«J’étais comme dans un trou noir» confie l’accusé

Seize appartements et un restaurant endommagés, le presbytère de l’église Saint-Pierre saccagé et neuf voitures incendiées au total : c’est le lourd bilan de la série d’incendies criminels, commis entre mars et mai 2022 à Pau, imputés à Fataharhman Awad Allah Abdalkrem .

Son procès s’est ouvert ce lundi matin devant le tribunal correctionnel des Pyrénées-Atlantiques. Il risque jusqu’à 20 ans de prison pénale.

« Qu’est-ce qui m’a pris de faire ça ? » La question tourne en boucle pour ce réfugié soudanais de 35 ans. Mais la réponse ne vient pas. « Aujourd’hui, nous en sommes presque au même point qu’au début de la procédure », soupire le président Dominique Coquizart.

“J’étais tellement mauvais”

« Fathi », comme on le surnomme, ne ménage pourtant aucun effort pour répondre aux questions, même si une grande partie de ses déclarations sont malheureusement occultées par la mauvaise acoustique de la salle. «J’étais tellement mal à ce moment-là», répète l’accusé. “J’étais comme dans un trou noir.”


L’incendie de la rue Henri-Faisans a nécessité d’importants moyens d’urgence.

Archiver le torrent Ascension

« Le plus spectaculaire » des incendies a été celui de l’immeuble de la rue Henri-Faisans, dans la nuit du 3 au 4 mai 2022. L’événement est resté dans la mémoire de nombreux Palois.

L’incendie a mobilisé jusqu’à une centaine de pompiers toute la nuit et une partie de la journée suivante. Des photos de la toiture, détruite à « 70 % », défilent sur les écrans. Le bâtiment serait aujourd’hui « irrécupérable ».

Heureusement, il n’y a eu aucun mort, mais une jeune femme a été grièvement blessée lorsqu’elle a sauté du deuxième étage pour échapper aux flammes. Victime de plusieurs fractures (45 jours d’incapacité totale de travail), elle a aussi laissé une partie de son avenir en cendres.

Étudiant en licence d’informatique

Elève de classe préparatoire au lycée Louis-Barthou, elle n’a jamais pu passer les concours des grandes écoles auxquelles elle se destinait. Son témoignage est attendu ce mardi matin.


Dans la nuit du 11 au 12 mai, les locaux de l’aumônerie de l’église Saint-Pierre ont été visés.

Archives Marc Zirnheld

Fathi a également été étudiant en licence d’informatique à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour (UPPA). « Il ne se passe pas un jour sans que je réfléchisse aux actes que j’ai commis », soupire celui qui, en détention, a entamé un suivi psychologique « pour comprendre ». “Je regrette cette période très difficile de ma vie”, ajoute-t-il en s’excusant auprès des victimes.

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Le portrait qui est dressé de ce jeune homme, arrivé à Pau en 2017 après le démantèlement de la « jungle » de Calais, est pourtant élogieux. Les « efforts d’insertion » de ce garçon « gentil », « débrouillard », « très motivé », « jovial » sont salués par tous. Même en prison, il est décrit comme un « détenu modèle ».

L’alcool et le côté obscur

Mais le dossier révèle la face sombre de ce « solitaire » et son addiction à l’alcool, dénominateur commun de tous les faits qui lui sont reprochés. À l’époque, Fathi buvait « beaucoup » et « tous les jours », reconnaît-il.


Plusieurs voitures ont été incendiées, quartier de Saragosse.

Archives Jean-Philippe Gionnet

Des comportements « inappropriés » envers les filles sont également évoqués. Il s’est mis en colère contre un ami et a été expulsé d’une fête peu avant l’incident. Elle s’est déroulée au 5 rue Darrichon, dans l’immeuble où il a allumé ses premières lumières.

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La vengeance comme motif ? Fathi tergiverse. Les souvenirs et les motivations ont été dilués par sa consommation excessive d’alcool.

Même si c’est « un sentiment de rejet » qui l’a poussé à incendier la nuit même, alors que les Alliés traversaient, la voiture d’une femme dont le regard sur lui, dit-il, « avait changé ». «J’étais hors de moi», avoue Fathi. « Pourquoi le feu ? » tente le président. «C’est là la question», lui répond l’accusé.

27 victimes en moins de deux mois

L’affaire compte pas moins de 27 victimes, mais toutes ne se sont pas constituées parties civiles. La série a débuté dans la nuit du 18 au 19 mars 2022, dans un immeuble de la rue Darrichon et passage des Alliés où deux voitures ont été incendiées. Puis, dans la nuit du 3 au 4 mai, l’immeuble de la rue Henri-Faisans a été ravagé par les flammes. Puis, le 12 mai, sept véhicules ont été incendiés dans le quartier de Saragosse. La même nuit, il cambriole et incendie le presbytère de l’église Saint-Pierre, avenue Schuman.

 
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