Ce n’est qu’une question d’heures. Cinq jeunes, jugés depuis le 7 novembre par la cour d’assises de Gironde, après le meurtre d’un sexagénaire originaire de Floirac, frappé à mort dans une chambre de sa résidence, seront jugés ce vendredi 15 novembre sur leur sort judiciaire.
Le 10 avril 2021, le corps sans vie de Pierre Sourgen est retrouvé, le visage écrasé et ensanglanté. Il est décédé des suites de cette « grave collision faciale ». Seuls les accusés, à peine adolescents à l’époque, savent ce qui s’est réellement passé. Une jeune femme répond aujourd’hui pour non-assistance à personne en danger (lire par ailleurs) et Romain Barros, désigné comme centre, est jugé pour meurtre.
Un cours de droit
“La question de ce processus, c’est la qualification juridique”, pose Me Laury Costes, une des avocates de Vincent Lehman. Un homicide ? C’est la thèse du procureur général qui veut juger les quatre comme complices car il ne peut établir quel coup de pied, dans l’avalanche reçue, a été mortel. Complicité de meurtre ? C’est la raison de la révocation du juge d’instruction. Des coups de feu qui provoquent la mort sans intention de la provoquer ? Des violences volontaires ? C’était l’évaluation du Bureau du Procureur.
” Pousser un homme vers le bas pour obtenir de la testostérone et prouver que vous êtes un homme bon est odieux. “
Proposant aux jurés un cours intensif de droit, Me Costes opte pour la violence intentionnelle. Il refuse de « mettre tout le monde dans le même panier ». Car si on ne sait pas qui a fait quoi, on sait qui a causé la mort : c’est le coup dévastateur de Romain Barros.”
Les faits le rejettent. « Pousser un homme vers le bas pour obtenir un peu de testostérone et prouver que vous êtes un homme bon est odieux. » Il souhaite que son client, la tête baissée et les mains jointes en prière tout au long de l’audience, soit condamné. Mais pas en tant que co-auteur. “La croyance doit être un moyen de changer”, ajoute M.e Maeva Bosh qui souhaite que le tribunal tienne compte des efforts déployés par leur client après sa sortie de détention provisoire.
Me Alexandre Novion n’est pas là pour “tromper” les jurés. « Juger, c’est bien connaître les protagonistes », rappelle-t-il. L’avocat défend Bilal Hamdan. « Il avait 18 ans au moment de l’accident. Romain Barros, celui qui a rejoint son groupe d’amis, avait 21 ans. Cela représente un temps considérable. Comme le disait Romain Gary, il ne savait pas comment tenir le monde à distance. Il a été formé. »
Effet de groupe
Me Géraldine Rodriguez, qui défend Rayan Daliaoui, l’auteur d’un effleurement ayant fait tomber la victime au sol, assure que son client a été “accablé par la folie homicide de Romain Barros”. « Il a un caractère peu affirmé, il rejoint le groupe sans vraiment le vouloir. La brosse n’était pas la cause du décès. »
“Il est facile de rejeter toute la faute sur lui parce qu’il a une histoire et qu’il est impulsif.”
Me Julie Elduayen ironise. Il défend sans filtre Romain Barros, “le monstre, celui qui a entraîné dans sa folie meurtrière des jeunes qui n’avaient d’autre choix que de rester et de participer, donnant un coup de pied par ci, un piétinement par là, sinon il se serait retourné”. sa colère contre eux. La peur que ça inspire n’existe pas, c’est un groupe d’amis qui viennent occuper un lieu.”
L’avocat, qui juge l’enquête dirigée contre son client, dispose d’une fouille pour chaque coaccusé. Ils ont poussé son client vers le bas pour qu’il les entraîne avec lui. Me Rémy Guillot, également avocat de Romain Barros, déplore que « le spectre » de son client « plane sur le dossier.
« Il est facile de lui rejeter toute la faute car il a une histoire et est impulsif. C’est un pour tous et tous contre un. » Il a fallu trente ans contre Romain Barros. L’avocat propose un voyage dans le temps jusqu’à la salle d’audience. « Imaginez tous les événements que vous avez vécus au cours des trente dernières années et que vous effacerez de sa vie. Trente ans, même si c’était l’espérance de vie de la victime, équivaudrait à la loi du Talion. Ce n’est pas de la justice. »
« La peur va plus vite que la conscience »
Elle s’en veut, aurait dû, ne pouvait pas, ne savait pas. Les non-dits, la posture effacée du public, au-delà de la tête pénitente, parlent plus que le timide filet de sa voix. Jugée pour ne pas avoir porté secours à une personne en danger, la jeune fille du gang se sent responsable. “Cela ne veut pas dire qu’il est coupable des faits qui lui sont reprochés”, précise son avocat, M.e Benedetta Impériale. « Elle ne s’est pas volontairement abstenue de porter assistance », assure l’avocat. « Elle est revenue pour que Romain Barros n’achève pas la victime, elle a essayé de le tirer par la chemise. » Mais elle n’était pas à la hauteur. « Elle avait peur et la peur se déplace plus vite que la conscience. » Chassé de la maison après les événements, elle se relève, avance, passe le concours de la fonction publique. « Mais si elle est reconnue coupable, tous ses efforts seront vains. Fini. »