Philippe Cruette, ancien directeur général du groupe Bordeaux Nord Aquitaine Santé, licencié pour cause d’inflation

Philippe Cruette, ancien directeur général du groupe Bordeaux Nord Aquitaine Santé, licencié pour cause d’inflation
Philippe Cruette, ancien directeur général du groupe Bordeaux Nord Aquitaine Santé, licencié pour cause d’inflation

Il est parti en laissant un post sur le réseau social professionnel Linkedin. Sobre et digne : « C’est le cœur lourd que je prononce ces mots. Je quitte GBNA, je ne voulais pas cette situation mais je respecte la décision des actionnaires. » Philippe Cruette, 47 ans, a été démis de son mandat de directeur général du Groupe Bordeaux Nord Aquitaine Santé, après seize ans de « bons et loyaux services », une approche visionnaire du positionnement régional de ce groupe familial, et un sens aigu de l’engagement. la mission de santé publique.

Céline Etchetto, aujourd’hui directrice générale adjointe de l’Institut Bergonié, déléguée pendant le Covid à l’Agence régionale de santé Nouvelle-Aquitaine pour la prise en charge et la préparation aux situations sanitaires exceptionnelles, se souvient : « Je n’oublierai pas la solidarité en 2020 et 2021 pendant la crise du Covid. , de la polyclinique de Bordeaux-Nord, le transfert des patients à tout moment… » Philippe Cruette, qui en était alors également directeur, a accepté de faire le point sur ces années, et de revenir sans ressentiment sur les raisons de son licenciement.

Que s’est-il officiellement passé ? Pourquoi avez-vous été démis de votre mandat de directeur général de GBNA santé et comment l’avez-vous appris ?

Les actionnaires m’ont prévenu fin janvier 2024 qu’une révocation de mon mandat de CEO était envisagée, je ne m’y attendais pas du tout. Officiellement, des raisons économiques ont motivé cette décision. En 2023, le groupe n’a pas répondu aux prévisions. Les actionnaires veulent aussi contrôler désormais 100% des mandats du groupe, alors que j’avais une autonomie de PDG, certainement définie au sein du directoire. J’ai pu définir une politique générale et l’assumer tant en interne qu’en externe.

Le groupe est en plein essor puisqu’il vient d’acquérir un nouvel établissement en Dordogne à Périgueux. Vous évoquez des difficultés économiques, quelles sont-elles ?

L’inflation, la crise actuelle des cliniques privées. Ce mouvement de grève historique, avec des portes fermées partout en France entre le 3 et le 5 juin, montre à quel point nous avons pris de plein fouet cette inflation. Le gouvernement a choisi de privilégier la tarification de l’hôpital public, sans voir que nous sommes nous aussi des acteurs essentiels de la santé, et que nous sommes en difficulté. En ce qui me concerne, le déficit de 2023 est lié à l’augmentation des dépenses énergétiques, notre facture a triplé, nous sommes de gros consommateurs d’énergie, notamment au bloc opératoire, sur les plateaux techniques, en radiologie, etc. L’Ukraine a créé de grandes difficultés pour s’approvisionner.

« ‘Il n’y a pas de vent favorable au marin qui ne connaît pas sa route’ : cette phrase de Sénèque m’a guidé toute ma vie »

Quel a été votre parcours au sein du groupe ?

Déjà, je viens du monde de la santé, mes parents étaient médecins, mais contrairement à eux, j’avais un appétit pour l’économie. J’ai commencé une vie professionnelle dans ce sens, avec l’idée de poursuivre un jour une carrière de directeur d’établissement de santé. « Il n’y a pas de vent favorable au marin qui ne connaît pas sa route » : cette phrase de Sénèque m’a guidé toute ma vie. Lorsque j’ai rejoint la polyclinique de Bordeaux-Nord il y a seize ans, recruté par le PDG, feu Guy-Paul Guichard, fondateur du groupe, l’établissement était économiquement fragile et souffrait d’un manque d’organisation. Elle comptait 800 salariés en 2008. J’ai travaillé main dans la main avec Guy-Paul Guichard, mon bureau à côté du sien, avec des échanges constants. Il avait de la rigueur, du bon sens, mais aussi l’envie permanente de se remettre en question, d’aller de l’avant. En dix ans, nous avons changé de groupe…

Quelle était alors votre stratégie et comment avez-vous changé de cap ?

Pour changer de cap, il faut déjà faire le point sur la situation. Bordeaux-Nord n’était pas à la bonne place chirurgicalement, mais il y avait clairement un créneau à prendre. Nous avons triplé le nombre de salles d’opération en effectuant des travaux section par section, embauché des chirurgiens de toutes spécialités et, en deux ans, tout était terminé. Entre 2012 et 2019, nous avons doublé de taille. Les urgences de la région bordelaise s’appuyant sur le seul CHU de Bordeaux, nous avons décidé de faire intervenir les urgences. En dix ans, trois programmes d’expansion ont été réalisés. Nous effectuons désormais 35 000 visites par an, soit le même nombre de visites qu’au CHU pour adultes.

En 2020, vous êtes nommé PDG du groupe. C’était une démonstration de confiance, non ?

Disons que cette nomination était « naturelle » dans le contexte. Pendant un an, j’ai été à la fois PDG du groupe et directeur de la polyclinique de Bordeaux-Nord, avec une feuille de route définie par les actionnaires et une mission : se développer en Nouvelle-Aquitaine, pour devenir la référence de l’hospitalisation privée. de toute la région. C’est fait. GBNA santé compte aujourd’hui 12 établissements situés majoritairement en Gironde, mais également en Béarn, Dordogne et Charente.

 
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