La visite du ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot à Jérusalem a été marquée jeudi par un incident diplomatique lorsque des policiers israéliens sont entrés “armés” et “sans autorisation”, selon le ministre, à Eléona, un site appartenant à la France. Dans la foulée, Paris a indiqué qu’il convoquerait l’ambassadeur israélien à Paris.
Ce qui s’est passé?
L’incident s’est produit jeudi, alors que le chef de la diplomatie française devait se rendre sur le domaine national français. Selon Jean-Noël Barrot, qui a dénoncé « une situation inacceptable », les forces de sécurité israéliennes sont entrées à Eléona « armées, sans obtenir au préalable l’autorisation de la France et sans accepter de repartir ».
Deux gendarmes français ont également été arrêtés. Lors des violents affrontements, la police israélienne a encerclé les deux policiers français, en saisissant un et en le jetant au sol avant de l’embarquer dans une voiture de police. Le fonctionnaire, qui s’est identifié, a crié à plusieurs reprises : “Ne me touchez pas !” « .
Les deux gendarmes ont ensuite été relâchés et il n’a pas été précisé pourquoi la police israélienne est entrée sur les lieux.
Comment la France a-t-elle réagi ?
“Cette atteinte à l’intégrité d’une zone sous la responsabilité de la France risque de fragiliser les liens que je suis venu cultiver avec Israël, au moment où nous avons tous besoin de faire avancer la région sur le chemin de la paix”, a dénoncé Jean-Noël Barrot à la presse, refusant de se rendre sur place.
“L’ambassadeur d’Israël en France sera convoqué au ministère dans les prochains jours”, a alors indiqué le ministère français des Affaires étrangères, ajoutant que la présence des forces de sécurité israéliennes sur le lieu du pèlerinage et la brève arrestation de deux gendarmes français “étaient pas acceptable”. « La France les condamne d’autant plus avec force qu’ils interviennent dans un contexte où elle met tout en œuvre pour œuvrer à la réduction des violences dans la région », ajoute le communiqué.
Israël, de son côté, assure que les questions de sécurité ont été « clarifiées » au préalable.
Cet incident survient alors que les relations entre Tel-Aviv et Paris se sont considérablement tendues ces dernières semaines, à la suite des déclarations du président Emmanuel Macron appelant à l’arrêt des ventes d’armes usagées à Gaza ou accusant Israël de « semer la barbarie ».
Pourquoi ce lieu a-t-il un statut particulier ?
L’Eleona, à l’intérieur de laquelle se trouve un monastère bénédictin, est située sur le Mont des Oliviers à Jérusalem-Est, la partie palestinienne de la ville occupée et annexée par Israël depuis 1967.
Construit sur la grotte dite du Pater, où le Christ aurait enseigné le Pater à ses disciples, c’est l’un des quatre domaines nationaux français de Jérusalem, avec le Tombeau des Rois, la Basilique Sainte-Anne et l’ancienne commanderie des Croisés de Abu Gosh, qui a la France.
“Le domaine Eléona (…) est un domaine qui non seulement appartient à la France depuis plus de 150 ans, mais dont la sécurité et l’entretien sont garantis par la France avec un énorme soin”, a déclaré le ministre. « L’intégrité des quatre secteurs dont la France est responsable ici à Jérusalem doit être respectée », a-t-il insisté.