L’Insee a publié le 21 novembre les résultats de ses enquêtes de conjoncture mensuelles et bimensuelles. Dans tous les grands secteurs d’activité, le climat des affaires se dégrade légèrement en novembre pour le deuxième mois consécutif. Il s’écarte ainsi de son niveau moyen de long terme. Faut-il s’inquiéter de cette baisse ? En réalité, le niveau du climat des affaires reste compatible avec une croissance modérée.
Par ailleurs, si le climat global des affaires se dégrade en novembre, le climat des affaires dans l’industrie, particulièrement dégradé lors de l’enquête d’octobre, se redresse quelque peu, et le climat de l’emploi, qui s’était nettement dégradé en octobre, rebondit également. De plus, si l’indice PMI éclair Le composite de l’activité globale en France (S&P Global) a fortement baissé en novembre, il pourrait être révisé, et les indicateurs de l’Insee et de la Banque de France sont jugés plus fiables. La Banque de France prévoit une activité stable au quatrième trimestre dans son enquête de conjoncture mensuelle de début novembre, à l’image de ce que nous avions prévu dans notre dernier scénario pour la France. Rien de bien nouveau donc. Il convient également de rappeler que le climat actuel d’incertitude politique et économique peut affecter le sentiment des chefs d’entreprise, sans que cet impact soit nécessairement durable, dépendant évidemment des évolutions futures (cf. le précédent abandon en juillet qui a ensuite été presque entièrement récupéré en août et septembre).
Le climat des affaires baisse à 96 en novembre, perdant 1 point comme en octobre. Il s’éloigne ainsi de son niveau moyen de long terme (100). Cette baisse reflète la baisse du climat des affaires dans les services (-2 points, après +2 points en octobre), la construction (-1 point, après +0 point), le commerce de détail y compris le commerce et la réparation automobiles (- 1 point, après – 1 point) et commerce de gros (-2 points, après +2 points en septembre – indicateur bimensuel). Le climat des affaires reste cependant très proche de son niveau moyen de long terme (100) dans la plupart de ces secteurs d’activité (à 99 pour les services et la construction, à 98 pour le commerce de détail), à l’exception du commerce de gros, secteur dont le climat des affaires s’établit à 93, son niveau de septembre.
Malgré son léger repli, le niveau actuel du climat global des affaires (96 en novembre) reste compatible avec une croissance modérée de l’activité, le tournant empirique se situant autour de 801. Par ailleurs, le climat des affaires dans l’industrie, qui s’était fortement dégradé en octobre (-6 points), se redresse partiellement (+4 points), et retrouve un niveau relativement proche de sa moyenne de longue période (97 contre 100). , ce qui est plutôt rassurant pour ce secteur. Par ailleurs, le climat de l’emploi rebondit (+2 points, après -2 points), revenant à un niveau proche de sa moyenne historique (99 contre 100), ce qui témoigne d’une bonne résilience de l’emploi. La légère dégradation du climat des affaires en novembre n’est donc clairement pas une catastrophe et doit être relativisée. Il faudra cependant suivre l’évolution future de l’indicateur, avec notamment l’avancée du projet de loi de finances pour 2025 (avec adoption à terme, on l’espère), et plus généralement celle du gouvernement.
Les plus pessimistes pourront cependant évoquer le niveau actuel de l’indice composite PMI de l’activité globale en France (S&P Global). Ce chiffre diminue effectivement en novembre à 44,8 selon la publication éclair du 22 novembre, soit -3,3 points par rapport à octobre, et un plus bas depuis dix mois. Cependant, il convient tout d’abord de noter que les révisions interviennent très fréquemment entre l’indice éclair (provisoire) et l’indice final. Récemment, ces révisions ont été plutôt positives (+1,2 point en septembre et +0,8 point en octobre), et une révision à la hausse pourrait donc également intervenir sur le chiffre de novembre. Par ailleurs, même à ce niveau (44,8), et malgré un tournant théorique de l’activité fixé à 50, le niveau actuel de l’indice composite PMI ne refléterait qu’une stagnation de l’activité, le tournant empirique se situant autour de 45. Dans un contexte de dispersion importante de la situation économique entre secteurs d’activité et même au sein de ces secteurs, les indicateurs de l’Insee et de la Banque de France apparaissent nettement plus robustes que les indices PMI, du fait d’un échantillon d’entreprises interrogées beaucoup plus large (8 à 15 fois plus )2.
A l’issue de son enquête mensuelle de conjoncture début novembre, la Banque de France anticipe une activité stable au quatrième trimestre. C’est précisément notre prévision dans le dernier scénario (octobre) pour la France. Cette absence de croissance de l’activité refléterait les répercussions de l’effet des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris (JOP), qui réduirait la croissance trimestrielle de 0,2 point au quatrième trimestre, et une croissance sous-jacente d’activité (hors effet JOP) légèrement positive, de environ 0,2%.
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1 – Voir Document de travail n°2023/2 de la Direction générale du Trésor (octobre 2023).
2 – Voir l’article du Blog Insee du 24 avril 2024.