« La forme conditionne le fond, il y a une majesté, un sérieux, une solennité du rite ancien qui donne l’impression à beaucoup de fidèles de participer à une messe qui est véritablement un Saint Sacrifice et non une simple assemblée communautaire »

« La forme conditionne le fond, il y a une majesté, un sérieux, une solennité du rite ancien qui donne l’impression à beaucoup de fidèles de participer à une messe qui est véritablement un Saint Sacrifice et non une simple assemblée communautaire »
« La forme conditionne le fond, il y a une majesté, un sérieux, une solennité du rite ancien qui donne l’impression à beaucoup de fidèles de participer à une messe qui est véritablement un Saint Sacrifice et non une simple assemblée communautaire »

Regard intéressant de Jean-Yves Camus, venu à Chartres découvrir les pèlerins de Notre-Dame de Chrétienté :

Le pèlerinage de Pentecôte organisé par Notre-Dame de Chrétienté a confirmé l’existence d’un catholicisme traditionnel qui apparaît à l’extérieur avec une certaine vigueur. C’est ce qui est apparu, sur place, à l’auteur de ces lignes, observateur extérieur puisqu’il n’est pas chrétien, mais néanmoins attentif aux débats qui traversent le catholicisme français.

Le succès de Chartres n’est pas principalement une question de nombre : les pèlerins étaient environ 18 000 alors qu’Yves Chiron, dans sa remarquable Histoire des traditionalistes, donne le chiffre de 35 000 en 1987, soit avant l’affaire du sacre qui sépara les communautés Ecclesia Dei et la Fraternité Saint-Pie Ce qui indique qu’ils détiennent une part significative de l’avenir du catholicisme, puisqu’ils fourniront des fidèles, des catéchistes et, sans aucun doute, des vocations. L’un des défis pour l’avenir est donc de savoir comment l’Église peut à la fois poursuivre les orientations du pontificat actuel, et laisser place à la sensibilité traditionaliste. Elle se sent cependant blessée par les restrictions apportées en 2021 à la célébration selon le rite extraordinaire, à laquelle Benoît XVI avait redonné reconnaissance et visibilité. Quand on voit la foule à Chartres, on comprend qu’il serait imprudent de la part de l’Église de laisser se creuser le fossé entre Rome et les fidèles de tradition. D’autant que tout un tissu associatif, un important contingent scout et tout le réseau des écoles catholiques proches des communautés Ecclesia Dei sont présents dans le cortège et sont autant de forces vives.

Mais, m’a-t-on dit, ne voyez-vous pas que ces gens sont d’extrême droite ? Que leur objectif est politique et qu’ils épousent un catholicisme « identitaire ». Cette interprétation prend la partie pour le tout. Il y avait certainement, à Chartres, des militants de l’Academia Christiana, des royalistes et même Marion Maréchal. Et l’idée même du pèlerinage est venue à Bernard Antony, qui deviendra élu du FN. Cependant, la foule des pèlerins était nettement plus diversifiée, les marcheurs étant plus intéressés par l’expérience spirituelle que par la politique. Que les fidèles de la tradition soient, dans leur grande majorité, politiquement conservateurs et opposés aux grandes réformes sociétales qui vont à l’encontre de l’enseignement de l’Église, c’est certain. Mais s’opposer au projet de loi sur la fin de vie n’est pas une preuve d’extrémisme : c’est être fidèle au magistère de l’Église. Le problème majeur de la perception du pèlerinage chartrain en dehors du milieu « traditionnel » est que les mots « magistère », « doctrine », « tradition » sont devenus incompréhensibles. Pour les athées, c’est clair ! Mais même pour les catholiques « culturels », la cohérence des tenants de la tradition est vue comme un anachronisme, alors que c’est justement le refus de voir le dépôt de la foi ballotté au vent de l’adaptation au monde, ce faux impératif qui détermine que vous soyez un (bon) progressiste ou un (mauvais) réactionnaire.

Il existe certainement des tensions entre le programme des organisateurs et un État constitutionnellement laïc. Notre-Dame de Chrétienté se définit comme voulant « la réalisation, dans la vie de la cité, de la royauté du Christ sur toute la création et, en particulier, sur les sociétés humaines ». Cet objectif, d’ailleurs énoncé par le catéchisme de l’Église, doit être poursuivi sans raviver d’anciennes fractures religieuses. Mais cela vaut aussi pour ceux dont le combat consiste à faire disparaître les croix et les calvaires de nos paysages. L’association revendique également une « volonté de résistance nationale et chrétienne » qui peut passer pour une profession de foi en politique nationaliste. Il serait dommage que cette affirmation, somme toute classique, du rôle éminent de la foi chrétienne dans l’identité nationale occulte la dimension spirituelle de l’événement que j’ai vu.

Mon impression personnelle est d’avoir rencontré des hommes et des femmes en quête. De réflexion sur le sens de leur vie, puisqu’ils étaient appelés à méditer sur les fins dernières. Enracinés, non pas dans une identité ethnique, mais dans une liturgie et des rites séculaires qui les relient aux sources mêmes du christianisme. En tant qu’observateur extérieur encore une fois, j’ajoute que la beauté du rite traditionnel ne me semble pas faire de ceux qui le pratiquent de simples esthètes. La forme conditionne le fond, il y a une majesté, un sérieux, une solennité du rite ancien qui donne à de nombreux fidèles l’impression de participer à une messe qui est véritablement un Saint Sacrifice et non une simple assemblée communautaire. Bref, Chartres est une manifestation du pouvoir d’attraction conservé par le rite ancien et la doctrine traditionnelle, dont il faut noter qu’ils provoquent des conversions.

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