les trois écueils que le « nouveau front populaire » doit surmonter

les trois écueils que le « nouveau front populaire » doit surmonter
les trois écueils que le « nouveau front populaire » doit surmonter

Rassembler d’urgence de l’extrême gauche au centre gauche. C’est le pari du « nouveau Front populaire », dont le principe a été adopté par les principales forces de gauche au lendemain des élections européennes et de la dissolution de l’Assemblée nationale. Plusieurs blocages doivent toutefois être surmontés afin de parvenir à un accord avant la clôture des candidatures, dimanche 16 juin.

► Quel programme ?

C’est la première difficulté d’un syndicat de gauche : écrire un programme commun. Aux élections législatives de 2022, tout en évoquant des points de désaccord, celui de Nupes a été largement influencé par La France insoumise en raison du rapport de force favorable issu de la présidentielle. Mais les élections européennes ont changé la donne, avec le bon score de Raphaël Glucksmann.

Il sera cependant difficile de réaliser un programme qui aille de la Place publique de Raphaël Glucksmann au Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) d’Olivier Besancenot et Philippe Poutou, qui ont cette fois rejoint le « nouveau front de gauche ». Outre l’économie, la politique internationale – notamment l’aide à l’Ukraine face à la Russie et au conflit israélo-palestinien – ainsi que le nucléaire constituent les principales pierres d’achoppement.

Du côté de LFI, nous pensons que le « nouveau front populaire » doit « fermez la page des dénégations des mesures du programme de gouvernement partagé du Nupes et de l’ambiguïté de certains composants ». Dans le viseur : le PS et Place publique d’Olivier Faure, accusés de vouloir renouer avec l’orientation social-libérale des présidences de François Mitterrand et François Hollande.

Reste une hypothèse : que le seul projet soit de “sauver la République” face à l’extrême droite, comme l’explique Guillaume Lacroix, le président du Parti radical de gauche (0,26% aux élections européennes). Au-delà de la gauche, le PRG envisage même immédiatement d’apporter son soutien “à tous les candidats Les Républicains en mesure de l’emporter face au RN”.

► Quel Premier ministre en cas de concubinage ?

La question de la cohabitation posée par le Premier ministre en cas de victoire de la gauche est prématurée, mais elle est déjà au cœur des débats. “Je m’en sens capable”a déclaré Jean-Luc Mélenchon mercredi soir, sur France 2. En 2022, la stratégie « Jean-Luc Mélenchon, Premier ministre » lui avait permis de maintenir la mobilisation à gauche, alors que les électorats des perdants de l’élection présidentielle ont généralement tendance à se démobiliser aux législatives.

Le refus des mélenchonistes de qualifier le Hamas d’organisation terroriste après les massacres du 7 octobre 2023 a cependant accentué le fossé entre deux gauches déjà économiquement inconciliables. « En aucun cas Jean-Luc Mélenchon ne sera premier ministre », tranche Carole Delga, présidente PS du conseil régional d’Occitanie. Sur la même ligne de gauche modérée, Raphaël Glucksmann a avancé un autre nom : l’ancien secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger. L’intéressé n’a pas réagi.

Mais Jean-Luc Mélenchon n’est pas le seul à s’être positionné à gauche pour Matignon. “Je m’en sens capable aussi”, a repris François Ruffin, jeudi matin, sur France Bleu Picardie. François Ruffin est membre du groupe La France insoumise à l’Assemblée nationale depuis 2017 mais incarne une stratégie différente de celle de Jean-Luc Mélenchon : plus sociale que sociétale, plus tournée vers l’électorat populaire rural et périurbain que vers celui-ci. des banlieues des métropoles, refusant la tactique du « bruit et de la fureur » de Jean-Luc Mélenchon. Mais fondamentalement, il défend la même orientation antilibérale, qui romprait avec l’héritage de la gauche au pouvoir, de François Mitterrand après le « tournant de rigueur » de 1983 à François Hollande.

► Quel découpage des circonscriptions ?

Le partage des circonscriptions est toujours une question délicate entre les partenaires d’une alliance électorale. Comme pour le programme, la nouvelle situation des élections européennes ne permet pas de transposer celle des législatives de 2022. Toujours en cours, les négociations avancent vers une stabilité pour les écologistes et le PCF, avec un minimum de 50 circonscriptions en afin de maintenir un financement public autonome (au moins 50 candidats obtenant plus de 1% des suffrages exprimés).

La France Insoumise et ses alliés au sein de l’Union populaire disposeraient d’une centaine de circonscriptions en moins, qui reviendraient au PS. Le parti de Raphaël Glucksmann, Place publique, qui n’avait présenté que huit candidats aux législatives de 2022, serait sur le quotient socialiste.

Mais les chiffres ne disent pas tout. Hormis quelques cas particuliers – comme Adrien Quatennens (LFI) condamné pour violences conjugales – les sortants devraient typiquement être réinvestis : les 74 LFI ou Union populaire, 31 PS et apparentés, 22 PCF et alliés d’outre-mer, 21 du groupe Écologistes.

Reste à identifier et à répartir les circonscriptions considérées comme gagnables. C’est sur ce point que les négociations sont devenues les plus tendues jeudi 13 juin, quasiment au point de rupture. Pour reprendre le titre d’un livre publié lors du programme commun de gouvernement de la gauche dans les années 1970 : « l’unité est un combat ».

 
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