WASHINGTON (Reuters) – Le secrétaire d’Etat américain sortant Antony Blinken est attendu mardi à Bruxelles pour des entretiens avec des responsables de l’Union européenne (UE) et de l’OTAN, qui craignent que les Etats-Unis abandonnent l’Ukraine, face à la Russie avec le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.
Lors de ce premier voyage à l’étranger après la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine du 5 novembre, Antony Blinken évoquera avec ses interlocuteurs “le soutien à l’Ukraine dans sa défense contre l’agression russe”, a indiqué le département d’Etat, sans fournir de précisions sur le contenu exact de l’accord. le document. le message qui sera envoyé par l’administration démocrate sortante.
Donald Trump a vivement critiqué le versement par les États-Unis de milliards de dollars d’aide militaire à l’Ukraine depuis le début de l’invasion à grande échelle de ce pays par la Russie en février 2022, faisant craindre un revirement de Washington lors de son retour à la Maison Blanche. Chambre, avec un Sénat et certainement une Chambre des Représentants également aux mains des Républicains.
L’administration de Joe Biden a fait savoir qu’elle tenterait d’apporter l’aide déjà promise à Kiev avant l’entrée en fonction du futur président le 20 janvier, alors que depuis plusieurs semaines l’Ukraine ne parvient pas à stopper l’avancée des troupes russes à l’est de son territoire. .
“Nous travaillons dur pour laisser l’Ukraine dans la position la plus forte possible, à la fois en augmentant l’aide d’ici la fin de cette administration, et en nous coordonnant avec nos partenaires du monde entier pour nous assurer qu’ils sont prêts à combler toute lacune”, a-t-il déclaré. Porte-parole américain. fonctionnaire qui a demandé l’anonymat.
Cela concerne non seulement les alliés européens des Etats-Unis avec lesquels Antony Blinken s’entretiendra à Bruxelles mais aussi d’autres pays comme la Corée du Sud, qui pourraient être amenés à jouer un rôle important dans le renforcement de l’alliance entre la Russie et la Corée du Nord, a indiqué le responsable. ajouté.
L’Ukraine affirme qu’environ 11 000 soldats nord-coréens sont désormais engagés dans les combats dans la région russe de Koursk, où son armée a effectué un raid en août.
LA QUESTION DES BUDGETS DE DÉFENSE REVIENT AU PREMIER PLAN
“Le travail le plus important qu’ils puissent entreprendre (…) est fondamentalement de transférer le plus possible aux Européens”, pense Anne-Marie Slaughter, directrice du groupe de réflexion New America et ancienne diplomate au Département d’Etat.
Les pays européens se préparent au second mandat de Donald Trump, quatre ans après la fin du premier, et sont impatients de manifester publiquement leur volonté de travailler avec lui, ajoute-t-il.
“(Blinken) devrait pouvoir faire les choses en coulisses, discrètement”, poursuit Anne-Marie Slaughter, tout en “rappelant aux Européens qu’ils conservent de nombreux amis aux Etats-Unis, même si ce gouvernement empruntera une voie très différente”. . rapproche-toi.”
Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche devrait également remettre sur le devant de la scène la question des budgets de défense des membres de l’Otan. La plupart d’entre eux y consacrent désormais plus de 2 % de leur PIB, le seuil requis, mais le futur président américain a prévenu qu’il exigerait d’eux un engagement de 3 %.
Depuis des années, Donald Trump exprime sa déception à l’égard des membres de l’Alliance transatlantique qui ne parviennent pas à atteindre leurs objectifs en matière de dépenses militaires. Durant la campagne électorale, il a prévenu que non seulement il refuserait d’aider financièrement les pays « défaillants », mais qu’il encouragerait également les Russes à « faire d’eux ce qu’ils veulent ».
Le futur président a également promis qu’il mettrait fin à la guerre en Ukraine dans les 24 heures, sans préciser comment.
Il s’est entretenu avec le président ukrainien Volodimir Zelensky au lendemain de son élection. Selon une Source proche de cette conversation, il aurait également eu un entretien téléphonique avec Vladimir Poutine, au cours duquel il aurait exhorté le président russe à ne pas aggraver la situation en Ukraine. Le Kremlin a nié qu’une telle réunion ait eu lieu.
L’administration Biden n’a plus de cartes à jouer pour tenter de changer la situation dans un sens favorable à l’Ukraine, juge Daniel Fried, ancien diplomate américain désormais membre du groupe de réflexion Atlantic Council.
Il pourrait tenter avec ses alliés d’imposer de nouvelles sanctions contre la Russie ou de renforcer la mise en œuvre des mesures existantes, mais une telle initiative pourrait facilement être balayée par une administration Trump, ajoute-t-il.
« Si les équipes de Biden tentent de les coincer ou de marquer des points, les équipes de Trump pourraient tout simplement l’ignorer », explique Daniel Fried.
(Écrit par Simon Lewis, avec Andrew Gray à Bruxelles, version française Bertrand Boucey, édité par Blandine Hénault)
par Simon Lewis