« Chaque fois que je fais du shopping, je me pose cette question. Dois-je privilégier les aliments biologiques (même s’ils ne sont pas produits au Québec) ou locaux (même si cela signifie choisir du non biologique) ? » demande Chantal.
Publié à 00:48
Mis à jour à 17h00
Les deux options présentent des avantages pour l’environnement, mais aussi certains inconvénients.
Le lieu, au-delà du transport
Lorsqu’on parle d’alimentation locale, lorsqu’on opte, par exemple, pour une tomate québécoise plutôt qu’une tomate mexicaine, on pense souvent aux nombreux kilomètres qu’elle n’a pas eu à parcourir pour arriver jusqu’ici.
Mais quand on fait le calcul, on se rend compte que l’avion ne pèse pas grand-chose sur la balance. En général, le transport ne représente que 10 à 15 % de l’empreinte carbone de l’alimentation.
« Ce qui compte vraiment, c’est la manière dont ils sont produits », souligne Catherine Houssard, analyste au Centre international de référence sur l’analyse du cycle de vie et la transition durable (CIRAIG).
Dans notre exemple de tomate, l’empreinte carbone penche davantage en faveur de celle du Mexique, comparativement à celle d’une tomate qui serait cultivée dans une serre chauffée au Québec.
Mais attention, les labels « Produits du Québec » ne sont pas à négliger.
La consommation locale a l’avantage d’encourager les producteurs locaux, qui opèrent souvent à une échelle plus petite ou de manière moins intensive que ceux des aliments importés.
Derek Lynch, professeur au département des sciences végétales, alimentaires et environnementales de l’Université Dalhousie à Halifax
«Et encourager les producteurs locaux leur permet aussi d’avoir suffisamment d’espace pour adopter de bonnes pratiques environnementales», ajoute Caroline Halde, professeure à la Faculté des sciences agricoles et alimentaires de l’Université Laval.
Bio, faible rendement ?
Lorsqu’on analyse l’empreinte environnementale d’une tomate, quelle que soit son origine, « ce qui a le plus grand impact, c’est l’utilisation de pesticides et d’engrais de synthèse », précise Caroline Halde.
Puisqu’elle interdit l’utilisation de ces produits, l’alimentation biologique a des effets positifs indéniables sur la pollution des eaux et la biodiversité des sols, les pollinisateurs, les oiseaux, etc. Sans parler des bienfaits pour la santé des consommateurs et des agriculteurs.
Ainsi, tout comme l’achat local, l’achat biologique contribue à encourager les agriculteurs à adopter des pratiques moins intensives et plus respectueuses de l’environnement.
Le principal reproche qu’on pourrait faire au bio ? Un champ traditionnel offre un meilleur rendement, avec la même utilisation du terrain. Cette réalité augmente l’empreinte carbone des tomates biologiques, par rapport à celle des tomates produites au même endroit, mais de manière « traditionnelle ».
Cette vision basée sur la performance est cependant remise en question dans la communauté scientifique. L’hypothèse de départ considère qu’un domaine, biologique ou traditionnel, produirait à l’infini. Cependant, l’agriculture traditionnelle conduit à un appauvrissement des sols, qui deviennent à terme appauvris et inutilisables.
Les critiques du bio affirment également que si nous convertissions tous les champs actuels en champs biologiques, il serait nécessaire de libérer de vastes étendues de terres pour nourrir la planète entière. Mais encore une fois, pour Catherine Houssard, ce débat est partiel, car il exclut d’emblée d’autres moyens d’adapter son alimentation, comme manger moins de viande, qui permettent d’occuper moins de terrain.
Verdict?
Les trois experts sont d’accord : il n’est pas nécessaire de privilégier particulièrement une option plutôt qu’une autre. « C’est un peu un faux débat ; le mieux est d’acheter les deux », explique Caroline Halde.
Et sans forcément choisir le bio ou le local, il faut avant tout encourager les pratiques agricoles durables, souligne Derek Lynch.
« Ce qui compte avant tout, c’est la philosophie de l’agriculteur, la manière dont il gère son exploitation. Qu’elle se concentre principalement sur la productivité ou qu’au contraire elle adopte une approche moins intensive, qui exploite les services écologiques rendus par les sols », explique-t-il.
Pour les trois experts, si l’empreinte environnementale de notre alimentation nous inquiète, ce dilemme entre bio et local n’est peut-être pas la bonne question à se poser.
Réduire la consommation de viande et limiter le gaspillage alimentaire restent les gestes numéro un à entreprendre pour réduire l’impact de son alimentation.
Caroline Halde, professeure à la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation de l’Université Laval
De plus, cela permet également d’alléger la pression sur votre portefeuille : 1 kg de lentilles coûte beaucoup moins cher qu’1 kg de bœuf.
« Le consommateur a beaucoup de pouvoir, sans s’en rendre compte, lorsqu’il fait ses courses. Ce que nous achetons, ce que nous exigeons, pousse les producteurs à s’adapter et les gouvernements à prendre des mesures dans le bon sens», souligne Catherine Houssard.
17%
Le pourcentage approximatif de l’alimentation dans l’empreinte carbone d’un Québécois, soit 1,5 tonne d’équivalent CO2
Source : Institut de la statistique du Québec, 2017
Ils ont dit
Force est de constater que nos élus manquent de vision et de courage en matière de gestion forestière, au détriment permanent du patrimoine naturel québécois.
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Il a dit
Reporter la conformité à 2030, c’est comme attendre la seconde moitié d’un match de hockey pour commencer à compter les points.
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A l’approche du 1ET En décembre, l’entreprise publique propose sur son site internet quelques astuces pour prolonger leur durée de vie et s’en débarrasser lorsque viendra le temps de les changer.
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