“Ce n’est qu’une question de jours” avant que l’économie canadienne ne soit durement touchée par le lock-out des dockers, a prévenu lundi le directeur du Port de Montréal, alors que le syndicat déplore le “mutisme” de l’employeur et craint une intervention fédérale.
Si le conflit continue, les conséquences seront catastrophiques. Nous constatons déjà l’effet domino dans toute notre économie
» a déclaré la présidente-directrice générale du Port de Montréal, Julie Gascon, en conférence de presse lundi matin. Aujourd’hui, le conflit affecte la chaîne d’approvisionnement, mais demain il affectera les usines, les détaillants et toute l’économie de l’Est du Canada.
Selon Gascon, des navires marchands ont déjà quitté Montréal pour rejoindre d’autres ports de la côte est américaine, comme New York. L’importation et l’exportation de produits coûteront inévitablement plus cher aux entreprises du pays qui doivent traverser cette frontière, a-t-il ajouté. Il n’est pas viable pour une économie de devoir faire affaire avec un port étranger.
L’employeur, qui a choisi la voie de blocn’est-il pas responsable de ces pertes financières attendues ? Je ne suis pas à la table des négociations avec les deux parties, je ne peux pas les aider ni décider à leur place des mesures de pression qui auront lieu
il s’est défendu PDG.
Dimanche soir, l’Association des employeurs maritimes (AEM) a déclaré une interdiction visant environ 1 200 débardeurs montréalais. Quelques heures plus tôt, presque tout le monde, dans 99,7 % des cas, avait rejeté l’offre finale et globale de l’employeur. Même si les services essentiels sont maintenus dans le port, la plupart des activités sont affectées.
Aucune réponse
Nous demandons à la direction de s’asseoir avec nous pour négocier depuis trois semaines.
Le conseiller syndical Michel Murray a tonné lundi, regrettant que les quatre dernières invitations du syndicat soient restées lettre morte. Le président du syndicat patronal ne répond pas aux mails du président du syndicat. Ce n’est rien
il a lâché.
M. Murray en est convaincu bloc les opérations simultanées dans les ports de Montréal et de Vancouver ne sont pas le fruit du hasard. Il s’agit d’une action collective, coordonnée et planifiée visant à accroître la pression sur le gouvernement pour qu’il intervienne dans notre cas.
a-t-il critiqué, rappelant que la négociation précédente, en 2021, avait pris fin en raison d’une loi spéciale à Ottawa qui imposait un retour au travail.
L’Association des employeurs maritimes a déjà demandé l’intervention du ministre fédéral du Travail, Steven MacKinnon, ainsi que de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain et des Manufacturiers et exportateurs du Québec (MEQ). Ce dernier demande également que les services portuaires soient considérés comme des services essentiels.
Les parties doivent comprendre l’urgence de la situation et faire le travail nécessaire pour parvenir à une entente. Les Canadiens comptent sur eux
Le ministre MacKinnon a réagi lundi. A ses yeux, les négociations progresser trop lentement
et ils trahissent un manque de sentiment d’urgence de la part des parties impliquées
.
Un accord est encore possible
entreAEM et débardeurs, a insisté le conseiller syndical Michel Murray. Les travailleurs sont également ouverts à la signature à très long terme
ou au-delà de quatre ans, a-t-il suggéré. À condition toutefois que rambarde
être enchâssées dans la nouvelle convention collective pour en assurer le respect sur le terrain.
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Michel Murray, représentant syndical affilié au Syndicat canadien de la fonction publique, affilié à la FTQ. (Photo d’archives)
Photo : Radio-Canada / Jean-Claude Taliana
De la des millions
palo
Plusieurs associations professionnelles ont exprimé leur inquiétude si le bloc devait se poursuivre, notamment avec l’Association du camionnage du Québec. Son président, Marc Cadieux, appelle les parties à s’entendre rapidement à l’approche des fêtes de Noël.
Pas moins de 2 000 camions circulent chaque jour dans le port de Montréal pour transporter plus de la moitié des marchandises qui s’y trouvent, constate M. Cadieux. Avec ce gel des opérations, certains transporteurs peuvent déployer leur main-d’œuvre dans d’autres entreprises, mais d’autres envisagent déjà des mises à pied temporaires.
Une seule journée d’opération au port signifie 400 millions de dollars en transit de marchandises et 268 millions de dollars en avantages économiques, ont-ils affirmé. PDGGiulia Guascone. Si vous le projetez dans deux semaines, il y a six milliards de dollars de biens qui ne transiteront pas et quatre milliards de bénéfices économiques qui n’arriveront pas.
dit-il.
Toujours selon Gascon, cet arrêt de travail touche au moins 10 000 travailleurs à travers le pays, dont les camionneurs, les expéditeurs et les chauffeurs, sans oublier les marins contraints d’attendre à bord des navires.
Deux cargos sont actuellement à quai à Montréal et quatre autres sont ancrés aux Escoumins, une escale obligatoire pour ces navires circulant sur le fleuve Saint-Laurent.
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Un conflit de travail semble se profiler au port de Montréal.
Photo : Getty Images / SÉBASTIEN ST-JEAN
Parts de marché
IL bloc ce ne sera pas sans conséquences pour l’économie canadienne, mais elle n’est pas au bord de l’effondrement, même si le conflit dure quelques jours, voire quelques semaines, nuance finalement Julien Martin, professeur à l’École des sciences de gestion.UQAM.
D’abord parce que le secteur des services représente une grande partie de l’économie du pays, mais aussi parce qu’il existe d’autres ports sur la côte est américaine où il est possible de décharger des marchandises avant de prendre la route ou le train pour rejoindre le Québec ou l’Ontario. Cela coûtera plus cher, cela prendra plus de temps, mais la chaîne d’approvisionnement peut le gérer
utiliser
Cela dit, Montréal pourrait perdre des parts de marché au profit des ports américains, avec lesquels elle est en concurrence, souligne l’économiste. Et les entreprises pourraient être confrontées à des pénuries ou avoir du mal à exporter leurs produits et donc à honorer leurs contrats.
Notre réputation est en jeu
En termes de fiabilité, a prévenu lundi Julie Gascon, du Port de Montréal. Elle est convaincue que les lignes maritimes se déplaceront de la métropole québécoise vers celles des États-Unis, si le bloc ça s’allonge.
L’Association des employeurs maritimes de Montréal et les débardeurs négocient depuis des mois, sans succès. Il faut dire que l’écart entre les demandes des syndicats et l’offre patronale est notable.
L’AEM propose une augmentation salariale de 3 % par année pendant quatre ans et de 3,5 % pour les deux années suivantes. Cette offre porterait le salaire moyen des dockers à 200 000 dollars par an, affirme l’employeur.
De son côté, le syndicat réclame les mêmes augmentations accordées aux débardeurs de Vancouver et d’Halifax, soit 20 % sur quatre ans. Il réclame également des horaires de travail plus flexibles.
La convention collective des débardeurs a expiré le 31 décembre 2023.
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