« Dans la nuit du 16 juin, le Front Patriotique de Libération (FPL) a mis sa menace à exécution en détruisant un tronçon important du pipeline, en guise de premier avertissement à la junte de Niamey. » : voici ce que l’on peut lire dans le communiqué publié sur internet par le Front patriotique de libération, qui précise également que « Le pétrole ne coulera pas sans justice sociale ».
« La diplomatie sélective et ostracisante qu’a adoptée le Niger ne contribue pas à apaiser les tensions » (Paul Amegakpo)
Ce navigateur ne prend pas en charge l’élément audio.
Le Front Patriotique de Libération, le FPL, menace de paralyser “toutes les installations pétrolières“ du Niger si “légalité constitutionnelle“ n’est pas rétabli au Niger – ce qui implique, selon lui, la libération du président déchu, toujours emprisonné, Mohamed Bazoum.
Paul Amegakpo, président de l’Institut Tamberma pour la gouvernance, rappelle que l’exploitation du pétrole nigérien est mise en péril par la crise diplomatique entre le Bénin et le Niger, mais aussi par les menaces de sabotage de l’oléoduc, comme semble le confirmer cette première attaque.
La ruée vers l’or noir
“La diplomatie sélective et ostracisante du Nigeradoptée depuis le coup d’État de juillet 2023, ne permet pas d’apaiser les tensions et de trouver une solution négociée à la crise autour de l’exploitation pétrolière qui implique toutes les parties prenantes», confie l’expert à Deutsche Welle.
“Cela ne permet pas non plus de mettre en avant les intérêts supérieurs de la nation nigérienne, au lieu de prendre position pour une confrontation géostratégique dans laquelle le Niger perdrait naturellement.», poursuit ce dernier.
Lors de l’inauguration de l’oléoduc d’Agadem fin 2023, le Premier ministre, Ali Mahamane Lamine Zeine, a présenté cette infrastructure comme un pilier d’appui au “souveraineté et développement du pays sur la base d’un partage équitable pour les populations ».
À qui profite le pétrole ?
Difficile cependant de cacher les tensions récentes autour de l’exportation du pétrole nigérien. Dans ce cas, que faire pour apaiser la situation et garantir que cette ressource puisse profiter à l’économie du pays ?
Pour l’analyste géopolitique Boubakar Lalo, l’économie nigérienne a absolument besoin d’exporter son pétrole. « Nous devons prendre cette question très au sérieux. Et nous ne pouvons calmer la situation que par la négociation.»
« La négociation implique qu’il puisse y avoir un contrat social pour le partage des revenus. Que ce contrat soit transparent, qu’il soit équitable et que finalement, de 20 000 tonnes de pétrole on arrive à 110 000 tonnes et que le peuple nigérien jouisse des fruits de cette richesse », ajoute l’analyste.
Ce lundi 17 juin, la justice béninoise a condamné trois ressortissants nigériens à 18 mois de prison. Ils ont été arrêtés avec deux autres personnes la semaine dernière au port de Sèmè-Kpodji.
Ils ont été condamnés pour « usurpation de titres et utilisation de données informatiques falsifiées ». Suite à cette condamnation, le régime militaire nigérien a décidé d’interrompre le transport du pétrole par l’oléoduc.
