Crise chez LR. Investitures, salariés, communication… 5 questions sur la gestion actuelle du parti

Crise chez LR. Investitures, salariés, communication… 5 questions sur la gestion actuelle du parti
Crise chez LR. Investitures, salariés, communication… 5 questions sur la gestion actuelle du parti

D’une part, la décision est jugée « très clair et unanime ». En revanche, on considère “sans valeur juridique”. Mercredi 12 juin 2024, Éric Ciotti, président de LR, a été démis de ses fonctions par le bureau politique du parti, qui a sanctionné son souhait de s’allier avec le Rassemblement national pour les élections législatives.

Annie Genevard, la secrétaire générale du parti, a insisté sur la légitimité de la décision, prise après qu’Eric Ciotti ait fermé les portes du siège du parti. Le président déchu a annoncé vouloir lancer un « recours légal » . Un imbroglio qui, finalement, pose plusieurs questions sur la légitimité de chacun au sein de l’appareil républicain. Ouest de la France répond à cinq d’entre eux.

Suivez notre direct de ce jeudi 13 juin consacré aux élections législatives

1. La décision d’évincer Eric Ciotti est-elle légitime ?

Les statuts du parti ne prévoient pas concrètement l’hypothèse de l’exclusion de son président. Ils permettent cependant de détailler certains éléments du processus qui pourrait conduire à son exclusion.

Premièrement, les statuts de LR prévoient que la convocation du Bureau politique du parti sans l’accord de son président est possible. « Le Bureau Politique se réunit sur convocation du Président du Mouvement, qui fixe son ordre du jour, ou à l’initiative d’un quart des membres du Conseil National », précise le document. Sur ce point, la ligne anti-alliance avec le RN devra donc prouver que ce quorum est atteint. C’est, a prioric’est pourquoi un nouveau bureau politique a été convoqué ce jeudi, la première réunion de l’instance n’ayant visiblement pas permis de le faire.

Prouver que ce quorum est atteint est d’autant plus important que, au fond, l’instance est pleinement habilitée à sanctionner Éric Ciotti. « Le Bureau Politique exerce le pouvoir de sanction statutaire à l’égard des membres du Mouvement titulaires d’un mandat électif et des membres exerçant une fonction gouvernementale », c’est écrit dans les statuts du parti. Techniquement, Eric Ciotti étant député, il peut donc être sanctionné et exclu par le bureau politique.

Cependant, le règlement intérieur du parti indique que « les sanctions contre les membres sont prononcées à la suite d’une procédure contradictoire ». Cette procédure a-t-elle été suivie ? Les prochaines heures répondront probablement à cette question.

Lire aussi : Huis clos, salariés exfiltrés, Ciotti exclus… Le récit d’un séisme politique à droite

2. Au final, qui dirige le parti ?

La réponse dépend en grande partie de la légalité ou non de l’éviction d’Eric Ciotti. Tant qu’il n’est pas validé, a priori, rien n’empêche Éric Ciotti de continuer à exercer ses fonctions. Symboliquement, le député des Alpes-Maritimes s’est rendu ce jeudi matin à son bureau présidentiel. Ce qu’il n’a pas hésité à montrer, dans une vidéo publiée sur son compte X.

Mais si le bureau politique qui se réunira dans les prochaines heures parvient, comme cela semble probable, à rassembler les signatures d’un quart des membres du conseil national, Éric Ciotti pourrait bien être exclu du parti. Dans un tel cas (celui d’un « vacance présidentielle »), c’est le vice-président adjoint du parti qui le dirige. En l’occurrence, François-Xavier Bellamy. Annie Genevard, secrétaire générale du parti, devrait conserver un rôle important dans sa gestion opérationnelle et quotidienne.

Certains élus réfléchissent également à ce que rappelle le constitutionnaliste Thibaut Mulier comme l’hypothèse d’une “l’empêchement du président”. “C’est une situation qui n’est pas définie très clairement mais qui recoupe largement l’idée que le président se trouve dans une incapacité temporaire ou permanente d’exercer sa fonction.” Selon certaines sources, Eric Ciotti semble être empêché d’accéder à ses mails ou aux réseaux sociaux du parti. Dans une interprétation maximaliste des statuts, cela pourrait être considéré comme un vecteur d’entraves. Thibaud Mulier ajoute que le fait de voir la quasi-totalité du Conseil national s’opposer à ces décisions pourrait aussi être considéré comme un motif d’empêchement.

S’il était reconnu, cet obstacle aurait les mêmes conséquences que la reconnaissance d’un poste vacant à la présidence.

3. Qui désignera les candidats aux prochaines élections législatives ?

À première vue, la question de la gouvernance chez LR semble d’autant plus stratégique qu’elle intervient au moment où le parti doit désigner ses candidats pour les prochaines élections législatives.

Mais, en réalité, sur ce point, il semble que l’affaire Ciotti ait peu d’impact. « Une Commission Nationale des Nominations est désignée, dans le respect du principe de parité, avant chaque élection locale ou nationale, par le Conseil National, sur proposition du Bureau Politique. », indiquent ainsi les statuts de LR. Si le président du parti est bien membre de ces deux entités, sa présence est contrebalancée par celle de nombreux autres exécutifs nationaux, quasi unanimement opposés à la ligne Ciotti.

Par ailleurs, les décisions de cette commission d’investiture, présidée par la députée Michèle Tabarot, «sont soumis à l’approbation du Conseil national». L’approbation des noms des candidats est donc collégiale, et dépend très peu du président du parti. En effet, s’agissant des élections législatives de 2024, Éric Ciotti a été exclu, tout comme l’une de ses plus ferventes sympathisantes, Christelle d’Intorni.

Michèle Tabarot (à gauche) aux côtés d’Annie Genevard, au siège des Républicains à Paris, le 12 juin 2024. | TERESA SUAREZ / EPA/MAXPPP
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Michèle Tabarot (à gauche) aux côtés d’Annie Genevard, au siège des Républicains à Paris, le 12 juin 2024. | TERESA SUAREZ / EPA/MAXPPP

4. Que doivent faire les employés du parti ?

Et les permanents du parti, ces salariés qui dirigent la petite entreprise qui est, en fin de compte, un parti politique ? À qui devraient-ils prêter allégeance ? Au président élu par les militants ou à ceux qui assurent l’intérim ? Là encore, la décision quant à la légalité de l’exclusion d’Eric Ciotti tranchera la question. Mais en attendant ? Que devraient-ils faire?

Ni les statuts ni le règlement intérieur du parti ne mentionnent spécifiquement la conduite que doivent adopter les responsables du parti dans un tel cas. Toutefois, l’article 25 des statuts indique que « le Président du Mouvement préside les autorités nationales et veille à l’exécution de leurs décisions ». Cette dernière précision peut laisser penser que les salariés, chargés de réaliser certaines de ces tâches, sont donc placés sous l’autorité du président du parti. Cela expliquerait notamment pourquoi certains d’entre eux ont fait fermer le siège du parti mercredi. « Le président a décidé de fermer les portes du siège aujourd’hui à 12 heures. Tout le monde doit donc quitter le bureau et continuer le télétravail »a été écrit dans un e-mail envoyé aux salariés mercredi.

Cependant, les statuts indiquent également que « le Secrétaire Général dirige la vie quotidienne du Mouvement et veille à son organisation et à son fonctionnement. » Une précision qui peut impliquer qu’Annie Genevard conserve un rôle important vis-à-vis des salariés et des structures du parti. Symboliquement, c’est elle qui a rouvert le siège du parti, fermé par Éric Ciotti. Cela expliquerait également que, comme indiqué Le Parisien certains salariés ont pu empêcher Éric Ciotti d’accéder à ses emails.

5. Qui contrôle le dispositif de communication de LR ?

L’épisode a fait sourire la toile. Mercredi, alors que les cadres du parti se battaient sur la place publique, le compte de LR sur le réseau social X a semblé changer de mains à plusieurs reprises, passant de ceux des pro-Ciotti à ceux des autres cadres du parti.

Cette escarmouche peut paraître anecdotique mais elle soulève une question qui l’est moins : dans une telle situation de tension, et alors que leur rôle est très important lors de la campagne électorale, quelle ligne doivent suivre les communicants du parti ? Les documents fondateurs ne disent rien de précis sur ce scénario. On peut donc envisager que leur attitude soit guidée par les mêmes règles que celles de tous les salariés.

 
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