Mais pourquoi la Chine n’a-t-elle pas encore déclaré la guerre à Taipei ? – .

Mais pourquoi la Chine n’a-t-elle pas encore déclaré la guerre à Taipei ? – .
Mais pourquoi la Chine n’a-t-elle pas encore déclaré la guerre à Taipei ? – .

Une dernière répétition avant, peut-être, de passer à l’action. La Chine a lancé jeudi des manœuvres militaires, baptisées « Joint Sword-2024A », autour de Taïwan afin de vérifier la « capacité à prendre le pouvoir et des frappes conjointes », a indiqué le porte-parole de l’armée chinoise. De toute évidence, Pékin menace de lancer une invasion de l’île, qui lui résiste depuis 1949.

Mais depuis de nombreux mois, l’armée chinoise multiplie régulièrement les violations de l’espace aérien et maritime de Taiwan. Présentées comme une « punition sévère » dans le discours d’investiture du président taïwanais Lai Ching-te, ces nouvelles manœuvres traduisent-elles une réelle montée de ton ? Qu’est-ce qui empêche Pékin de déclencher un conflit ? Quelle a bien pu être l’étincelle qui a mis le feu aux poudres ? 20 minutes fait le point avec Jean-Vincent Brisset, chercheur associé à l’Iris et spécialiste de la Chine.

Les manœuvres chinoises montrent-elles une réelle montée des tensions ?

Les propos sont durs, menaçants, destinés à impressionner. L’exercice chinois constitue un “sérieux avertissement” aux “séparatistes” de l’île qui se terminera “dans le sang”, a déclaré jeudi Wang Wenbin, porte-parole de la diplomatie chinoise. Pékin a même accusé Lai Chang-te d’être responsable des tensions et de pousser le pays « vers la guerre ». Pour autant, “il n’y a rien de nouveau dans ces exercices”, estime Jean-Vincent Brisset.

Jeudi, le ministère de la Défense de Taiwan a annoncé avoir détecté 49 avions chinois, « dont 35 ont franchi la ligne médiane », coupant en deux le détroit de Taiwan, entre l’île et le continent. “Cela semble être de la même ampleur qu’en 2022 lors de la visite de Nancy Pelosi”, alors présidente de la Chambre des représentants américaine, poursuit l’expert. Pékin, qui « s’immisce dans tous les événements politiques à Taiwan », a déclenché ces exercices « sans surprise », comme pour maintenir la pression.

Pourquoi Pékin ne lance-t-il pas d’offensive ?

“Sur les moyens militaires, il n’y a pas de photo”, la Chine est clairement supérieure. L’armée chinoise compte plus de deux millions d’hommes, un nombre d’avions, de navires et de chars bien supérieur à celui de Taiwan, et Pékin possède des armes atomiques. Sur le papier, c’est vite résolu. Cependant, Taipei est préparé à cette éventualité depuis soixante-dix ans. « Défendre une île est facile, une invasion coûterait très cher sur le plan militaire », estime Jean-Vincent Brisset.

D’autant que Taïwan pourrait ne pas lutter seul, le pays entretenant des relations fortes avec Washington. “Il n’y a pas d’alliance formelle” entre les deux pays, en raison de l’ambiguïté diplomatique des Etats-Unis, mais “des textes qui les amèneraient à réagir”, tempère le chercheur associé à l’Iris. Une capture de Taïwan par la Chine serait également « physiquement insupportable pour le Japon, puisque 40 % du trafic maritime mondial transiterait par une zone contrôlée par Pékin ».

Plus généralement, même sans entrer directement dans le conflit, l’agression chinoise « coûterait également cher à la communauté internationale ». Largement intégrée au marché mondial, « la Chine n’a pas du tout la résilience de la Russie » en cas de mesures de représailles économiques.

Quelle pourrait être l’étincelle qui met le feu aux poudres ?

Pour agir, il faudrait donc que Pékin soit plus que sûr de son action. Jean-Vincent Brisset évoque la « seule ligne rouge » jamais tracée par la Chine : « Pékin dit depuis plus de vingt ans qu’une déclaration formelle d’indépendance conduirait à un attentat. » Lai Ching-te, qualifié par Pékin de « séparatiste dangereux », se définissait avant son élection comme « un architecte pragmatique de l’indépendance », mais avait récemment assoupli ses positions.

Plus d’informations sur Taïwan ici

Il existe également la possibilité d’assister à une « explosion irrationnelle d’un conflit », reconnaît Jean-Vincent Brisset. Face aux résistances démocratiques à Hong Kong et aux manifestations lors de l’épidémie de Covid-19, Xi Jinping « connaît des problèmes de politique intérieure ». “Le risque est qu’il soit tenté d’unir le pays derrière lui en provoquant un conflit, comme l’Argentine avec les Malouines”, souligne l’expert. L’issue serait alors très risquée pour celui qui se considère comme « président d’une Chine unique ».

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Auchan et Rocca favoris pour reprendre les magasins Casino en Corse – 14/06/2024 à 09:46
NEXT Jens Stoltenberg veut garantir que les membres de l’OTAN aident l’Ukraine à long terme