après Thomas, l’année dernière, un club de entier fauché par les ultraviolences

après Thomas, l’année dernière, un club de entier fauché par les ultraviolences
après Thomas, l’année dernière, un club de rugby entier fauché par les ultraviolences

l’essentiel
En un an, Thomas et Nicolas, deux jeunes du même club de , à Romans-sur-Isère (Drôme), ont été tués, victimes d’une violence aveugle que rien ne semblait arrêter. Les familles, les parents et les éducateurs sont nerveux et exigent des réponses.

Des ballons bleus et blancs s’élèvent vers le ciel moelleux. De longues accolades ponctuées de sanglots brisent le silence. Sur ce terrain du Romanais-Péageois Rugby Club (RCRP), le club local de Romans-sur-Isère (Drôme) où l’on célèbre habituellement les exploits des équipes de jeunes, c’est le découragement. Un mélange de colère, d’indignation et d’un malheureux sentiment de déjà-vu.

En seulement 12 mois, un deuxième jeune de ce terrain de rugby, Nicolas Dumas, 22 ans, joueur populaire au sein de l’équipe fanion, a succombé à une balle dans la tête, victime de l’ultra-violence qui a encore frappé ce club. Après la mort de Thomas Perotto, 16 ans, poignardé à mort le 19 novembre 2023, à Crépol (Drôme), après un bal villageois, le sort continue. « C’est une double peine, il va falloir que ça s’arrête », déclare déçu un superviseur du RCRP.

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Cette fois, les circonstances sont différentes. Dans la nuit du 31 au 1er octobreest Novembre, sur le parking de la discothèque Le Seven, à Saint-Péray (Ardèche), Nicolas attend devant la porte d’entrée de cet établissement de nuit situé à une trentaine de kilomètres de Romans-sur-Isère. Un homme armé et cagoulé ouvre le feu avec une arme de poing. Le rugbyman est mortellement blessé. Deux autres personnes, un agent de sécurité et une jeune femme, ont été blessées.

“Pourquoi, nous?”

Victime collatérale d’une violence aveugle, la seule erreur de Nicolas a été de se retrouver au mauvais endroit, au mauvais moment.
Thomas, Nicolas, tués pour rien. Une loi des séries terrible et incompréhensible. Comme si la main du malheur avait jeté son dévolu sur ce club de rugby historique, fondé en 1949, sans jamais le lâcher. Alors évidemment, ce mercredi 6 novembre, lorsque ces grappes de ballons s’envolent dans les airs, dans un silence de plomb, c’est la même question qui hante les 3 000 participants à cette marche blanche à la mémoire de Nicolas. “Pourquoi, nous?”

« On a l’impression que ça ne s’arrêtera jamais. C’est trop ! Les jeunes ne peuvent plus s’amuser sans risquer de se faire tuer ? Où allons-nous ? s’indignent des mères venues soutenir Gwladys et Eric, les parents de la jeune victime, dévastés et arborant un t-shirt à l’effigie de leur fils.

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Jeunesse brisée

« Ici, on mange du rugby, on dort le rugby, on vit le rugby », poursuit Manuel, retraité, venu au stade Donnadieu, avec son fils, Simon, un jeune papa. “Tout le monde jouait au rugby dans la famille”, a-t-il déclaré. “Cette histoire est folle, ce qui est arrivé à Nicolas aurait pu arriver à n’importe qui.” Une mère poursuit : “On va finir par ne plus laisser sortir nos enfants, ça devient trop dangereux !” A ses côtés, les amis de Nicolas se consolent dans les bras de ses coéquipiers qui portent fièrement le maillot bleu et blanc. Au milieu des larmes, toute une jeunesse est brisée.

Alors que la blessure béante après la mort de Thomas l’année dernière est toujours aussi vive, la disparition soudaine de cet autre jeune Romain à la vitesse de course dévastatrice amplifie la douleur. À la colère sourde qui bouillonne autour du terrain et dans les rues de Romans s’ajoute ce sentiment d’injustice.

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L’an dernier, l’ultra-droite avait tenté de se replonger dans le drame de Crépol en donnant à ce fait divers dramatique une couleur tronquée de crime raciste « anti-blanc » : des jeunes de la ville, cagoulés, du quartier populaire de La Monnaie à Romans. , serait venu se battre avec des rugbymen issus de bonnes familles. Cela a provoqué de grandes tensions et créé un climat nauséabond. L’année dernière, lors de la marche pour Thomas, un jeune de la Monnaie n’a pas osé rejoindre le cortège, craignant la stigmatisation. « Il avait la tête baissée, je lui ai pris la main pour qu’il participe à l’hommage comme tout le monde, il avait peur d’être assimilé aux jeunes de son quartier », raconte ce père de famille.

Si le mobile de cette rixe meurtrière de novembre 2023 reste encore flou, l’enquête peine à reconstituer le scénario exact de cette soirée malgré la mise en examen de 14 suspects, dont huit placés en détention provisoire. Un an plus tard, l’ultra droite se tient cette fois à l’écart de ce nouveau drame. L’hommage à Nicolas se veut « apolitique », insistent la famille et le club.

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“N’oubliez pas Zakaria, tué à 15 ans”

A Romans, ancienne ville de la chaussure de 33 000 habitants, le rugby joue aussi son rôle moteur de lien social et d’intégration. « Il y a quelques années, se souvient Patrick Bodoin, vice-président du RCRP, deux acteurs de confession juive et musulmane composaient la première ligne. Il n’y a jamais eu de racisme ici ! Un éducateur de club et acteur social, à Valence, la grande ville voisine, rappelle que Zakaria, 15 ans, un adolescent ordinaire, a également perdu la vie, poignardé à mort, le 9 avril 2024, à la Monnaie d’où se trouvait le d’où sont originaires les suspects de l’affaire Crépol. Il était membre du club de football local. Lui aussi, victime d’une violence exacerbée en voulant intervenir dans une altercation. Les Roumains, qui ne veulent surtout pas oublier sa mémoire, ont écrit à la mairie de leur commune pour rappeler que Zakaria s’ajoute aux prénoms de Thomas et Nicolas… Lui aussi faisait partie d’un club sportif.

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« Ces jeunes qui tombent dans l’ultra-violence n’ont plus de cadre. La crise sanitaire et le Covid ont accentué les fractures. Avant, quand les jeunes délinquants se tiraient dessus, disaient certains, ils s’entretuaient… Aujourd’hui, la situation est différente. On assiste à des règlements de compte qui font des victimes innocentes et maintenant, ce n’est plus pareil ! note cet éducateur et bénévole.

Pour Fatiha, une mère de famille de 39 ans, « la société est devenue plus violente ». « Ces violences ne touchent pas seulement les Romains mais la toute entière ! Regardez ce qui s’est passé à Poitiers, à Rennes ou en région parisienne avec cette bagarre dans le RER ? Malheureusement, ce sont les jeunes qui en paient le prix ». Fatiha habite non loin du stade Donnadieu. Ses trois neveux jouent dans ce club de rugby. Elle participe à l’hommage à Nicolas, accompagnée de sa mère, Louiza. Selon elle, le manque d’éducateurs de rue et d’animateurs de jeunesse, dans une société en ruine, est préjudiciable.

Si aujourd’hui l’heure est à la méditation et au silence digne et mesuré, « par respect pour la famille de Nico », la colère n’est pas loin. Des photos de Thomas et Nicolas ornent les murs du club-house dans un stade plongé dans le deuil. Le match par équipe un, prévu ce dimanche 10 novembre, en fédérale 3 (septième division), est annulé. « Les jeunes voulaient jouer pour la mémoire de Nicolas… mais c’est trop difficile », confie Patrick Bodoin, les yeux rougis, rivés sur cette pelouse sans deux de ses enfants.

 
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