Deux semaines après les immenses pluies et inondations qui ont frappé la région de Valence en Espagne, la colère ne s’est pas calmée. Une manifestation a eu lieu à partir de 18 heures.
Depuis deux semaines, il est surnommé « le pont de la solidarité ». Depuis deux semaines, des milliers de bénévoles utilisent chaque jour cette installation de Valence pour venir prêter main forte aux personnes touchées par les inondations meurtrières. Mais aujourd’hui une banderole orne une partie du pont : “Tous sur la place, justice pour le peuple”.
A Valence, la colère des habitants ne faiblit pas. Pour l’exprimer, une quarantaine d’organisations, notamment politiques, organisent une manifestation ce samedi 9 novembre pour dénoncer l’inertie des autorités. Parmi la foule des participants, de nombreuses banderoles attaquent les autorités, moins d’une semaine après la bruyante visite du roi d’Espagne à Paiporta, l’un des endroits les plus touchés par les inondations.
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Même dans les rues de Valence, les cicatrices sont profondes. Il faut parfois dix personnes pour enlever la boue collée à l’asphalte. Victor et José travaillent auprès des sinistrés du quartier Massana. Exaspérés, ils participent à la manifestation pour faire passer un message.
“Je vais lui apporter de la boue, je la mettrai dans ma poche”, explique l’un d’eux à BFMTV. « La plupart des problèmes auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui sont dus à l’incompétence des hommes politiques. Le gouvernement central ne nous a pas aidé, il n’a pas répondu à nos demandes. C’est la population qui paie à cause des rivalités entre politiques», s’agace le second.
« Il faut retrouver les responsables »
Helena a quitté Madrid pour rejoindre les victimes. “C’est la première fois de ma vie que je participe à une manifestation”, explique-t-il à BFMTV. “Il faut retrouver les responsables, ce sera une manière d’apaiser notre douleur et de dénoncer le manque d’organisation, le sentiment d’abandon des gens.”
Nicolas ressent au quotidien le manque d’organisation et le sentiment d’abandon. Ce Français, habitant de Benetusser, participe aux opérations de nettoyage depuis le début des inondations meurtrières.
« Nous venons vendredi week-end aider les banlieues proches de Valence. Nous venons aider les gens à mettre les choses au clair le plus rapidement possible », explique-t-il.
Malgré les fortes manifestations de solidarité, « il reste encore beaucoup de travail à faire ». “Ce qui manque ici, c’est d’abord la coordination, car tous les volontaires viennent aider volontairement, mais nous devons essayer de nous coordonner.”
« Il lui manque aussi beaucoup de bras, poursuit Nicolas. « La solidarité ici à Valence, entre le peuple et les Espagnols, est très importante. On le voit partout, mais ce qu’il faut, ce sont des mains pour essayer de dégager le plus possible et d’aider les personnes en difficulté. »
Selon Nicolas, un retour à la normale n’est pas imminent dans les rues sinistrées. « Il faudra un mois avant de pouvoir procéder à un nettoyage adéquat, mais pour que la situation redevienne normale, je dirais plusieurs mois », estime le Français.
Des milliers de personnes sont attendues
Afin de ne pas ralentir les opérations de nettoyage, les organisateurs de l’événement avaient prévu de rencontrer les participants à 18h00. « Dès 16h30, les volontaires quittent les zones sinistrées pour rentrer chez eux. C’est pourquoi nous avons programmé la manifestation à cette heure-là, afin de ne pas gêner le fonctionnement”, explique un organisateur à BFMTV.
Selon le dernier bilan, 219 personnes sont mortes dans les terribles inondations qui ont frappé la région de Valencia. 89 personnes sont toujours portées disparues.
Antoine Forestier con Charlotte Lesage