Le ministère de l’Éducation a reçu plusieurs plaintes depuis la publication du rapport de l’école Bedford en octobre. Les rapports concernent tous “des questions liées au non-respect des obligations en matière de laïcité”, lit-on dans un communiqué publié jeudi matin. Pour répondre, le ministère enverra des auditeurs dans 17 écoles du Québec.
Parmi les informations transmises au ministère de l’Éducation ces dernières semaines, on note des violations liées aux quatre principes de la loi portant laïcité de l’État, à savoir la séparation entre l’État et les religions, la neutralité religieuse de l’État, l’égalité de tous les citoyens, la liberté de conscience et liberté de religion
lit-on dans le communiqué.
A partir d’aujourd’hui et jusqu’au 17 janvier, des audits seront réalisés dans les 17 écoles suivantes :
- CSS de la Capitale – École Sainte-Odile
- CSS de la Capitale – École Cardinal-Roy
- CSS Marguerite-Bourgeoys – École Henri-Beaulieu
- CSS Marie-Victorin – École Saints-Anges
- CSS des Mille-Îles – Scuola Jean-Jacques-Rousseau
- CSS de Montréal – Scuola Saint-Pascal-Baylon
- CSS de Montréal – École Bienville
- CSS de Montréal – École La Voie
- CSS de Montréal – Scuola Saint-Justin
- CSS de Montréal – Scuola Notre-Dame-de-l’Assomption
- CSS de Montréal – École la Dauversière-Évangéline
- Scuola CSS de Laval – Mont-de-La Salle
- École CSS de Laval-Leblanc
- Découvertes CSS – International Education Filter School
- CSS des Draveurs – istituto comprensivo Érablière
- CSS des Rives-du-Saguenay – École de Saint-Isidore
- CSS des Rives-du-Saguenay – Scuola Saint-Denis
Dans le spectacle Tout cela en une matinée jeudi, à l’antenne d’ICI Première, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a déclaré ne pas savoir pas tellement
sur la nature exacte des plaintes dont ces écoles font l’objet parce qu’il y a une distance entre nous et le service d’enquête du ministère
.
Il a toutefois précisé que certaines des plaintes concernaient l’utilisation de symboles religieux et demandes d’accommodement religieux
.
Le rapport de Mathieu Papillon
Les écoles déjà dans le collimateur du gouvernement
Un rapport publié le 11 octobre par le ministère de l’Éducation fait état d’un climat de Peur
Eintimidation
créé par 11 enseignants de l’école primaire Bedford, dans le quartier Côte-des-Neiges à Montréal.
Le ministère accuse notamment ces enseignants de refuser de reconnaître l’existence de troubles d’apprentissage chez certains jeunes et de recourir à des violences physiques et psychologiques à l’encontre des élèves et des membres du personnel. Le rapport a également souligné des lacunes dans l’enseignement de la communication orale, des sciences et technologies, de l’éthique et de la culture religieuse ainsi que de l’éducation sexuelle.
Deux semaines plus tard, Bernard Drainville dit avoir reçu un avis le confirmant à l’école de Bedford la question de la laïcité se pose
et ses principes sont méprisés
.
Le premier ministre François Legault confie alors au ministre Drainville et à son collègue responsable de la laïcité, Jean-François Roberge, le mandat deexaminer quelles mesures pourraient être prises pour renforcer la laïcité au sein de l’école de Bedford et, plus généralement, au sein de l’école québécoise
.
Après l’affaire Bedford, les révélations sur le climat toxique qui règne dans les écoles québécoises se sont multipliées ces dernières semaines.
Trois des 17 établissements figurant sur la liste publiée jeudi par le ministère étaient déjà connus pour faire l’objet de plaintes liées au climat toxique, soit les écoles Saint-Pascal-Baylon, Bienville et La Voie à Montréal. Bernard Drainville avait annoncé que des contrôles seraient effectués dans ces lieux d’enseignement.
Nous ajoutons un mandat pour vérifier la laïcité dans ces trois écoles
M. Drainville l’a indiqué jeudi.
Autres établissements visés par des plaintes
Le ministre Drainville a indiqué avoir informé mercredi les neuf centres de services scolaires concernés, dont les 17 établissements visés par les plaintes, des procédures de vérification qui y seront effectuées.
Lorsque nous avons contacté le Centre de services scolaire de Montréal, nous avons été informés par la direction générale qu’elle aussi avait reçu des plaintes en matière de laïcité, sur des enjeux liés à la laïcité, et cela concernait, du moins pour certains de ces signalements, des écoles qui ne font pas partie du Centre de services scolaire de Montréal. 17
il a soutenu dans une interview à l’émission Une belle matinée.
Ainsi, en plus des 17 qui seront contrôlés pour des raisons laïques, il y en aura d’autres qui seront également contrôlés par le Centre de services scolaire de Montréal.
Marwah Rizqy, porte-parole de l’opposition officielle en matière d’éducation, a proposé d’établir une jurisprudence sur la vérification des plaintes.
Cela permettrait, selon elle, de mieux définir qu’est-ce qu’un acte de prosélytisme et qu’est-ce qui ne l’est pas
. Cela impliquerait notamment une distinction un dérapage injustifiable […] d’une plainte infondée
. Les gens pourraient ainsi avoir une meilleure idée de la situation au Québec
a expliqué le député libéral en entrevue à Radio-Canada.
Par ailleurs, Québec communique, dans le communiqué publié jeudi, avoir envoyé ces derniers jours une lettre à tous les centres de services scolaires pour leur rappeler leurs obligations en matière de laïcité.
Selon Bernard Drainville, les résultats des contrôles du ministère devraient être connus d’ici la mi-janvier.
Il faut s’assurer que les allégations soient confirmées, mais une chose est sûre, le travail que nous faisons en ce moment, c’est-à-dire le travail sur le terrain, nous aidera à remplir le mandat que nous a donné le premier ministre de renforcer la laïcité dans les écoles.
» argumenta-t-il.