Pourquoi le résultat des élections législatives ne sera pas forcément le même que celui des élections européennes

Pourquoi le résultat des élections législatives ne sera pas forcément le même que celui des élections européennes
Pourquoi le résultat des élections législatives ne sera pas forcément le même que celui des élections européennes

Un vote en entraîne un autre. A l’issue des élections européennes du dimanche 9 juin 2024, Emmanuel Macron a décidé de dissoudre l’Assemblée nationale et de convoquer des élections législatives anticipées qui auront lieu les dimanches 30 juin et 7 juillet. Avec ce scrutin, le chef de l’Etat espère mobiliser pour obtenir une majorité à l’Assemblée mais prend également un risque au vu des résultats des élections européennes.

Lors de ce scrutin, la liste RN conduite par Jordan Bardella est arrivée très loin en tête (31,37%) avec un score presque deux fois supérieur à celui de la liste de la majorité présidentielle incarnée par Valérie Hayer (14,60). %) ou celui de Raphaël Glucksmann du PS-Place publique (13,83 %) (Retrouvez les résultats complets ici).

« Il ne faut pas comparer complètement les résultats des élections européennes à ceux des législatives »prévient cependant la politologue Virginie Martin. « Ce sont deux scrutins différents et il faudra voir aussi le jeu des alliances »continue-t-elle.

Jamais le même vainqueur depuis 1999

Depuis l’instauration du quinquennat avec le référendum de 2000, les élections européennes ont toujours eu lieu trois ans avant les élections législatives. Fait notable depuis 1999, le parti arrivé en tête aux élections européennes n’a jamais été celui qui a remporté les élections législatives trois ans plus tard.

Le constat est particulièrement frappant en 1999, lorsque la liste des socialistes alors au pouvoir devance de neuf points celle de la droite ; la nouvelle UMP de Jacques Chirac l’a finalement emporté en 2002. C’est également le cas en 2004 où les socialistes avaient cette fois-ci une avance de douze points avant d’être battus par l’UMP de Nicolas Sarkozy en 2007. Et en 2009 où la droite devançait les socialistes de onze points, ce qui n’a pas empêché le PS de François Hollande de remporter les législatives de 2012.

On peut certainement expliquer cette situation par l’écart de temps important entre les deux votes, période pendant laquelle la situation politique peut évoluer de manière significative. Ce ne sera pas le cas pour ces élections législatives puisque le délai entre les deux élections n’est que de trois semaines. Il est difficile de savoir si l’opinion peut changer en si peu de temps, mais des dynamiques peuvent toujours surgir durant cette période.

Différentes méthodes de vote

Cependant, d’autres éléments influencent les scores. D’une part, le mode de vote est très différent. Les élections européennes sont un scrutin de liste proportionnelle à un tour. Concrètement, les 81 sièges de députés français au Parlement européen sont répartis en fonction des résultats des listes qui dépassent la barre des 5% au niveau national. Avec 31,37% des voix, le RN obtient 30 sièges.

Au contraire, les élections législatives sont un scrutin majoritaire à deux tours. Le territoire français est divisé en 577 circonscriptions avec une élection pour chacune d’elles. Pour être député au premier tour, un candidat doit obtenir au moins 50 % des suffrages exprimés et 25 % des suffrages parmi l’ensemble des inscrits. Si aucun des candidats n’obtient aucun résultat, les candidats ayant recueilli au moins 12,5 % des voix du nombre d’électeurs inscrits se réunissent pour un second tour au cours duquel est élu le candidat arrivé en tête. En fait, ce mode de vote définit des stratégies partisanes avant même le premier tour, avec la volonté de s’unir pour assurer la qualification au second tour. Tout en comptant sur des réserves de voix entre les deux tours pour espérer l’emporter ensuite.

Traditionnellement, le mode de scrutin majoritaire est défavorable au RN. Dans les années 1980, la classe politique a construit une sorte de « cordon humain » autour du Front national en raison des propos racistes et antisémites de son fondateur Jean-Marie Le Pen. En conséquence, le parti d’extrême droite s’est retrouvé isolé sur la scène politique française, incapable de nouer des alliances. Le meilleur exemple est l’année 2002, quelques semaines après le second tour de Jean-Marie Le Pen à l’élection présidentielle, son parti n’a remporté aucun élu aux législatives.

Les choses ont évolué depuis. Marine Le Pen reprend le parti, change de nom et développe une stratégie de diabolisation. Le RN est devenu moins incontournable, aux yeux de certains, mais les élections législatives sont toujours un scrutin plus compliqué que les autres pour le RN. Alors que la liste conduite par Jordan Bardella était arrivée première dans 322 circonscriptions aux élections européennes de 2019, elle n’était que dans 110 au premier tour des législatives de 2022 (faites glisser le slide ci-dessous pour comparer).

Un score en baisse qui s’explique notamment par l’alliance des forces de gauche sous les couleurs du Nupes en 2022 alors que La France insoumise, les écologistes, le PS et les communistes se présentaient en ordre dispersé aux élections européennes de 2019. alliance que l’on devrait retrouver sous les couleurs du « Nouveau Front populaire » pour les élections législatives de 2024 alors que les partis de gauche avaient encore choisi des listes séparées pour les élections européennes du 9 juin.

Longtemps le RN a eu du mal à lutter contre les alliances au premier tour des élections législatives et, en cas d’accession au second tour, a dû ensuite faire face à une forme de « barrage républicain » en cas de duel. La situation avait déjà évolué en 2022 avec l’obtention de 89 députés. Ces derniers jours, Jordan Bardella et Marine Le Pen multiplient les contacts avec Reconquête et Les Républicains. Si les négociations avec les premiers ont échoué, le président de LR Éric Ciotti a dit souhaiter un accord avec les LR pour ces législatives. Une position qui lui a valu d’être contesté par la quasi-totalité des cadres de son parti mais qui illustre un changement des mentalités.

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Quelle participation ?

Le dernier point à prendre en compte pour différencier ces élections est le taux de participation. Ce n’est pas nécessairement la même chose pour les deux élections. Pendant longtemps, la participation a été bien plus élevée lors des élections législatives que lors des élections européennes. Ces dernières années, avec l’alignement du calendrier législatif sur le mandat présidentiel, les élections législatives ont perdu de leur intérêt, devenant souvent une simple confirmation de l’élection présidentielle. En conséquence, les électeurs s’en sont largement détournés. A l’inverse, les élections européennes ont connu une participation plutôt stable, voire en légère hausse ces dernières années.

Quelle sera la participation aux prochaines élections législatives ? Il est difficile de répondre. D’une part, la soudaineté des élections et leur date, au début des vacances d’été, peuvent jouer contre la participation. Mais d’un autre côté, le caractère exceptionnel de ce scrutin qui, contrairement aux dernières législatives, ne fait pas suite à une élection présidentielle, peut inciter les Français à se rendre aux urnes plus nombreux que lors des élections européennes et ainsi donner un ton différent. au vote.

 
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