soutien aux industries sensibles restreint par Bruxelles

soutien aux industries sensibles restreint par Bruxelles
soutien aux industries sensibles restreint par Bruxelles

L’envolée de l’électricité a été alimentée par celle du gaz en 2022, mais aussi par des pannes de réacteurs spécifiques à la France. En aval du marché, la Commission européenne a encadré les aides versées aux industries sensibles, dont la production ne s’est toujours pas redressée.

Jusqu’alors réservées aux cercles de techniciens, les subtilités du marché de l’électricité suscitent la polémique depuis fin 2021. Au cœur des critiques se trouve un mécanisme qui amplifie l’influence des centrales à gaz : lorsqu’elles sont appelées en dernier recours à satisfaire la demande, leur tarif s’applique à toute l’énergie vendue à la bourse européenne. Or, le prix du carburant a explosé mi-2022, lorsque la Russie a fermé les robinets qui l’acheminaient vers l’Europe.

Mais l’envolée de la consommation d’électrons a été alimentée par un autre facteur, cette fois spécifique à la France : l’arrêt de nombreux réacteurs nucléaires face à des soupçons de corrosion, qui a généré une forte « prime de risque » liée aux craintes. de coupes. De ce fait, les contrats permettant de sécuriser les livraisons (dits « forward ») sont devenus beaucoup plus chers en France que chez nos voisins, à partir de mai 2022. Ces transactions déterminent le niveau des offres à prix fixe, qui garantissent un coût stable sur une certaine période, ainsi que le tarif réglementé EDF.

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Si la libéralisation européenne n’est pas responsable des déboires de nos réacteurs, elle en a sans doute amplifié les implications, en favorisant la disparition des moyens de production. ” De nombreuses centrales électriques au gaz et au charbon ont fermé leurs portes dans les années 2010, car les prix du marché étaient trop bas pour rémunérer les investissements. », rappelle Jacques Percebois, directeur du Centre de recherche en économie et droit de l’énergie (CREDEN). De quoi alimenter les craintes de coupes lorsque la crise arrivera, et donc de la « prime de risque » qui a gonflé les prix français.

Aide encadrée

En effet, les factures dépendent aussi de la régulation mise en place par l’État, qui peut dissocier le coût pour le consommateur des prix du marché. Le gouvernement a ainsi pu plafonner la hausse du tarif réglementé d’EDF, grâce à son « bouclier tarifaire ». Grâce à ce mécanisme, les factures des ménages ont moins augmenté que le coût de notre approvisionnement en électricité en 2022.

Mais la dynamique s’est inversée l’année suivante : alors que nos coûts de production ont baissé grâce au redémarrage des réacteurs, le prix réglementé n’a fait qu’augmenter jusqu’à aujourd’hui. Dans le cadre de son montant actuel, décidé en février par le gouvernement, l’énergie fournie est estimée à environ 130 euros par MWh. Dès l’année dernière, le coût de production français était tombé à environ 75 euros par MWh, selon une analyse du cabinet d’analyse S&P Global transmise à Marianne. En cause dans cet écart : la formule utilisée par la Commission de régulation de l’énergie (CRE), qui se base sur les prix des électrons observés ces deux dernières années… remontant ainsi aux sommets atteints fin 2022.

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Du côté des entreprises, les aides publiques ont été supervisées par la Commission européenne, qui veille à ce que les subventions ne faussent pas la concurrence. La France a pleinement profité de la latitude laissée par Bruxelles, mais cela n’a pas suffi à amortir le choc pour les industries les plus gourmandes en électricité. Entre 2021 et 2023, la production d’acier a par exemple chuté de 26,2 % selon l’Insee. Et s’en remet à peine début 2024, restant 20,8 % en dessous de son niveau d’il y a trois ans. Les cadences de production restent également en berne dans nos usines de chimie (-13,8% par rapport à début 2021) et de papier et carton (-9,8%). Reviendront-ils un jour à leur point bas d’avant-crise ?

 
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