“inquiétudes” après le décès d’un septuagénaire

“inquiétudes” après le décès d’un septuagénaire
“inquiétudes” après le décès d’un septuagénaire

Février 2024. Un résident du nord de l’Inde âgé de 79 ans, en visite chez sa famille en Montérégie depuis un mois, présente divers symptômes qui le gênent. Selon un proche, il présente «une toux et une congestion nasale ainsi que des difficultés respiratoires et une sensation de pression thoracique», précise la coroner Denise Fréchette dans son rapport.

Les proches de l’homme ont alors opté pour une consultation avec la clinique virtuelle privée Eden Telemed. Le 7 février, la ressortissante indienne obtient une consultation virtuelle avec une infirmière praticienne spécialisée (SNP) de cette clinique. Un membre de sa famille fait alors office d’interprète.

Lors de cette consultation face caméra, l’IPS a posé un diagnostic de « bronchite exacerbée ». Un antibiotique, des pompes et des comprimés de cortisone sont prescrits au septuagénaire. Les soins débutent le soir même.

Le lendemain, vers 5 heures du matin, l’homme a été retrouvé inconscient dans son lit. Malgré l’arrivée rapide des secours et la poursuite des manœuvres initiées par un proche, « il n’y a pas eu de reprise de l’activité cardiaque », relate la Dre Fréchette dans son rapport d’enquête. Son décès a été constaté à l’Hôpital Anna-Laberge de Châteauguay.

Le coroner a conclu qu’en raison de ses antécédents médicaux et des symptômes ressentis par l’homme âgé, « la cause probable du décès est cardiovasculaire ».

« Est-ce que toutes les précautions ont été prises ? »

Selon le rapport d’enquête, la recommandation de l’Institut national d’excellence en santé et services sociaux du Québec (INESSS) est sans équivoque : « la téléconsultation ne doit pas être utilisée, notamment en cas de douleur thoracique ou de difficulté respiratoire ».

Le coroner se demande si « toutes les précautions ont été prises par l’IPS » et si le patient « aurait dû être orienté immédiatement vers un professionnel de santé pour un examen physique et éventuellement un électrocardiogramme ».

Filets de sécurité

Le Dr Fréchette s’est entretenu avec le gérant et cofondateur d’Eden Telemed, afin de « comprendre leur fonctionnement et identifier les filets de sécurité mis en place ». Elle a pu apprendre qu’un pré-triage s’effectue en ligne grâce à diverses questions sur les motifs de la consultation, les symptômes ressentis et les antécédents médicaux. Le professionnel qui reçoit la demande est alors responsable de déterminer si une consultation virtuelle est acceptable.

Lorsque la coroner a souhaité connaître les « outils d’aide à la décision clinique » utilisés en cas de douleurs thoraciques ou de difficultés respiratoires, elle n’a reçu aucune réponse d’Eden Telemed, « malgré un rappel ».

“Parlez au médecin”

Le site Eden Telemed mentionne des consultations en médecine générale, sans mention d’infirmières praticiennes spécialisées.

“Le seul choix en cliquant pour obtenir une consultation est ‘parler au médecin’, alors que la moitié des professionnels sont des infirmières praticiennes.”

Le proche du septuagénaire décédé croyait également avoir parlé avec un médecin, « ce qui est inexact ».

Jeudi, le site Eden Telemed indiquait encore seulement la possibilité de « parler au médecin ». Il faut se rendre dans la rubrique « à propos » et cliquer sur « rencontrer nos médecins » pour arriver à une liste de 28 professionnels. Le groupe compte 15 médecins, 12 infirmières praticiennes et un podologue.

La clinique privée indique qu’une « consultation générale » en ligne coûte 136 $.

Jeudi, le site Internet d’Eden Telemed invitait encore à cliquer pour « parler au médecin », même si près de la moitié des professionnels de la clinique sont des infirmières praticiennes. (Eden Télémed)

Recommandations

Le coroner a formulé trois recommandations visant Eden Telemed, dont l’adresse au Registre des entreprises est située à Côte-Saint-Luc, sur l’île de Montréal.

La clinique virtuelle doit « revoir les outils d’aide à la décision clinique » pour « s’aligner sur les meilleures pratiques ». Elle doit également mettre en place un « dispositif structuré » pour évaluer la qualité des actions menées par les cliniciens.

Le site Internet de la clinique doit indiquer « clairement » que les consultations peuvent être faites par des médecins ou par des IP. Le titre du professionnel doit être précisé lors de la confirmation du rendez-vous ainsi que lors de la consultation.

Ordre professionnel

Une quatrième recommandation demande à l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec de revoir le dossier du septuagénaire pour déterminer si les « gestes cliniques » effectués par l’IPS « ont été effectués de manière sécuritaire dans un contexte de téléconsultation ».

La coroner dit également avoir contacté le bureau du syndic de l’Ordre, afin d’exprimer ses « inquiétudes quant à l’accompagnement » dans ce dossier et par rapport à « la pratique de la télémédecine en général ».

Les Coopératives d’Information ont tenté mercredi et jeudi de contacter un représentant d’Eden Telemed. L’employé avec qui nous avons parlé au téléphone nous a indiqué que notre demande devait être envoyée par courriel à l’adresse générale de la clinique. Aucune réponse n’avait été reçue au moment de la publication.

 
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