« Se précipiter serait une erreur », le long processus de restauration des ouvrages endommagés par les inondations

« Se précipiter serait une erreur », le long processus de restauration des ouvrages endommagés par les inondations
« Se précipiter serait une erreur », le long processus de restauration des ouvrages endommagés par les inondations

Le 31 mai 2016, de graves inondations frappent Montargis, affectant notamment le musée Girodet. 85% des ouvrages ont été endommagés. Aujourd’hui, les longs travaux de restauration se poursuivent. Cela durera encore plusieurs années.

Dans les réserves du musée Girodet – un sous-sol sans fenêtre baigné de lumière jaune – une statuette de Napoléon est enveloppée dans du papier bulle. Des microfissures traversent le visage de l’empereur. Un « geste artistique » involontaire et non désiré. Celle de l’eau sur l’albâtre : « Les deux ensemble ne font pas bon ménage, surtout quand la pierre reste immergée pendant 72 heures »se désole Sébastien Brunner, restaurateur.




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Huit ans après les inondations de 2016 qui ont endommagé 85 % des œuvres du musée Girodet, les restaurations se poursuivent entre Paris, la Touraine et les ateliers du musée.


©France 3 Centre – Val de Loire

Placée dans un carton, la statuette, comme dix autres, retrouvera son atelier en Touraine : “Nous allons nettoyer les surfaces, renforcer la base et restaurer les parties métalliques, mais tout ne sera malheureusement pas récupérable.” Surtout les fissures.

Huit ans après les inondations de 2016, le musée Girodet poursuit une mission sacerdotale : restaurer toutes les œuvres endommagées ce jour-là. Et elles sont nombreuses : au moins 4 000, soit 85 % des collections.

On estime aujourd’hui que 35% d’entre eux ont été restaurés, précise Sidonie Lemeux-Fraitot, directrice du musée. C’est un planning très long, mais on ne peut pas aller plus vite : 25 restaurateurs travaillent chaque jour pour le musée Girodet. Pour un musée de notre taille, c’est presque un maximum. Et puis, restaurer demande aussi beaucoup de réflexion et de prudence. Se précipiter serait une erreur.

La priorité, dès les premiers mois qui ont suivi les inondations : le sauvetage des beaux-arts et des œuvres d’Anne-Louis Girodet, peintre du XVIIIe siècle née à Montargis et qui a donné son nom au musée.

« Un musée inondé est sans précédent en France, poursuit Sidonie Lemeux-Fraitot. La seule référence dont nous disposons est l’inondation de Florence en 1966. Et comme elle est sans précédent, on ne sait pas comment vont réagir les ouvrages. Certains tableaux déjà restaurés nécessitent de nouvelles trouvailles et de nouvelles restaurations.

Dans une salle attenante à la grande galerie, deux restaurateurs regardent un cercueil en bois. Un cercueil égyptien de la 21ème dynastie, vieux de 3000 ans. Equipés de loupes, de pinces et de bâtons de bois enveloppés de coton, ils nettoient chaque centimètre carré du couvercle :

« Nous avons réussi à sauvegarder et à réparer la polychromie, c’est-à-dire le tableauexplique Sophie Joigneau, restauratrice à Tours. Posée sur une couche d’argile, elle se décolle. La difficulté est que le cercueil a déjà subi plusieurs restaurations par le passé, certaines pas toujours respectueuses de l’œuvre. Notre objectif est de lui redonner son aspect d’origine, de montrer le véritable travail des Égyptiens de l’époque.

Coût des restaurations, pour l’instant : 1,4 million d’euros. « Chacun a mis la main à la poche, souligne Christelle Oliveira, vice-présidente chargé de la cultureAgglomération Montargoise, propriétaire du musée. L’État, la Région et nous-mêmes. C’est important, car le musée fait rayonner Montargis.

Un musée qui a dû s’adapter pour continuer à proposer des œuvres aux visiteurs : « On s’écarte de la règle de la planification idéale, poursuit Sidonie Lemeux-Fraitot. La programmation s’adapte aux besoins de restauration. Au lieu d’exiger qu’une pièce soit entièrement suspendue, nous allons quand même l’ouvrir et ajouter des œuvres au fur et à mesure.

Le conservateur estime qu’il faudra encore plusieurs années avant que toutes les œuvres du musée Girodet soient restaurées. « Nous le faisons parce qu’en tant que musée, il est de notre devoir de transmettre le patrimoine artistique aux générations futures ».

 
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