Mardi soir, Colas Gilles sera devant sa télé pour regarder la rencontre la plus prestigieuse de l’histoire du Stade Brestois. Sauf que le cœur de ce Brestois, contrairement à ses homologues, ne penchera pas exclusivement vers la troupe d’Eric Roy. « Honnêtement, j’espère un bon match avec des buts. Ce sera vraiment le seul match où je ne soutiendrai personne», sourit le défenseur plabennécois (N3).
Au FCBEscola de Barcelone pendant trois ans
S’il préfère ne pas se mouiller, c’est parce que le jeune footballeur (18 ans) a une histoire particulière avec les deux clubs. Passé par le SB29 durant son enfance, puis adolescent, il a également porté les couleurs blaugrana de 8 à 11 ans. « Nous étions à Brest avec ma famille mais mes parents avaient envie de changer d’air. Il y avait eu des détections pour l’école de football du Barça où j’avais été emmené et nous avons déménagé en Espagne en 2014″, se souvient le Finistérien de naissance.
Là, à la FCBEscola de Barcelone, il découvre une culture, un état d’esprit, une philosophie imaginée par un certain Johan Cruyff, entretenue depuis par toute une institution. « Ce n’est même pas un mythe. C’est vraiment juste de la technique, il suffit de jouer. On nous apprend à jouer collectivement, ensemble. A tout âge, partout, on nous enseigne les mêmes choses, les mêmes valeurs, assure Colas Gilles. Nous avons organisé un tournoi international contre toutes les écoles de football de Barcelone dans le monde. Nous avons joué dans des écoles du Japon et du Brésil. Nous pouvions voir toutes les cultures et comment cela se passait dans d’autres pays. » « Més que un club » (Plus qu’un club), la devise catalane, prend alors tout son sens.
Un doublé au Camp Nou, une victoire contre Lamine Yamal
Son aventure barcelonaise l’a même amené à jouer sur le terrain du Camp Nou. Un moment inoubliable pour celui qui, après l’école de football, a failli rejoindre la Masia en 2017, le plus grand centre de formation du monde, où ont été formés Lionel Messi, Andrés Iniesta ou encore Xavi.
«Je ne m’en suis pas vraiment rendu compte. Mais maintenant, avec le recul, quand je repense que je n’étais pas si loin de rejoindre la Masia, je me dis que cela aurait certainement changé ma vie. Mais sur 100 personnes, ils n’en prendront que 5 ou 10. La Masia, c’est le luxe. Et si nous avons la chance d’y avoir accès, c’est parce que nous le méritons vraiment. Ce n’est pas donné à tout le monde. »
Cette tradition se poursuit aujourd’hui. A Montjuïc (et non au Camp Nou), le Stade Brestois affrontera notamment plusieurs joueurs de l’équipe actuelle (Gavi, Cubarsi, Balde, etc.) ayant étudié au centre de formation de Barcelone. C’est aussi le cas de Lamine Yamal*, récent champion d’Europe et vainqueur du trophée Raymond Kopa, récompensant le meilleur espoir du monde, que Colas Gilles a eu la chance d’affronter lorsqu’il était plus jeune. « À neuf ans, il était déjà connu en Espagne où il était attendu chaque week-end. C’était vraiment impressionnant, exceptionnel, dit-il. Mais je me souviens qu’avec mon équipe, nous avons quand même gagné. » Si ça pouvait donner des idées à Brendan Chardonnet et ses coéquipiers…
* Touché à la cheville, Lamine Yamal est absent lors de la réception du Stade Brestois