La veste de Chaplin, la robe d’Ingrid Bergman, le dossier d’Al Capone… des objets mythiques de l’entre-deux-guerres aux Etats-Unis, à voir au Mémorial de Caen

Le diadème de Gloria Swanson

Le diadème de Gloria Swanson dans Madame Sans-Gêne.Paramount Pictures

L’un des symboles des « Années folles », ces années 1920 où règnent l’insouciance et la culture du divertissement aux Etats-Unis, est sans doute le cinéma, loisir très prisé des Américains. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : environ 10 000 films ont été produits au cours de la décennie et environ 100 millions de spectateurs se sont rendus au cinéma chaque semaine. Hollywood attire l’apparition de grandes stars, dont Gloria Swanson, l’une des figures du cinéma muet. Le diadème qu’elle porte dans le film Madame Sans-Gêne de 1925 est exposé aux côtés des bracelets portés par Clara Bow, autre actrice incontournable. Ce dernier ne parvient cependant pas à survivre à l’apparition du cinéma parlant à la fin des années 1920. La raison? « Elle avait un trop fort accent de Brooklyn », explique, amusée, Louise Hilton, membre de l’Académie des Oscars, et invitée à participer à la présentation de l’exposition.

Une planche de surf des années 1920

Planche de surf des années 1920.Élise Neyret

Autre star californienne : la planche de surf, apparue sur les plages dans les années 1910. Venant d’Hawaï, il s’est répandu sur la côte Ouest au cours de la décennie suivante. Ce modèle, développé il y a cent ans par le surfeur Thomas Blake, se caractérise par sa longueur et sa légèreté.

Le dossier de la prison d’Al Capone

Dossier de police d’Al Capone, 1932.Mémorial de Caen

L’année 1919 marque le début de la prohibition, avec l’instauration du 18e amendement à la constitution, qui interdit la vente et le transport de boissons alcoolisées. Des gangsters se sont alors lancés dans la contrebande d’alcool et ont ouvert des bars clandestins. A Chicago, le célèbre Al Capone contrôle d’une main de fer le trafic d’alcool. Le roman Scarface, publié en 1930, s’inspire de son histoire. Le 4 mai 1932, Al Capone est inculpé de fraude fiscale et incarcéré à la prison d’Atlanta, comme le montre son dossier carcéral.

Une banderole à l’effigie de Franklin Roosevelt

Bannière à l’effigie de Roosevelt.Élise Neyret

Le choc du krach boursier de 1929 heurte l’euphorie de l’après-guerre. Le chômage s’installe dans de nombreux foyers. Les bidonvilles se multiplient à travers le pays. En 1932, les anciens combattants de la Première Guerre mondiale, touchés comme d’autres par la crise, organisent une grande manifestation pour réclamer le paiement anticipé de leur prime de guerre. La police, puis l’armée, sont intervenues pour réprimer violemment les manifestants de cette « Marche de l’Armée Bonus ». Une erreur stratégique attribuée au président Herbert Hoover, qui contribuera à favoriser l’élection de Franklin D. Roosevelt en 1932. Il sera réélu en 1936, 1940 et 1944.

Un monopole de 1935

Monopole de 1935.Mémorial de Caen

« Au cœur de la crise, les Américains sont encouragés par les autorités à se divertir en pratiquant des loisirs. L’enjeu est d’éviter le farniente, l’alcool et la révolution », souligne Clément Fabre, commissaire scientifique de l’exposition. Ainsi, la pratique du sport et des jeux de société, la lecture de bandes dessinées et la fréquentation du théâtre et du cinéma sont encouragés. Le 6 février 1935, la société Parker Brothers lance la première commercialisation du mythique Monopoly.

Une veste Chaplin en Le dictateur

La veste portée par Charlie Chaplin dans Le Dictateur.Élise Neyret

L’une des grandes stars du cinéma des années 30 était Charlie Chaplin et, à travers lui, son personnage Tramp. Il incarne mieux que quiconque « les difficultés du petit peuple américain ». En 1939, il réalise Le dictateur, dans lequel il incarne le personnage d’Adenoid Hynkel, largement inspiré par Hitler. Le film est sorti en salles en 1940. Sa distribution a été interdite en Allemagne. Le mémorial présente la veste qu’il porte pendant la scène du bal.

Un trench-coat Clark Gable

Trench-coat Clark Gable.Élise Neyret

Après l’attaque de Pearl Harbor en décembre 1941, les États-Unis entrent en guerre. Certains acteurs s’engagent dans le conflit. C’est le cas de Clark Gable, connu entre autres pour son rôle dans Emporté par le vent. « Il a rejoint tardivement l’armée de l’air américaine comme mitrailleur », raconte Christophe Prime, qui a participé au montage de l’exposition. Mais il est surtout accompagné d’une équipe de tournage pour la réalisation d’un documentaire dont le but est d’inciter les Américains à s’impliquer. »

Une tenue d’Ingrid Bergman dans Casablanca

Tenues portées par Ingrid Bergman et Paul Henreid à Casablanca (Michael Curtiz, 1942).Élise Neyret

Casablanca est la romance légendaire de la Seconde Guerre mondiale, explique Louise Hilton. C’est de là que vient la fameuse phrase « Nous aurons toujours Paris ». Plusieurs réfugiés européens sont à l’affiche de ce film sorti en 1942, dont le Français Marcel Dalio, d’origine juive, et son épouse Madeleine Lebeau. » La star féminine du film, tiraillée entre Humphrey Bogart et Paul Henreid, est la Suédoise Ingrid Bergman, dont la robe est exposée.

A noter : Informations pratiques :

« L’aube du siècle américain, 1919-1944 » est à découvrir jusqu’au 5 janvier 2025. Kléber Arhoul, directeur du Mémorial, est le commissaire général de l’exposition et Clément Fabre en est le commissaire scientifique.
Une vaste programmation culturelle accompagne l’exposition, avec des concerts de jazz, des conférences et un festival de cinéma. Les informations sont disponibles sur le site Internet du Mémorial.

Horaires de mai à septembre : 9h – 19h

 
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