Depuis son arrivée au pouvoir, les discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe s’enchaînent et se répètent. Sept ans après son premier discours européen à la Sorbonne, et sept mois après le deuxième, le président de la République a participé ce mercredi 13 novembre à une table ronde au Collège de France pour évoquer la « l’avenir de la compétitivité européenne ».
A ses côtés, l’ancien président de la Banque centrale européenne (BCE) et éphémère président du Conseil italien, Mario Draghi, également auteur d’un rapport sur la question publié en septembre. “Nous sommes d’accord sur l’essentiel, a présenté le chef de l’Etat. Nous avons un modèle de croissance qui depuis 30 ans a créé moins de richesse par habitant qu’aux Etats-Unis par exemple. “C’est un vrai problème pour nous car nous avons un modèle social plus généreux et un continent qui vieillit.”
Mais il n’est pas question de remettre en cause sa propre action ni le sens de la marche européenne, la faute étant, selon Macron, dans la rapidité de l’action, pas dans sa nature : » Nous avons pris des décisions dans la bonne direction, mais peut-être ne le faisons-nous pas assez rapidement. ».
Le déclin de l’Europe
Hébergeur, l’économiste Philippe Aghion, inspirateur du programme économique macroniste en 2017. S’il ne lésine pas sur le cirage, saluant le soi-disant ” lutte ” soutien continu du président pour « des politiques industrielles plus coordonnées entre les États membres de l’UE » et son rang de « des dirigeants parmi les plus visionnaires d’Europe »sa lecture de la situation européenne est plus dure que la sienne : « L’Europe est dans une phase de déclin ». Tout comme Mario Draghi, pour qui l’Europe “devenu” au cours des dernières années « encore plus dépendant des Etats-Unis » dans trop de domaines. « L’élection de Donald Trump doit être un signal d’alarme »dit-il.
Et « éveil » est-ce compatible avec un exercice d’autosatisfaction ? Plutôt que de se réveiller, Emmanuel Macron invite le continent à “accélérer” le cap libéral suivi par le continent depuis tant d’années. Au premier rang, Roselyne Bachelot, ancienne ministre de la Culture, et Clément Beaune, ancien ministre délégué chargé des Transports, applaudissent sauvagement. «Notre force réside dans le marché unique, » clame Emmanuel Macron. Il faut aller plus loin et en faire un marché intérieur de 430 millions de consommateurs, mais pas avec 27 règles ! ». D’où l’urgence, selon lui, de dresser un « programme de simplification ».
Son objectif ? créer « champions » d’innovation capable d’engendrer un renouveau industriel. Mais pas une multiplication de petits champions, le président espère plutôt voir émerger des géants capables de rivaliser avec les locomotives américaines ou chinoises. « On a un biais en Europe : celui du retour géographiqueil croit. Qu’on se le dise : il n’y aura pas 27 retours (sur investissement, ndlr) dans chaque pays. Il faut accepter d’avoir une approche du « meilleur athlète » : il faut une agence européenne qui sélectionne les meilleurs projets et il y aura un champion européen. Il se trouve peut-être en Pologne, mais cela n’a aucune importance pour la France ou l’Allemagne.». Les Français qui voient leur tissu industriel s’effriter chaque jour un peu plus l’apprécieront.
Répété deux fois
Des propos identiques à ceux qu’il avait tenus à la Sorbonne il y a sept ans. « Créons d’ici deux ans une agence européenne pour l’innovation, qui soit dans une position d’innovateur et non de suiveur. »il a projeté. Citant un modèle : l’agence de recherche militaire américaine DARPA, une agence du ministère de la Défense des États-Unis, chargée de la recherche et du développement de nouvelles technologies. Celle-là même qui, dans les années 1970, fut à l’origine de la création d’Internet. Macron appelait, dès 2017, à créer « Champions d’Europe » grâce au « occasions » permis par le « marché numérique unique ». En 2024, toujours rien.
En septembre dernier, le président avait exprimé un souhait connexe : que l’Union européenne devienne d’ici 2030 un « leader mondial » dans cinq « secteurs stratégiques de demain » : intelligence artificielle, informatique quantique, spatial, biotechnologies et « énergies nouvelles » (hydrogène, réacteurs modulaires et fusion nucléaire).
Espoir retrouvé au Collège de France ce mercredi. « Nous avons des talents en Europe, nous avons des économies et donc des capitaux, une énergie décarbonée et un modèle social et démocratique qui est là et qui tient. Si nous savons prendre les bonnes décisions avec la rapidité, le sérieux et l’engagement collectif des 27, il y a toutes les raisons d’être optimistes »» argumenta-t-il en conclusion. En attendant, les bonnes mesures économiques, sociales, démocratiques et environnementales n’ont toujours pas été prises…
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