Françoise Hardy : sa dernière grande interview pour ELLE

Françoise Hardy : sa dernière grande interview pour ELLE
Françoise Hardy : sa dernière grande interview pour ELLE

« Je ne crois plus au Ciel/Je passe mon chemin/Je suis éternel/Jusqu’à demain », chante Thomas Dutronc sur son nouvel album, « Éternels jusqu’à demain ». Cette phrase résonne magnifiquement jusqu’à la salle de clinique où Françoise Hardy nous reçoit. Impossible de voir sur son visage à la beauté intacte qu’elle vient de très loin. A son poignet, un bracelet comme ceux qu’on met aux nouveau-nés porte le nom de Dutronc, son époux de toujours, malgré les aléas de l’amour.

Sur sa table de chevet, le best-seller du moment, « Le Charme discret de l’intestin » (éd. Actes Sud) : « C’est un ami qui me connaît bien qui me l’a offert, c’est « l’histoire de ma vie ». , ma souffrance depuis toujours», explique Françoise Hardy, qui soigne le lymphome de Malt. La chanteuse dévore aussi ses auteurs préférés, « Fitzgerald, Edith Wharton, Modiano, que j’ai connu très jeune. Je ne me souviens plus dans quelles circonstances j’avais la responsabilité de veiller à ce qu’il se nourrisse bien ! »

Elle regarde des documentaires animaliers à la télévision. « Leurs préoccupations ne sont pas très éloignées des nôtres : manger, procréer et mourir ! » Elle a disparu des médias après la sortie de son livre de coups de gueule « Opinions non autorisées… » (éd. Équateurs). Nous le trouvons léger comme une plume. Nous ne voulons pas parler de politique ou d’impôts, mais d’amour et de chansons. Avec son franc-parler, elle s’ouvre et se souvient. Rencontre avec Françoise Hardy pleine de grâce, d’enthousiasme et de verve : celle qu’on aime.

ELLE. – La première question que nous voulons vous poser est : comment vas-tu ?

Françoise Hardy. – Tout est de ma faute! Imaginez que j’étais invité à l’émission de Laurent Ruquier pour parler de mon livre et que j’étais assis à côté de la petite Louane qui n’arrêtait pas de tousser. Comme je suis naturellement inquiète et qu’à l’époque on ne parlait que de grippe, je suis allée faire un petit tour à l’Hôpital Américain. Là, je me suis glissé sous la douche, ma tête a heurté le sol, et de là, le trou noir. Je me suis réveillé trois semaines plus tard.

ELLE. – De quoi tu te rappelles?

FH – Ce n’était rien ! Selon certains médecins, j’étais foutu. Il y en a même un qui m’a poussé à partir en paix. J’ai presque eu la mort idéale, car mourir sans en avoir conscience, c’est vraiment le rêve !

ELLE. – Être survivant vous a-t-il donné de nouvelles envies ?

FH – J’avais vraiment l’impression d’avoir fait tout ce dont j’étais capable, que je n’avais plus rien à donner. Aujourd’hui, j’ai ce sursis, et je me dis qu’il doit y avoir une raison, que je compte découvrir.

Quand, physiquement, ça ne va pas, ça me touche le moral

ELLE. – Au début de l’année, lorsque votre livre « Unauthorized Reviews… » est sorti, on vous a senti fatigué. Vous semblez plus optimiste aujourd’hui, n’est-ce pas ?

FH – Quand, physiquement, ça ne va pas, ça me touche le moral. Je vis seule depuis quinze ans, et je vis très bien, car, à partir d’un certain âge, la solitude, c’est la liberté. Devenir à nouveau dépendant, devoir demander le moindre verre d’eau, c’est embêtant.

ELLE. – Ce qui est paradoxal chez vous, c’est que vous êtes très pudique et, en même temps, vous décrivez en détail vos soucis de santé, pourquoi ?

FH – C’est vrai que, dans mon deuxième chapitre, j’ai mis les bouchées doubles. Un de mes amis proches m’a dit : « Tu ne te rends pas compte, tu es une icône, tu ne peux pas dire ça ! » Mais je n’ai jamais fait attention à mon image et ce n’est pas à mon âge que je vais commencer. J’ai trouvé intéressant de faire découvrir ce monde de charlatans, ce fou qui a mis sa main dans mon vagin pendant un bon quart d’heure ou cet autre qui m’a fait pousser une bosse sur le front pendant quarante-huit heures.

Je ne pensais qu’à l’amour, tout le reste me dérangeait !

ELLE. – Jean-Marie Périer nous a parlé de vous : « Je n’ai jamais vu une femme aussi belle qui se trouvait aussi laide. » D’où viennent ces complexes ?

FH – Je dois admettre qu’il y a quelques années, un fan m’a envoyé des photos de moi quand j’étais plus jeune et j’ai réalisé que j’avais quelque chose. Pas tout le temps, mais quand j’étais bien éclairé et bien maquillé. J’ai eu la chance d’arriver à une époque où les silhouettes androgynes devenaient à la mode.

ELLE. – Avez-vous réalisé ce que vous causiez ?

FH – Franchement non, car le succès et mon premier amour m’est arrivé en même temps. Et je ne pensais qu’à l’amour, tout le reste me dérangeait !

ELLE. – Vous n’avez pas profité du succès ?

FH – Vraiment pas, les photos étaient agaçantes, même avec Jean-Marie. Il a dû inventer des stratagèmes pour me faire rire. Il avait un assistant assez trapu, avec un long nez de Pinocchio, qui était en fait très gentil. Pour me faire sourire, Jean-Marie m’a dit : « Imagine Gilbert nu sur un cheval ! »

Ma grande joie était d’aller au studio, je m’y sentais chez moi

ELLE. – Qu’est devenue la célèbre robe Paco Rabanne dans laquelle vous avez posé ?

FH – Un jour, je l’ai mis dans un sac poubelle et je l’ai jeté ! Tout cela ne m’importait pas, j’étais entièrement concentré sur mes amours, et mes chansons en étaient indissociables. J’y ai raconté mes angoisses, mes émotions. Ma grande joie était d’aller au studio, je m’y sentais chez moi. Nous sommes coupés du monde entier, nous ne savons pas si c’est le jour ou la nuit, et soudain naît une chanson méditée dans la solitude. A chaque fois, c’était un miracle.

ELLE. – Étiez-vous amis avec Sylvie Vartan ou Sheila ?

FH – Nous n’étions pas vraiment amis, mais nous faisions beaucoup de choses ensemble, nous voyageions beaucoup. Sheila était complètement séquestrée, on ne pouvait donc pas la voir, j’étais plus proche de Sylvie, car nous sommes toutes les deux des mamans poules, toujours inquiètes pour notre progéniture.

Malheureusement j’ai fait une fausse couche

ELLE. – Vous avez écrit que le seul moment de votre vie où votre corps ne vous faisait pas souffrir, c’était lorsque vous étiez enceinte !

FH – Mais oui, j’avais un teint parfait, des cheveux magnifiques, pas une seule nausée, et en plus Thomas est né très vite. Il s’était fait désirer, et il était très désiré. Quand il avait 5 ans, j’étais de nouveau enceinte, nous étions très heureux, mais malheureusement j’ai fait une fausse couche.

J’ai dit à Thomas que j’étais un peu triste parce que sa petite sœur était partie, et, à l’âge de 5 ans, il m’a dit : « Mais pourquoi es-tu triste ? Je ne suis pas triste! » Il était ravi car il était très exclusif et il voyait d’un mauvais oeil l’arrivée d’un rival. Comme je n’ai jamais eu de bonnes relations avec ma sœur, je me suis dit que les choses étaient probablement mieux ainsi.

ELLE. – Justement, concernant votre enfance, vous avez longtemps cru que vos parents étaient divorcés, alors qu’en réalité votre mère avait eu ses deux enfants avec un homme marié. Quand l’as-tu découvert ?

FH – Je ne sais pas, mais c’est vrai que j’avais conscience de ne pas être dans les normes de la société. C’était déjà très mal vu d’être l’enfant de divorcés.

 
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