Souvent froid et cynique face à l’invasion russe que subit l’Ukraine depuis près de deux ans et admirateur reconnu de Vladimir Poutine, Donald Trump pourrait sceller le sort de Kiev peu après son entrée en fonction, le 20 janvier 2025. Lors de la campagne présidentielle , le Républicain a promis de mettre fin aux hostilités “dans vingt-quatre heures”.
“Même s’il est habitué à ce type d’exagération, je ne doute pas qu’il tentera de régler le problème très rapidement”» déclare François Heisbourg, conseiller spécial à la Fondation pour la recherche stratégique et auteur deUn monde sans Amérique (Editions Odile Jacob). Critique régulier de l’importante aide militaire américaine versée à l’Ukraine, Donald Trump dispose de cet atout puissant pour contraindre Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, à négocier la paix.
De son côté, la Russie a affirmé qu’elle « travaillera avec la nouvelle administration » Trump tout en s’efforçant de« atteindre tous les objectifs fixés » une Ukraine. « Nos conditions restent inchangées et sont bien connues à Washington »a également indiqué le ministère des Affaires étrangères.
« Nous devrions nous attendre à ce que Trump et Poutine travaillent ensemble »
Volodymyr Zelensky a déclaré qu’il espérait que la réélection de l’ancien homme d’affaires pourrait « Rapprocher l’Ukraine d’une paix juste » et être l’occasion de « renforcer notre partenariat stratégique » avec les États-Unis. En réalité, « Poutine et Trump, qui ont récemment fait preuve d’un manque d’empathie envers l’Ukraine et Zelensky, devraient travailler ensemble pour imposer la paix à des conditions acceptables pour la Russie »prédit le conseiller.
En détails, “Moscou fait de l’éviction de Volodymyr Zelensky une condition pour l’arrêt des hostilités”explique François Heisbourg. En février 2022, Vladimir Poutine lance son invasion en espérant prendre Kiev rapidement, afin de renverser son gouvernement. L’armée ukrainienne l’en a empêché.
Des régions ukrainiennes cédées ?
La Russie a également annexé quatre régions d’Ukraine en septembre 2022, après la victoire du « oui » aux référendums qualifiée de “simulation” par les Ukrainiens et leurs alliés. Kiev accepte de céder ces quatre régions à la Russie, en plus de la Crimée, annexée en 2014, “n’est pas négociable dans le cadre d’un accord”juge François Heisbourg.
Certains dirigeants européens pourraient être contraints d’entamer un changement de cap afin de s’aligner sur la politique américaine. Jusqu’ici fidèle partisane de l’Ukraine et résolument atlantiste, la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, pourrait par exemple revoir ou modérer sa position. La femme d’extrême droite « s’est posée comme l’interlocutrice privilégiée de Donald Trumpnote le conseiller. Ce qui est sûr, c’est qu’elle n’enverra pas l’armée italienne pour défendre l’Ukraine.»
En tout cas, l’Europe “n’a pas les moyens et n’a probablement pas la volonté” aider suffisamment l’Ukraine pour qu’elle puisse tenir tête à l’armée russe en cas de retrait américain, analyse François Heisbourg.