L’affaire des pièces d’or et Trump

L’affaire des pièces d’or et Trump
L’affaire des pièces d’or et Trump

Depuis l’Antiquité, l’or est un refuge contre les crises financières. La thésaurisation répond à un réflexe séculaire, à savoir le manque de confiance dans le système financier. Les raisons de cet engouement pour le métal sont nombreuses…

L’or possède des qualités intrinsèques, comme sa inaltérabilité au fil du temps et son volume réduit. De plus, le lingots étant désormais estampillée, les quantités d’or sont standardisées, tant en termes de pureté que de poids.

Un élément caractérise cependant le phénomène récent de palissade. Dans le passé, l’or répondait à la méfiance envers monnaie fiduciaire, c’est-à-dire du papier-monnaie, émis par les États. Aujourd’hui, le repli vers l’or confirme les craintes concernant le monnaie électronique, c’est-à-dire face aux risques bancaires systémiques, et à l’inflation. Les pressions inflationnistes pourraient en effet être provoquées par les liquidités injectées dans le système bancaire et les déficits publics créés par les plans de relance. De ce point de vue, l’or constitue une refuge naturel contre l’érosion monétaire.

Ce fut le cas lors de la crises monétaires majeurescomme celle des assignats français de la Révolution française ou encore celle de l’hyperinflation qui a balayé l’Allemagne entre les deux guerres. Par ailleurs, les systèmes monétaires les plus stables et les plus durables ont été, pendant très longtemps, les monnaies convertibles en or, comme le franc or (ou franc germinal)créé en 1803 et qui a existé jusqu’en 1928. Le système de Bretton Woodsimaginé en 1944, postulait également le convertibilité des principales monnaies en or, jusqu’à son abandon par le président américain Richard Nixon en 1971. En 1976, les accords de Kingston, en Jamaïque, confirment l’abandon du rôle juridique international de l’or.

Mais ce qui est troublant, c’est que tout au long de l’histoire, l’or a été un abri métallique tant pour les épargnants que pour les institutions chargées d’assurer confiance monétaire. En d’autres termes, les États ont parfois eux-mêmes grandement bénéficié de l’étalon-or, au détriment de leurs propres citoyens.

L’histoire de la finance regorge d’illustrations d’États contrefacteurs, c’est pourquoi le privilège de frapper de la monnaie était réservé aux rois. À Athènes, par exemple, la valeur nominale des pièces de monnaie était supérieure à leur coût de production. Le roi de Lydie (territoire situé à l’ouest de la Turquie), Crésus (vers 596-547 av. J.-C.), avait mis en circulation des pièces de monnaie contenant seulement 54 % d’or, et non les 70 % promis.

Plus tard, au Moyen Âge, Philippe IV dit « le Bel » (1268-1314) fut sans doute l’un des escrocs les plus célèbres de la famille capétienne. Traité de contrefacteur par le Pape Boniface VIII, il modifiait les parités monétaires selon ses besoins personnels. Le Roi modifia même la composition des pièces d’argent, remplaçant le métal précieux par milliard (ou argent noir), un mélange d’argent, de cuivre et de plomb. Le Souverain a également dû faire face de graves rébellions qu’il réprima farouchement. Acculé financièrement, Philippe le Bel a obtenu l’accord du pape Clément V déclarer les Templiers hérétiques afin de s’emparer de leurs biens.

Huit siècles plus tard, nous cherchons toujours le Trésor des Templiers. En revanche, toutes les communautés gardent les mêmes réflexes en cas de perte de confiance, se précipitant vers les bornes métalliques lorsque les jalons monétaires deviennent flous. LE injections de liquidités, plans de rétablissement Et déficits budgétaires aura un prix, un jour. C’est sans doute ce qui explique réflexe d’or. Par ailleurs, à l’approche des élections américaines, le risque sur le dollar lié à l’élection plausible de personnalités controversées comme Donald Trump peut être couvert par l’utilisation de l’or. On ne peut exclure que Trump, dont l’objectif répété est de bande la Réserve fédérale de son indépendance, décide si elle est élue, de déprécier fortement le dollar afin de renverser dynamique économique. Cela impliquerait de développer le potentiel d’exportation des Etats-Unis tout en pénalisant les importations américaines, qui s’accompagneront elles-mêmes d’une augmentation significative des droits de douane.

Comment faire un sabordage ce qui s’inscrirait dans ce qui est décrit comme «guerre des devises» ? Comme les dollars américains détenus en dehors des États-Unis ne sont pas des dollars émis par la Réserve fédérale, mais sont échangés entre banques centrales, un dépôt en dollars effectué par un citoyen européen auprès d’une banque européenne est, en réalité, un dépôt en euros échangé par la BCE avec le Réserve fédérale américaine. Si cet accord d’échange est rompu, le dollar s’effondrera ainsi que l’ensemble du système bancaire situé en dehors des États-Unis. Un tel acte équivaudrait à ce que certains appellent un «militarisation» du dollar.

Ce effondrement n’est pas exclu puisque les États-Unis ont orchestré trois coups d’État monétaires depuis la création de la Réserve fédérale, en 1913. La première fut la dévaluation orchestrée par Franklin D. Roosevelt, président des États-Unis d’Amérique. 1933 à 1945. Dans le cadre de sa politique de Nouvelle donne combattre le Grande Dépression, il avait dévalué le dollar par rapport à l’or en 1933-1934. Le deuxième coup d’État monétaire a eu lieu en 1971, lorsque les accords de Bretton Woods ont été abandonnés. La troisième s’est manifestée par la vente massive de prêts immobiliers toxiques à des banques étrangères entre 2005 et 2008jusqu’à krach bancaire de 2008, que nous appelons rétrospectivement «La crise des subprimes». Quels que soient les scénarios futurs, la domination du dollar est intenable. Et l’or restera un actif de référence.

Article rédigé par Bruno Colmant, publié sur Eventail.be. Retrouvez d’autres articles sur l’actualité de la gastronomie, mais aussi celle des élites, du patrimoine, de la mode, de la décoration, de l’art et de la culture et de l’entrepreneuriat sur www.eventail.be

 
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