« Il n’est pas sûr que le masculinisme soit encore l’expression d’une domination patriarcale »

« Il n’est pas sûr que le masculinisme soit encore l’expression d’une domination patriarcale »
« Il n’est pas sûr que le masculinisme soit encore l’expression d’une domination patriarcale »

P.Depuis des millénaires, et les analyses féministes l’ont clairement montré depuis, le patriarcat a toujours dénoncé la « crise de la masculinité » afin de renforcer une culture masculiniste basée sur l’asymétrie de genre. Aujourd’hui, le masculinisme existe toujours, mais il n’est pas sûr qu’il soit encore l’expression d’une domination patriarcale, ni que la « crise de la masculinité » ou seulement une rhétorique masculiniste. Une autre lecture peut montrer que, loin de perpétuer la domination patriarcale, le masculinisme contemporain est plutôt le signe d’une mobilisation proprement réactionnaire en faveur d’une “retour à ce qui était avant”.

En effet, les victoires féministes et le sentiment croissant d’injustice des discriminations ont progressivement miné, depuis les années 1960, les piliers du patriarcat. Ce « dépatriarchalisation » s’observe désormais partout, non sans résistance.

Ce qui a longtemps été considéré comme « normal » – hiérarchies et discriminations entre hommes et femmes, violences conjugales, normes inégales de sexualité masculine et féminine, sexisme et agressions sexuelles en milieu professionnel – est aujourd’hui de plus en plus vécu comme autant de déviances dont la dénonciation, culturelle et politique, influence le droit vers une meilleure prise en compte et davantage de sanctions.

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Ce renversement de norme au profit du principe d’égalité ne veut pas dire qu’on en a fini avec le sexisme et les violences basées sur le genre. Cela signifie qu’en ce moment historique de « post-patriarcat » (comme on parle des effets persistants de la guerre dans l’après-guerre) ce qui reste de « patriarcat » dans les représentations, les relations et les identités de genre est en tension permanente avec valeurs, attentes et normes égalitaires.

Tensions sociales et culturelles

C’est ainsi qu’il faut comprendre la réalité sociologique des formes contemporaines de la « crise de la masculinité ». Cette dernière n’est plus ici une ruse du patriarcat mais le produit subjectif, chez la plupart des garçons et des hommes, des tensions sociales et culturelles qui ont transformé les relations entre les sexes depuis la fin du XXe siècle.e siècle.

En d’autres termes, les garçons sont de plus en plus confrontés au hiatus entre une socialisation qui les amène encore à se penser à la fois différents et plus importants que les filles et la féminité et les nouvelles normes sociales et les nouvelles attentes subjectives égalitaires, notamment chez les filles et les femmes.

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