Christian Estrosi se défend contre toute attaque contre la laïcité

Christian Estrosi se défend contre toute attaque contre la laïcité
Christian Estrosi se défend contre toute attaque contre la laïcité

Que le maire accomplisse un acte de dévotion à « le créateur suprême » et l’Église le remercie « perpétuer la confiance des Niçois en la Vierge Marie »est-ce vraiment conforme à la laïcité et à la République ?

Dimanche matin s’est tenu le renouvellement du Vœu de Nice, une des fêtes identitaires, où la religion chrétienne se mêle aux traditions communales.

Il s’agit d’une célébration qui répond à un engagement pris par le consul – l’ancêtre du maire, avant le rattachement de Nice à la France – le 25 avril 1832.

De peur que le choléra qui faisait des dizaines de morts en France n’atteigne la ville, le consul fit appel à Dieu. Si elle a été entendue, la municipalité s’est engagée à construire une église et à renouveler sa dévotion chaque année.

Nice a été épargnée, la municipalité a construit l’église du Vœu et chaque année, le maire respecte cet engagement : procession derrière la Vierge Marie.

Départ de l’ancien hôtel de ville, dans le Vieux Nice, vers l’église du Vœu, où il renouvelle sa dévotion au Saint.

Le maire exhorte ses électeurs à adorer Dieu

C’est très clair : pour remercier Dieu de les avoir protégés de la maladie, le maire engage la vénération de ses administrés. D’ailleurs le curé le remercie « perpétuer la confiance des Niçois en la Vierge Marie ».

Christian Estrosi est régulièrement accusé par la gauche de faire preuve d’une laïcité à géométrie variable. En luttant contre le port du voile dans l’espace public, en criant à la hâte des prières musulmanes à l’école. Et en participant aux « traditions » chrétiennes.

Est-ce pour anticiper les polémiques ? Ou pour flatter son électorat le plus conservateur à l’approche des élections européennes ? Le maire a lui-même évoqué le sujet. “Je vois déjà ceux qui vont s’en prendre aux réseaux sociaux.”

“Ce texte n’a jamais été contesté”

Christian Estrosi défend l’idée que les textes ont été pris avant le rattachement du Comté de Nice à la France : « Même si nous respectons la séparation de l’Église et de l’État, nous avons obtenu le droit de préserver les délibérations prises par nos prédécesseurs. Ce texte n’a jamais été contesté. C’est bien enregistré par les services de la préfecture, comme un texte qui s’applique.

À l’époque, « Nous considérions que le moyen le plus efficace de conjurer la contagion était d’implorer la miséricorde du Créateur suprême. Nous y croyions plus qu’à la science ».

Avant de passer à l’offensive identitaire : ces cérémonies « à la fois une valeur de civilisation, un héritage transmis par l’Église, même si l’Europe n’a jamais accepté l’idée que nous ayons un héritage chrétien. Ici, nous y sommes attachés et nous souhaitons que la ville de Nice soit identifiée comme telle.

Parmi les fidèles interrogés, la plupart sont croyants. Certains sont même surpris d’y voir des élus. D’autres ironisent sur leur présence, comme s’ils venaient “pour solliciter quelques votes”.

« C’est l’une des plus anciennes traditions niçoises, dit Jean-Marie. Notre-Dame du Vœu a quand même sauvé la ville. Il faut que le maire vienne, il y a déjà les adjoints !

« Il ne faut pas oublier que Nice est avant tout une ville catholique », insiste-t-il. Mais il n’y a pas non plus une foule innombrable ce dimanche matin. « S’il n’y avait pas la plage, il y aurait plus de monde ».

Certains se souviennent du soutien apporté aux musulmans par Christian Estrosi, lors de l’Aïd el-Fitr, notamment en mettant à disposition des locaux. “Le maire embrasse toutes les religions, c’est son rôle”Michel y croit.

Aleksandra, 37 ans et guide touristique, est plutôt déçue de la tournure du discours. « J’aurais aimé qu’il parle un peu plus du festival, pourquoi le faire chaque année… D’accord, c’est une tradition, mais la ville n’est plus la même qu’il y a 200 ans. Là, il en a fait un discours politique, mais on ne défend pas nos valeurs en s’opposant… »

Élus et laïcité, une relation « floue »

Quelle est la responsabilité des élus de la République, et notamment des maires, face à la laïcité ? La laïcité s’articule déjà autour de deux principes : la non-ingérence de l’État et le respect de la liberté de religion et de conscience. Un élu n’est pas censé favoriser une religion plutôt qu’une autre.

Mais la question concrète des conditions de “neutralité” sont “beaucoup plus vague”, constate Jean-Baptiste Chevalier, avocat en droit public, sur son blog consacré au droit administratif. “Et pourtant, cette question mérite d’être éclaircie, tant elle fait régulièrement l’actualité.”

Elle rapporte l’Association des Maires de France, qui indique que « Les élus, et notamment les maires et leurs adjoints, doivent adopter une attitude personnelle neutre et laïque dans l’exercice de leurs fonctions. »

En revanche, se présenter et soutenir les communautés religieuses est une bonne chose. Et d’ailleurs le maire de Nice le fait avec les musulmans lors de l’Aïd. Il y a des lignes rouges : ne pas financer le culte, stigmatiser au nom d’une religion, faire du prosélytisme.

En cela, d’où vient le fait de signer une dédicace à Dieu, au nom des administrés, pour revendiquer cette “Héritage chrétien”?

 
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