Tray Buchanan n’aime pas seulement marquer, il aime manger

Le 1er mai, tout est fermé. Tray Buchanan ne le savait pas, maintenant il le sait. Il avait prévu de faire ses petites courses, de commencer à cuisiner, de parcourir la cuisine comme chaque jour qui passe. Rien d’exceptionnel qu’un jeune homme (25 ans) dans un appartement (à Aytré) se nourrisse, nous direz-vous. Le tout sans prétention : le leader-buteur américain du Stade Rochelais Basket ne se considère pas comme une star. Par contre, il adore cuisiner, manger, manger ce qu’il a cuisiné. Fan de nourriture. Tout le monde ne se promène pas avec des photos de coquilles Saint-Jacques sur son téléphone.

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Traveon Buchanan, son vrai prénom mais personne ne l’appelle ainsi, a toujours été gourmand. Et, petit proverbe facile, les chiens ne font pas les chats. « Mon père gérait le programme alimentaire de plusieurs universités, aujourd’hui il dirige celui de Californie. Enfant, j’allais à la cuisine mais je le regardais faire. Je n’avais pas besoin de cuisiner, il le faisait pour moi (rires) ! Nous allions à l’église tous les dimanches et quand nous rentrions à la maison, c’était de la nourriture pour l’âme. [type de cuisine associé aux traditions afro-américaines du sud des États-Unis, NDLR] : poulet frit, chou vert, ignames, macaroni au fromage, pain de maïs… Nous avons mangé vers 14 heures et il y en avait tellement que si vous aviez encore faim plus tard dans la journée, vous pourriez y retourner sans problème. »

«J’ai vu des Américains mais…»

Après on prétend que ce sont les Français qui restent à table pendant des heures, un point solennel le dimanche. “Mais tout le monde ne fait pas ça aux Etats-Unis, n’est-ce pas !” C’est parce que ma mère vient du Tennessee ; elle a ramené ça à la maison avec nous. Au Tennessee, on mange même des lapins. Je n’ai jamais mangé de lapin… » Son père, Willie Newsome, remonte un peu plus loin dans le temps à notre demande : « Quand il était petit, c’était les « Reese’s Cups » [du chocolat au beurre de cacahuète, NDLR], céréales, glaces. Beaucoup de sucre ? Non, pas tant que ça… Ben oui, c’est vrai (rires). Mais il adore le chocolat ! »

Comme l’impression que le potentiel MVP Pro B (il fait partie des trois finalistes) aime à peu près tout. L’anti-routine comme fil conducteur, même pas peur d’un Grand 8 culinaire, venez les plats, je vous emmène un à un. « Quand nous sommes allés à l’Île de Ré pour notre entraînement de pré-saison, il n’avait jamais mangé d’huîtres, explique son équipier Lucas Hergott. Il l’a goûté. J’ai vu des Américains, mais jamais un qui ait pu goûter quelque chose qui ressemblait à une huître ! Manger du poulet en sauce, c’est facile (rires), et ils ne sont pas vraiment connus pour leur ouverture sur le monde… Je lui ai tiré mon chapeau. On a aussi mangé chez Coutanceau à Noël, pareil, il a tout testé. »

Au Tennessee, on mange même des lapins. Je n’ai jamais mangé de lapin… »

Toujours coéquipiers, Ibrahima Cherif Haidara est aussi presque un voisin de Buchanan. Pour le moins, ces deux-là se sont retrouvés lorsqu’il s’agit de s’accrocher à une fourchette. « Tray aime tout ce qui est mexicain, précise l’international malien. Par exemple les tacos, mais ensuite les tacos des magasins de tacos… On se présente des recettes, un jour je peux lui parler d’un assaisonnement et le lendemain il reviendra en disant « wow, c’est incroyable ! [il l’imite, les mains sur la tête, NDLR]. Je connaissais un peu la coriandre mais il m’a fait découvrir la coriandre d’une manière différente. Parfois, on est en pleine discussion, les autres ne se rendent pas compte qu’on parle de nourriture, et tout d’un coup ils s’arrêtent et nous regardent : « Mais tu es malade… ». Il vient à pied chez moi, nous sommes juste à côté, il repart avec son petit plat. J’attends toujours devant chez lui (rires), il n’a jamais cuisiné pour moi. »


Tray Buchanan glisse des crevettes dans plusieurs de ses plats.

tuberculose

Faux, répond l’homme de Chicago, l’homme aux (longues) dreadlocks, épice pour idole. Une fois, il préparait du riz frit au poulet pour du jaune et du noir. D’ailleurs s’il aime innover, varier, oser, on revient souvent au poulet.

L’exigence de Kenda

Papa Willie : « Sa mère et moi, quand nous avons appris qu’il allait à l’université, nous avons commencé à l’entraîner à préparer ses propres repas. Pas seulement la « technique », mais il devrait penser à ce qu’il mange. Pour qu’il mange sainement et que ça marche pour lui. C’est génial ce qu’il fait, il cuisine tout le temps ! Il nous envoie des photos et tout… Quand il rentre à la maison il me demande deux choses : « jerk Chicken » [du poulet épicé jamaïcain, NDLR] et “pâtes rasta” [pâtes crémeuses avec poivrons sautés, souvent complétées de crevettes ou poulet, NDLR]. Il y a une petite compétition amicale à trois qui s’est développée entre nous et je dirais que nous cuisinons tous bien. Comment ça, qui cuisine le mieux ? Quelle question, c’est moi (rires) ! »

Si sa mère Kenda est présente à table, autant dire que son fils Tray ferait mieux de s’appliquer. Un mélange de « Top Chef » et de « Guide Michelin » sur les exigences de la cuisine, l’équivalent de Julien Cortey avec sa défense. Cela tombe à point, notre photographe est le même, critique dans une autre vie, l’occasion de parler de bœuf bourguignon (« ah mais je crois que je l’ai déjà mangé lundi à Apivia Parc ») ou de blanquette de veau avec un Américain.

En tout cas, au vu de la saison dernière à Limassol, le palais de Buchanan est en fête. « Quand j’étais à Chypre, je n’avais pas vraiment de cuisine. C’était trop petit, pas super propre, je suis allé au fast food… Ici je m’organise. La veille, je planifie ce que je vais manger le lendemain. Vous vous sentez toujours mieux lorsque vous préparez quelque chose que lorsque vous allez chez McDonald’s. La seule fois où je ne cuisine pas, c’est lorsque nous rentrons tard d’un voyage. Là, le coach Julien m’a recommandé G le carrelage à Lagord (rires). Des restaurants à La Rochelle ? Je ne me souviens pas des noms mais je sais comment les trouver. »

« Au marché aux poissons avec Cherif »

Quelques restaurants ici et là, sans oublier les commerces de proximité. « Ce qu’il aime le plus chez toi, c’est le pain, « la baguette ». Les fruits de mer aussi », sait son père. « J’ai commencé à aimer ça quand j’étais à l’université, répond le 2e buteur du championnat (17,8 points de moyenne), mais ça a décuplé depuis que je suis à La Rochelle. C’est plus frais ici. On va chez le poissonnier avec Cherif pour acheter des crevettes, du poisson, mais aussi chez le boucher pour du poulet ou du bœuf. Les huîtres c’est bien, je peux les manger, mais je préfère avec une sauce. Chérif est un bon gars, il cuisine pour de vrai. Oui, il m’appelle parfois : « Tray, qu’est-ce que tu fais ? – Rien de spécial. – Viens chercher une assiette. Depuis, même « JB » (Jubrile Belo) s’est mis à cuisiner ! »

Ses fils Trae’Jour et Traveon Buchanan Jr ont déjà leur serviette autour du cou

Quelle est cette équipe où même les Anglais cuisinent ? Si avec ça elle ne remporte pas les playoffs… En supposant qu’elle y parvienne, Tray Buchanan pourra s’envoler le cœur léger. De l’autre côté de l’Atlantique ce sont deux petits bouts de 2 et 3 ans, Trae’Jour et Traveon Buchanan Jr, qui attendent leur papa avec impatience. Même s’ils ont déjà leur serviette autour du cou. « Quand je rentre à la maison, mon frère aîné me dit : ‘Papa, je veux ça, tu cuisines mieux que maman !’ Ce n’est pas vrai du tout. Mais j’accepte le compliment. »

Petit Plateau (à gauche), ici avec ses deux frères, était déjà très gourmand ; ses enfants aussi, semble-t-il.


Petit Plateau (à gauche), ici avec ses deux frères, était déjà très gourmand ; ses enfants aussi, semble-t-il.

Famille Buchanan

Pau, le défi

Trouve-toi. Si La Rochelle n’avait jamais perdu deux fois de suite, elle l’a perdu lors des 32e et 33e journées, une fois la 1ère place définitivement acquise. Le risque de se retrouver sur trois défaites de suite juste avant les playoffs existe bel et bien avec ce déplacement à Pau avec une équipe qui doit absolument gagner. Car en cas de défaite, Javon Masters and co aurait besoin d’un concours de circonstances favorable pour se qualifier. Julien Cortey souhaite déjà que ses hommes aient une « attitude impeccable ». Alors peut-être que le résultat viendra. Mathéo Leray (cheville) sera en déplacement mais reste trop petit pour jouer.

 
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