Quel est le statut des « repentis », que le gouvernement souhaite réformer ? – .

Quel est le statut des « repentis », que le gouvernement souhaite réformer ? – .
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Contre le crime organisé et briser le silence devenu “l’ennemi de la justice”le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti l’a annoncé dimanche 28 avril dans La Tribune du dimanche la création d’un nouveau statut de repentant. « Ce qui nous manque, ce sont des témoins. Soit ils ne viennent pas en justice parce qu’ils sont complices, soit ils ont peur. Notre objectif est de les protéger, de protéger leurs familles et de garantir des réductions de peine.a-t-il déclaré sur BFM TV.

En , le statut existant a été créé en 2004 par la loi Perben (en vigueur depuis 2014). Il permet d’offrir aux personnes fournissant des informations relatives à la criminalité organisée (trafic de drogue, règlements de comptes, assassinats, racket) une nouvelle identité, une protection policière, une aide financière et des exemptions ou réductions de peine.

Ces mesures ne sont appliquées que si le témoignage du repenti « revêt une importance particulière pour la manifestation de la vérité ». Elles sont décidées par une « commission nationale de protection et de réinsertion » placée sous la tutelle du ministère de l’Intérieur. Celui-ci précise les mesures de protection du repenti et les obligations qui lui incombent. Il peut modifier ou mettre fin aux mesures à tout moment si la personne ne respecte pas les conditions et modalités du programme.

Extension du statut

La législation est cependant très restrictive car elle exclut les auteurs et complices d’assassinats et ne s’adresse qu’aux “petites mains » (ainsi qu’aux témoins depuis la loi antiterroriste de 2016), et reste donc très peu utilisée. Depuis sa mise en œuvre, 60 repentants ont été accompagnés. Certaines ont néanmoins permis d’élucider des cas majeurs.

En 2022 par exemple, la justice a condamné définitivement Éric Coppolani à 30 ans de prison pour l’assassinat en 2010 d’Antoine Nivaggioni, ancienne figure du nationalisme corse. Les magistrats ont utilisé les révélations de Patrick Giovannoni, ancien membre de la bande ajaccienne du « Petit bar » et premier repenti de France. En 2021, le témoignage d’un autre repenti a également permis d’impliquer le clan des frères Bengler (considérés comme des figures centrales du trafic de drogue à Marseille) dans un assassinat remontant à 2010.

La réforme étendrait ce statut aux personnes impliquées dans des délits ou des crimes. « Nous serons extrêmement vigilants : le statut pourra être révoqué à tout moment si les déclarations s’avèrent inexactes ou incomplètes. Une personne repentante qui commet de nouvelles infractions se verra immédiatement retirer son statut et sa peine sera réduite., a précisé le ministre de la Justice. Éric Dupond-Moretti souhaite offrir la possibilité d’un changement d’état civil officiel et définitif.

“Je tiens enfin à préciser un point : ce nouveau statut de repenti ne coûtera pas un centime au contribuable car il sera financé, comme aujourd’hui, grâce à la confiscation des avoirs criminels”, a-t-il ajouté, arguant qu’en 2023 le nombre de saisies était estimé à près de 1,4 milliard d’euros.

Inspiration italienne

Le ministre souhaite s’inspirer de l’Italie, où « face aux organisations criminelles de la mafia, le statut du repenti italien a permis de grandes victoires ». « Un millier de cas ont été réglés en Italie, dont le maxi-procès de Palerme » – procès historique de la mafia sicilienne qui aboutira en 1987 à la condamnation de 388 membres du crime organisé – a-t-il déclaré à BFM TV. Depuis les années 1980, le « collaborateur de justice » dispose d’un délai maximum de six mois pour dire ce qu’il sait et ne peut bénéficier des avantages qu’après que ses déclarations ont été jugées importantes et inédites.

Si les chiffres restent secrets, entre 2 000 et 3 000 personnes ont bénéficié de ce statut depuis sa création. Ils bénéficient, grâce à un fonds public, de mesures de réinsertion sociale et professionnelle, de documents personnels fictifs, d’une aide financière, psychologique, sanitaire et juridique, d’une compensation financière mensuelle (1 500 € en moyenne) et d’une protection policière.

 
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