin (Groupe APICIL) voyait également le Britannique creuser l’écart. Il est très élogieux à son égard :
« La trajectoire de Sam est magnifique. Il est facile de dire maintenant que c’était la voie qu’il fallait prendre, que nous aurions fait la même chose à sa place… Il a suivi son intuition jusqu’au bout et a mené sa stratégie à la perfection. Cela créera un bel écart ! » Damien Séguin, GROUPE APICIL
« À court terme, Sam devrait avoir un gros avantage sur les autres », assurait ce matin Christian Dumard, consultant météo du Vendée Globe. Mais les autres qui sont allés plus à l’Ouest (Nicolas Lunven, Jérémie Beyou, Yoann Richomme, Charlie Dalin) devraient revenir progressivement dans les prochains jours.» Au-delà de la situation en tête de course, il faut souligner la densité de la course avec 38 skippers qui se retrouvent dans moins de 300 milles.
Résister aux dommages
Les jours passent et forcément, les problèmes s’accumulent. Hier soir, Louis Burton (Bureau Vallée), qui naviguait avec les skippers occidentaux, a constaté des fissures sur le pont de son IMOCA. Dès ce matin, il tentait d’évaluer les dégâts et de les réparer, comme il l’explique dans une vidéo envoyée en milieu d’après-midi. De son côté, Szabolcs Weöres (Nouvelle Europe) est arrivé aux Canaries. Le Hongrois s’est arrêté à une bouée au large de Las Palmas pour réparer sa grand-voile. Quoi qu’il en soit, rien ne vaut le bonheur d’un skipper après avoir résolu des problèmes techniques.
Fabrice Amedeo (Nexans – Wewise) peut en témoigner en ayant réparé son support de vérin de quille. « Je ne suis pas bricoleur, il doit y avoir quelques étagères montées à l’envers chez moi. Alors réussir ici, c’est vraiment sympa ! » Même satisfaction pour Damien Seguin (Groupe APICIL) : « J’avais une bonne « job list » de réparation à faire. Rien de bien grave mais c’est mieux quand ça marche. Et je suis satisfait puisque tout est à nouveau opérationnel ! »
Pendant ce temps, la vie quotidienne continue dans la flotte. « Un arc-en-ciel, un nuage, un grain et beaucoup de musique, c’est la belle vie », savoure Arnaud Boissières (La Mie Câline). Sébastien Marsset (FOUSSIER) a su immortaliser un lever de soleil alors que la lune était encore visible. Sébastien Simon (Groupe Dubreuil) a entendu des poissons volants heurter sa coque cette nuit, Éric Bellion (STAND AS ONE) en a remis un à l’eau après qu’il s’est échoué dans le cockpit de son IMOCA. Sam Goodchild et Yoann Richomme ont pris le temps de regarder les matchs de rugby, respectivement de l’Angleterre et du XV de France. Avant de revenir rapidement sur leurs réglages et leur stratégie.
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