Depuis un an et demi, la commune d’Esch-sur-Alzette du CSV-DP-Déi Gréng tente de vendre 36 maisons en location longue durée dans le quartier de Nonnewisen comme logements abordables. Avec un succès mitigé. Seules six maisons du projet appelé 7N ont été vendues jusqu’à présent, ce qui a incité le parti d’opposition Déi Lénk à critiquer la majorité politique dans un communiqué de presse lundi et plus tôt lors d’une action de protestation sur place.
IL mot luxembourgeois s’est entretenu avec le porte-parole du groupe parlementaire Déi Lénk, Marc Baum, ainsi qu’avec le bourgmestre Christian Weis (CSV), pour situer les critiques et les réactions.
Marc Baum
Conseiller communal chez Déi Lénk
Près de mot luxembourgeoisMarc Baum n’a pas de propos aussi durs que dans le communiqué de son parti. On parlait encore de « l’état lamentable du quartier de Nonnewisen » et de la « politique de logement inefficace » de la municipalité. “Le principal problème, c’est le prix”, dit-il. « Les logements sont certes proposés à des prix abordables, mais ceux qui remplissent les conditions requises remplissent rarement les conditions fixées par les banques pour obtenir un crédit », précise Marc Baum.
Le maire Christian Weis approuve cette évaluation, mais pas la conclusion de Marc Baum. Ce dernier demande à la ville de reconsidérer les conditions de vente. Le maire souligne cependant que ce n’est pas la ville, mais l’Etat qui fixe les conditions. Ce n’est que dans la limite d’un certain pourcentage du nombre de logements que la ville peut modifier l’usage des bâtiments sans violer les conditions imposées par l’État et perdre ainsi les subventions de l’État.
“Nous sommes dans une crise immobilière”
Lorsqu’on lui demande une solution au problème, Marc Baum répond : « Le problème dans le quartier de Nonnewisen est qu’on a trop mis l’accent sur la propriété des appartements et non sur les rendements locatifs. » Il propose donc que la ville construise au moins certaines des maisons achevées, à l’exception des salles de bains et des cuisines, entièrement prêtes à être habitées. Autrement dit, il s’agirait d’équiper le logement d’une cuisine et d’une salle de bain de temps en temps pour pouvoir ensuite le louer. Selon Marc Baum, le modèle actuel de location longue durée décourage de nombreuses personnes qui souhaitent acheter non seulement pour elles-mêmes, mais aussi pour leurs héritiers.
Bien que la ville ait jusqu’à présent lancé à plusieurs reprises des appels en faveur de la promotion du logement, le groupe cible qui remplit les conditions d’un logement habitable et dispose en même temps d’un capital suffisant pour pouvoir se permettre un tel logement est tout simplement trop restreint. “Nous sommes en pleine crise immobilière et cela n’a pas de sens que 30 personnes soient intéressées”, conclut Marc Baum.
Cristiano Weis
Maire de la commune d’Esch-sur-Alzette (CSV)
Le maire Christian Weis estime cependant que les critiques et la présentation de Marc Baum ne vont pas très loin. « Si l’on considère quelle était la situation au moment de la décision politique de construire les 36 logements, il faut dire que nos conditions de vente sont plus qu’équitables ». À l’époque, la situation était différente et obtenir un crédit encore plus simple. Les conditions convenues avec l’État stipulent que 60 % des appartements doivent être vendus comme « logements abordables ».
Une modification des prix de vente en « vente abordable » équivaudrait à une opération déficitaire. “Même si nous le voulions, il faudrait d’abord vérifier si nous avons le droit de le faire en tant que ville”, a expliqué le maire.
La critique de Déi Lénk est d’autant plus étrange que se tiennent régulièrement des réunions de la Commission des présidents, au cours desquelles tous les porte-parole des groupes politiques sont représentés et où ces accommodements sont également discutés. Au cours de ces réunions, les différents modèles ont été discutés. Outre la « vente pratique », il existe de nombreuses autres possibilités, comme la « vente à moindre coût » ou la location-vente. Christian Weis considère ce dernier modèle comme très intéressant, mais il existe malheureusement quelques incertitudes juridiques à ce sujet. “Mais en principe, nous sommes prêts à discuter de toutes les possibilités au sein de la Commission des présidents.”
« Le problème n’est pas le manque d’attractivité du quartier »
“La prochaine réunion de la Commission aura lieu en janvier, M. Baum se fera un plaisir de présenter sa proposition”, déclare Christian Weis. Mais la porte est ouverte, car le prochain projet budgétaire prévoit déjà un certain budget pour équiper certaines maisons de cuisines et de salles de bains.
Mais cela ne serait possible que pour quelques maisons, pour les raisons déjà évoquées. De plus, de tels travaux seraient coûteux dans le cadre des marchés publics nécessaires à cet effet. Christian Weis attend entre 70 000 et 100 000 euros par maison.
Christian Weis réfute également l’accusation sous-jacente selon laquelle la ville n’a pas fait assez pour mettre les maisons en vente. « En un an et demi, nous avons participé à des foires, organisé des journées portes ouvertes et conclu un partenariat commercial avec le Fonds du logement. »
Interrogé sur son évaluation de la situation du quartier de Nonnewisen, Marc Baum avait déjà estimé qu’en tant que ville, nous devons être plus proactifs si nous voulons vraiment rendre attractif ce « quartier social ». Selon lui, il est certes louable qu’un espace commercial ait été récemment transformé en maison de réunion, mais en général il y a un manque d’activités commerciales locales. «Peut-être pourrions-nous, Transition Minett, installer quelque chose comme une mesa à Nonnewisen», suggère-t-il en faisant référence à la Transition House. Du moins jusqu’à ce que le quartier bouge suffisamment pour intéresser d’autres commerçants.
Christian Weis explique à ce propos que dans l’aménagement du quartier des coalitions précédentes, les contrats de location ont toujours été exclus. Les nouvelles coalitions du CSV, Déi Gréng et du DP ont rompu avec ce dogme. Le problème ne serait même pas dû au manque d’attractivité du quartier, car un autre projet urbain à Nonnewisen, le projet 6N avec 19 logements locatifs et 26 triplex, n’aurait pas les problèmes de vente du projet 7N.
Cet article a été initialement publié sur le site Internet de mot luxembourgeois.
Adattamento: Mélodie Mouzon