On sait quand la BNS devrait baisser son taux directeur

On sait quand la BNS devrait baisser son taux directeur
On sait quand la BNS devrait baisser son taux directeur

Après la Banque centrale européenne, la Banque nationale suisse va-t-elle également baisser son taux directeur ? Selon plusieurs experts, c’est probablement le cas.

Niklaus Vontobel / ch médias

La semaine dernière, la Banque centrale européenne (BCE) a annoncé une baisse de son taux directeur. C’est la première fois qu’une telle mesure est prise depuis que l’Europe est en proie à une vague d’inflation. Cependant, ce n’est qu’une baisse d’un quart de point de pourcentage, et Christine Lagarde n’a donné aucune indication sur la façon dont cela pourrait continuer.

On ne sait donc pas si l’on va s’en tenir à cette unique baisse des taux d’intérêt – ou si un retournement de tendance à la baisse a commencé et si la BCE va encore abaisser son taux directeur. L’incertitude quant aux conséquences pour la Suisse est grande. La Banque nationale suisse (BNS) prendra une nouvelle décision sur son taux directeur le 20 juin.

Samad Sarferaz, expert du Centre de recherche économique (KOF) de l’ETH Zurich, s’est exprimé sur ces questions dans une publication interne. Selon lui, l’inflation se situe clairement dans la zone cible de la BNS et le KOF ne s’attend pas à une nouvelle hausse de ses prévisions :

“On peut dire que l’inflation est actuellement maîtrisée et ne présente pas de danger immédiat”

Cela plaide en faveur d’une nouvelle réduction des taux d’intérêt. En effet, une telle décision n’est possible que si l’inflation est surmontée. La BNS semble confiante à ce sujet et a donc déjà abaissé son taux directeur pour la première fois en mars, à 1,5%.

Samad Sarferaz dirige le département de recherche Prévisions macroéconomiques et sciences des données au KOF de l’ETH ZurichImage : docteur

L’euro s’est immédiatement renforcé par rapport au franc suisse et s’est temporairement rapproché de la parité. Le lien se confirme donc : si le taux directeur de la BNS est nettement inférieur à celui de la BCE, le franc s’affaiblit et la situation devient dangereuse. Les importations suisses deviennent plus chères et les prix augmentent dans notre pays, ce qui alimente l’inflation.

Mais la récente baisse des taux d’intérêt de la BCE limite ce risque. De plus, l’euro s’était déjà affaibli auparavant, lorsque les marchés ont commencé à parier sur une réduction des taux d’intérêt de la part de la BCE. Maintenant que ce pari a réussi, l’euro s’est encore affaibli et est tombé en dessous de 97 cents.

La probabilité que la BNS baisse à nouveau son taux directeur augmente donc. Car, comme le souligne Samad Sarferaz, expert du KOF :

«La BNS dispose désormais d’une plus grande marge de manœuvre pour une nouvelle baisse du taux directeur»

En d’autres termes, la décision de la BCE a accru les chances que la BNS abaisse à nouveau son taux directeur le 20 juin, le ramenant à 1,25%.

Hausse récente de l’inflation

Cela ne signifie pas pour autant que la BNS utilisera cette plus grande marge de manœuvre. En effet, l’inflation est récemment redevenue plus élevée en Suisse. En mai, l’indice des prix à la consommation était supérieur de 1,4% à celui de l’année précédente. En mars, la dernière fois que la BNS a décidé de baisser ses taux, celle-ci n’était que de 1%. C’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles il existe actuellement une grande incertitude sur les marchés financiers : de nombreux investisseurs ne croient pas à une seconde baisse du taux directeur aura lieu en juin.

Les économistes de la Banque J. Safra Sarasin en sont en revanche convaincus. Dans un communiqué, ils écrivent :

«Nous continuons de nous attendre à ce que la BNS procède à une nouvelle baisse des taux directeurs en juin»

En effet, l’inflation se situe toujours dans la marge de fluctuation de la BNS et ne constitue donc pas un danger. D’un autre côté, le risque est grand que l’économie souffre trop, comme le soulignent les experts. La croissance a été faible ces derniers temps – et elle continuera de l’être selon les principaux indicateurs. Les perspectives pour la Suisse sont donc encore pires que pour la zone euro, qui elle-même n’avance que difficilement.

La Fed pourrait agir trop tard

Aux Etats-Unis, la banque centrale, la Fed, décidera cette semaine de son taux directeur ; mais peu d’observateurs s’attendent à un déclin. Cela ne plaît pas aux experts, qui considèrent depuis longtemps que l’inflation est vaincue. Leurs avertissements sont de plus en plus criants.

Le prix Nobel Paul Krugman, par exemple, a écrit dans le New York Times queil est temps d’arrêter de s’inquiéter obsessionnellement de l’inflation, “ce qui ressemble de plus en plus à un problème d’hier”.

Si l’on considère différentes méthodes de calcul, l’inflation se situerait entre 2 et 3 % et serait donc supérieure à l’objectif officiel, mais pas au point de constituer une préoccupation majeure. D’un autre côté, des signes inquiétants indiquent que des taux d’intérêt élevés pourraient avoir un impact plus important sur l’économie, avec un certain décalage. L’intuition de Paul Krugman est donc la suivante :

“Oui, je pense que la Fed devrait baisser les taux d’intérêt, et bientôt”

Des nouvelles sur l’économie ? Par ici

Traduit et adapté par Tanja Maeder

 
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