Depuis sa frayeur en 2e contre Naomi Osaka, Iga Swiatek survole ce Roland-Garros 2024. Depuis le début de la deuxième semaine, la numéro un mondiale n’a perdu que huit matchs, dont six face à l’unique Coco Gauff en demi-finale. Elle fait donc figure de grande favorite, ce samedi 8 juin, en finale, face à l’Italienne Jasmine Paolini, novice à ce niveau en Grand Chelem.
Les statistiques d’Iga Swiatek sur terre sont éloquentes, voire déjà « nadaliennes ». La Polonaise affiche un taux de réussite de 90,4% sur l’ensemble de sa carrière sur surface ocre (83 victoires, 10 défaites). A Roland-Garros, c’est encore plus fort : 95 % de victoires. Un ratio supérieur à celui de l’hôtesse, Chris Evert (92,3%), sept fois vainqueur Porte d’Auteuil. On n’est plus très loin des 96,1% de Björn Borg ou des 96,5% de Rafael Nadal, un record absolu à Paris.
« Cette surface me permet d’élever mon niveau de jeu, je fais plus de topspins, analyse le numéro un mondial, pas maladroit non plus sur le dur. Je peux jouer plus de balles défensives, car la surface est plus lente. Cela me donne également plus de temps pour attaquer. »
Un lift qui gicle comme Nadal
Pour Pauline Parmentier, sélectionneuse de l’équipe de France de Coupe Billie Jean King, entre le jeu polonais et la terre battue, c’est le mariage parfait : « Physiquement, c’est une athlète exceptionnelle. Elle est capable de défendre son terrain comme aucune autre, tout en étant capable de se montrer très agressive en restant sur sa ligne. Avec ses coups droits et ses volées liftées, elle a vraiment le jeu idéal pour la terre battue. Je pense aussi qu’il y a surtout moins de filles qui maîtrisent la terre battue que le dur aujourd’hui, ce qui crée un écart entre elles et les autres joueuses. »
“En termes d’intensité, c’est la joueuse la plus percutante et la plus mobile”ajoute Guy Forget.
Mais le natif de Varsovie a peut-être un faible pour l’ocre. Durant cette quinzaine, la seule alerte pour Swiatek fut ce 2e journée remportée face à Naomi Osaka (7-6, 1-6, 7-5) et disputée dans des conditions très difficiles, sous le toit de Chatrier. En deuxième semaine, quand les beaux jours de juin apparaissent, ce n’est plus le même chant pour ses adversaires : “Quand le toit est ouvert, avec le soleil, les balles rebondissent un peu plus haut, souligne le patron du circuit. L’air est plus sec, les boules jaillissent un peu plus. Dans ce cas, mes coups sont plus violents. »
Sur les traces des plus grands terriens
« Swiatek est généralement solide dans des conditions extérieures, confirme Mats Wilander, triple vainqueur à Roland. C’est la meilleure défenseure, celle qui évolue le mieux parmi les 4 premiers.
Avec un quatrième sacre (en cinq ans !), Iga Swiatek dépasserait Seles, Williams ou Sanchez au palmarès de Roland-Garros et rejoindrait Justine Hénin et Helen Wills. Elle n’aurait alors en ligne de mire que Margaret Court (5 titres), Steffi Graf (6) et Chris Evert (7). Elle est également à un pas d’un rare triplé : s’imposer à Madrid, Rome et Paris dans la même saison, un exploit qui n’a plus été réalisé depuis Serena Williams en 2013.
De là à s’imposer comme le Nadal féminin ? “On verra dans 14 ans si c’est le même parcours, » rit-elle, embarrassée sur les bords. Pour moi, Rafa est au-dessus de tout le monde, c’est une véritable légende. Mais je suis heureux si je suis comparé à lui. »
