L’OGBL critique l’absence d’un cadre juridique et d’un interlocuteur indépendant pour protéger les fonctionnaires et employés de l’État contre le harcèlement au travail. La situation serait « dramatique ».
Les récentes tensions au lycée de Mamer ne feraient que confirmer la « situation précaire » dans laquelle se trouvent les concernés, l’administration et le ministère de tutelle en cas d’accusations de harcèlement moral.
Le syndicat de l’éducation et des sciences (SEW/OGBL) et le syndicat de la fonction publique OGBL/Landesverband ont pris des mesures hier pour dénoncer l’absence d’un cadre juridique clair pour protéger les fonctionnaires et les employés de l’État dans de tels cas. de chiffre.
«Beaucoup d’entre eux se sentent impuissants et abandonnés à leur sort. Les personnes concernées ont peur de se manifester et de demander de l’aide. Ils craignent en effet d’être encore plus ciblés par leurs supérieurs et préfèrent ne rien faire.», déplore Joëlle Damé, la présidente de SEW/OGBL.
Jusqu’en 2014, la fonction publique disposait d’une commission spéciale sur le harcèlement. Elle s’est toutefois révélée contraire au principe d’égalité de traitement, ancré dans la Constitution. En effet, les employés municipaux ne pouvaient pas contacter cette commission.
Au lieu d’étendre les pouvoirs de cette commission, le gouvernement a attendu 2017 pour déposer un projet de loi visant à créer un Centre de sécurité, de santé et de qualité de vie au travail dans la fonction publique.
Une avancée, car le texte prévoyait le recrutement d’agents enquêteurs. « Mais contre toute attente, le projet de loi a été retiré en juillet de cette année. Nous sommes donc dans un vide juridique depuis maintenant dix ans», critique Joëlle Damé. Une autre préoccupation majeure serait l’absence d’une définition claire du harcèlement incluse dans le code de la fonction publique.
Cette situation est qualifiée de « dramatique », d’autant que les cas de harcèlement moral sont fréquents dans la fonction publique. La Chambre des salariés (CSL) estime que 18% des personnes concernées travaillent dans le secteur public.
« Nous avons régulièrement affaire à des membres qui se sentent sous pression ou harcelés. Ils souffrent de tourments, d’anxiété, de maux de ventre, de troubles du sommeil ou encore de palpitations cardiaques. Ils nous rapportent qu’ils ont été méprisés, réprimandés, menacés, blâmés et critiqués », énumère le président du SEW/OGBL.
Le Gouvernement et la Chambre appelés à agir
Le Gouvernement et la Chambre des députés sont appelés à agir sans trop tarder. Car, selon le camp syndical, les cas de harcèlement risquent aussi de se multiplier dans les administrations locales.
« Les missions qui incombent aux municipalités ne cessent de croître. La pression s’accentue sur les salariés, mais aussi sur les bourgmestres et les échevins. Ce sont surtout les plus petites communes qui risquent de manquer des moyens nécessaires pour bien gérer les choses », prévient Alain Rolling, secrétaire central du syndicat Service public/Landesverband.
« Si l’État, en tant que patron, ne prend pas au sérieux le harcèlement au travail et ne met pas en place un cadre juridique adéquat, il se retrouvera dans le déni », ajoute Joëlle Damé. La revendication syndicale est claire : mettre en place un point de contact indépendant avec l’intervention d’enquêteurs chargés de mener une enquête sur les harceleurs présumés.
En attendant, les deux entités de l’OGBL ont décidé d’augmenter la pression en lançant une large campagne de sensibilisation, sous le slogan « Brisons le silence ! ».
Des publications sur les réseaux sociaux, des affiches, la distribution de supports d’information ainsi que des formations sont prévus afin de sensibiliser les personnes concernées et celles qui sont témoins de situations de harcèlement.
Parallèlement, une enquête sur le bien-être des enseignants et le harcèlement scolaire sera lancée par SEW/OGBL.
“Vous n’êtes pas seuls”, assure le service public
« La fonction publique en tant qu’employeur veille à ce que ses agents soient protégés contre toute forme de harcèlement moral et sexuel dans les relations de travail », peut-on lire dans une brochure publiée par le Service psychosocial de la fonction publique.
Plus concrètement, chaque agent du service public étatique et municipal a le « droit de demander une protection contre tout acte de harcèlement ». Une procédure de protection peut être lancée en contactant le service psychosocial de manière confidentielle.
L’OGBL déplore que ce service se limite à l’accompagnement psychologique des victimes sans avoir la compétence pour mener une enquête ou juger le cas de harcèlement signalé.