« Une année riche et dense »c’est par ces mots que Chaynesse Khirouni, présidente du Département de Meurthe-et-Moselle, résume cette première phase de déploiement de l’expérimentation nationale « Territoire Zéro Sans Recours ». L’ambition de ce système, encore balbutiant, est de lutter contre le non-recours aux droits sociaux. Une démarche dans laquelle la Meurthe-et-Moselle s’était déjà engagée à travers sa feuille de route 2022-2028 en affirmant sa volonté d’accompagner ces soi-disant personnes. « invisible ». « Si l’on prend l’exemple du RSA, 34 % des éligibles n’en font pas la demande. » Un pourcentage beaucoup plus élevé en ce qui concerne le minimum vieillesse, atteignant « près de 50 % ». Il s’agit donc de changer d’approche et d’inverser la tendance en allant à la rencontre de ces publics souvent fragiles. Une approche qui permet ainsi “lutte contre la pauvreté” et, plus largement, “la stigmatisation de certaines populations”.
Une approche “aller vers” qui s’est traduit dans un premier temps par une désinstitutionnalisation du système, rebaptisé « Avec vous pour vos droits ». Une formule choisie en concertation “avec les résidents et les équipes concernées”voudrais préciser celui choisi, car jugé “plus facile à comprendre”. Il a également été décidé qu’aucun logo officiel n’apparaîtrait sur les supports de communication utilisés.
Plus de 400 personnes rencontrées
Si la période 2023 a surtout permis de “bougez”avec le soutien de différents partenaires, une quarantaine d’actions de terrain ont été déployées depuis janvier 2024. À commencer par des actions d’information et de sensibilisation dans différents lieux de la métropole du Grand Nancy. Lors de ces échanges, plus de 400 personnes ont été rencontrées et plus d’une centaine de droits abordés. « Plusieurs facteurs ont été identifiés. Tout d’abord, la complexité de l’administration, parfois couplée à un manque de maîtrise des outils numériques. D’autres ont simplement honte de demander.note Chaynesse Khirouni. Parmi ces personnes rencontrées, plus d’une soixantaine ont pu réaliser des évaluations individuelles et “25 d’entre eux ont pu accorder des droits”. Parallèlement, un comité de pilotage a été créé, désormais au complet, composé de deux représentants des résidents et de représentants des travailleurs sociaux ainsi que la mise en place d’un numéro de téléphone direct et unique.
Parallèlement, des réunions régulières avec la CAF, la Carsat et la CPAM ont permis d’élaborer les bases d’un accord relatif au partage des données. « Il s’agit de sécuriser les échanges entre les différentes équipes professionnelles, du Département et des opérateurs sociaux, pour ne pas sortir du cadre légal. Ce document doit nous faciliter l’échange d’informations, afin d’apporter une réponse rapide. »
Dynamique du partenariat
Prochaine étape ? Le déploiement de l’expérimentation au sein des territoires ruraux «au cours du premier semestre 2025». En ce sens, la collectivité a lancé un appel à candidatures auprès des communes, des établissements publics de coopération intercommunale (EPCI), des associations ou « toute autre structure répondant aux conditions du cahier des charges ». Dans le détail, les projets soutenus doivent inclure un ou plusieurs quartiers prioritaires et petites communautés, notamment rurales. Les candidatures doivent être déposées avant le 20 novembre. « Nous avons pris conscience de la nécessité d’un préalable qui est l’impulsion d’une dynamique partenariale. Le Département ne peut pas mener seul cette expérimentation, sinon elle ne fonctionnera pas. En effet, les territoires, dans la diversité de leurs partenaires, doivent s’inscrire dans une démarche engagée et impliquée. On ne peut pas simplement copier/coller ce qui a été fait. À une réponse spécifique au territoire rural. Nous aurons des sujets liés à la mobilité, à l’accès aux services publics, etc. D’autant que ces derniers ne sont pas présents de la même manière dans tous les territoires. »