« À partir de rien, l’UE change notre vie quotidienne »

« À partir de rien, l’UE change notre vie quotidienne »
« À partir de rien, l’UE change notre vie quotidienne »

La Croix-L’Hebdo : Comment vas-tu ?

Marie-Raphaëlle Minier : Je suis très bien merci ! Je suis bientôt en vacances donc je me sens encore mieux ! (Des rires.) La période n’est pas forcément facile au travail. Les différentes crises, du Covid à la guerre en Ukraine, ont des conséquences sur nous. L’inflation pèse particulièrement en remettant en cause certains financements, privés ou publics. Il faut donc beaucoup se battre pour les maintenir et ce n’est pas facile.

Les élections européennes ont souvent du mal à mobiliser en France. Que diriez-vous à un futur abstentionniste pour qu’il change d’avis ?

M.-RM : Je lui rappellerai qu’il appartient à la plus grande démocratie du monde avec 450 millions de citoyens et que le Parlement européen est la plus importante institution élue au suffrage universel direct. Chacun peut juger de ce qui est bon ou mauvais et voter pour qui il veut, mais c’est une chance. J’aime aussi informer sur les changements concrets décidés par l’Europe comme, récemment, l’interdiction de certains matériaux polluants dans les poêles ou la standardisation des chargeurs mobiles.

Il semblerait que l’Union européenne change notre vie quotidienne. La question de la participation se pose particulièrement pour les jeunes générations. Je me rends compte qu’ils sont attachés à l’Europe, qu’ils sont très engagés pour l’environnement par exemple, mais qu’ils ne votent pas. Nous devons veiller à ce que les jeunes fassent le lien entre leurs priorités politiques et le rôle de l’Europe dans leur vie quotidienne, qui est toujours primordial.

Quelles sont les idées reçues sur votre métier qui vous agacent ?

M.-RM : Que ce soit lors des repas de famille ou lors des événements organisés par la Maison de l’Europe, la remarque classique est : « L’Europe ne sert à rien. » C’est une idée très courante et malheureusement, lorsque j’approfondis la personne, je constate souvent qu’elle ne connaît pas le sujet. Je vous invite donc à faire des recherches, à regarder sur Internet ce que vote le Parlement, à comparer le nombre de textes significatifs votés en un an à Strasbourg ou en France, à chercher les changements concrets lancés par l’Europe. En général, je ne parle pas de méchanceté gratuite, c’est surtout une question d’ignorance.

Quelle est votre dernière colère ?

M.-RM : Une fondation, qui présente sa mission d’aide à la jeunesse et qui nous soutient depuis plusieurs années, nous a récemment fait savoir qu’elle ne renouvelait pas sa contribution. Pour justifier sa décision, elle a indiqué que l’avenir professionnel des jeunes Européens n’était pas sa priorité. J’étais très ennuyé.

Nous aidons des jeunes qui ont parfois des difficultés avec le système scolaire traditionnel à découvrir de nouvelles choses pour les aider à s’intégrer et à s’épanouir dans le monde du travail, alors entendre ce refus était difficile. Par exemple, nous soutenons des jeunes qui n’ont même pas de diplôme collégial et qui parviennent à obtenir un stage. Si un tremplin professionnel proposé par l’Europe n’est pas intéressant pour cette fondation, alors qu’est-ce qui l’est ?

Sur quel sujet avez-vous récemment changé d’avis ?

M.-RM : Peut-être élever des enfants. J’en avais une vision assez stricte et j’ai évolué sous l’influence de mon mari qui travaille dans le secteur de l’enfance. Il est très engagé contre les violences éducatives ordinaires. Je n’étais évidemment pas violent, mais j’ai appris à changer mon point de vue. Nous oublions que les enfants ne voient pas le monde comme nous, qu’ils ne pensent pas comme nous, donc interroger nos pensées d’adultes n’est pas toujours très pertinent. Cela a pris du temps car il faut savoir mettre son ego pour accepter d’évoluer. Mais il y a aussi une question d’efficacité. Passé un certain temps, quand ce que l’on cherche à mettre en place ne fonctionne pas, on réfléchit à d’autres pistes.

Qu’est-ce qui changerait votre vie en ce moment ?

M.-RM : Honnêtement, de meilleures conditions matérielles. Un salaire un peu plus élevé m’aiderait. Mon employeur fait ce qu’il peut, avec les contraintes budgétaires que j’ai déjà évoquées, mais l’inflation pèse lourd. Je vois le prix des pâtes, de la viande, des transports en commun augmenter… Je suis tombée sur une vieille facture de cantine de ma fille. En dix ans, le prix a augmenté de près de 70 %. Vivre en région parisienne coûte également assez cher, mais des amis qui habitent dans d’autres grandes villes constatent également l’augmentation. Et je ne me vois pas quitter Paris.

 
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