Le docteur Olivia Keïta-Perse, chef du service d’épidémiologie et d’hygiène hospitalière au Centre Hospitalier Princesse Grace (CHPG), nous livre ses précieux conseils pour éviter de contracter la maladie.
Publicité
Elle touche 249 millions de personnes* dans le monde et est présente principalement dans les pays les plus chauds de la planète, et notamment les zones tropicales. Si à première vue, le paludisme ne semble pas toucher la Principauté, attention ! Une dizaine de patients ont été soignés au CHPG à la suite d’un voyage, et il est possible que le réchauffement climatique permette au vecteur de la maladie, le moustique appelé « Anophèle », de s’acclimater sur la Côte d’Azur.
Il y a quelques années, le moustique tigre, vecteur de la dengue, ne vivait que dans les régions tropicales, mais il est désormais présent non seulement sur la Côte d’Azur, mais presque partout en France.
Car il s’agit d’une maladie parasitaire, transmise uniquement par les piqûres de moustiques. « Cela ne se transmet pas de personne à personne »assure le médecin, qui précise : « le sang, aspiré lors d’une première piqûre du moustique, subit un cycle dans les glandes salivaires de l’insecte et, lors d’une seconde piqûre, il se diffuse ».
Une maladie potentiellement mortelle
Il existe plusieurs types de plasmodium, et selon l’espèce administrant la piqûre, la maladie est plus ou moins grave. Malheureusement, l’espèce la plus répandue, Plasmodium falciparum, est également la cause la plus fréquente de complications mortelles.
Le spécialiste note cependant que le plasmodium ne provoque pas de récidive : « mordu par une autre espèce que le plasmodium falciparum, il est possible que le patient fasse une nouvelle crise quelques années plus tard, sans même avoir été mordu une seconde fois. »
Si le moustique ne pique pas davantage les enfants, ce sont eux qui manifestent les formes graves. En fait, 80 % des victimes du paludisme sont des enfants, ce qui se traduit par 500 000 décès de nourrissons chaque année, dont la grande majorité survient en Afrique. C’est pourquoi le vaccin en circulation sur le marché depuis 2021 est administré uniquement aux enfants du continent, et non aux adultes et aux Européens, qui ne sont pas les personnes les plus à risque.
Une fièvre de 41°
En cas de piqûre d’un moustique porteur, la période d’incubation est de sept jours en moyenne : « Cela commence par des malaises gastriques et de la fièvre, et quand la crise arrive au bout de sept jours, une énorme fièvre de 40° voire 41° se manifeste. Elle s’accompagne souvent de maux de tête, de courbatures et de diarrhée. Lorsque la fièvre baisse, le patient souffre de transpirations extrêmement abondantes, puis la fièvre revient… Il s’agit d’un cycle de 72 heures, ou 96 heures selon l’espèce de plasmodium.note le docteur Olivia Keïta-Perse.
Pour éviter ces désagréments et éventuelles complications, il existe un traitement de crise par comprimés ou injection intraveineuse, mais aussi un traitement préventif, à prendre lors d’un voyage à risque. Mais le plus simple est toujours d’éviter de se faire mordre. Comment ? « En dormant sous une moustiquaire, car le moustique pique la nuit tombée, et en utilisant des répulsifs cutanés »recommande le médecin, tout en déconseillant les bracelets ou les vitamines prévus à cet effet, peu efficaces.
Enfin, si l’on entend souvent dire que les moustiques sont particulièrement attirés par le sang sucré, “c’est de la bêtise”» dément le médecin responsable de l’unité de consultation des voyageurs au CHPG, avant de divulguer une dernière astuce : « L’Européen qui part en vacances ne va pas mourir du paludisme, mais la crise est violente. Ne vous croyez pas plus fort, et surtout faites preuve de bon sens ! »
Depuis 2021, au total huit cas de paludisme ont été traités au CHPG :
- Tous les adultes, contaminés en Afrique
- Quatre ont été hospitalisés
- Quatre ont été vus en consultation médicale par un médecin spécialiste des maladies tropicales.
- Trois étaient des résidents monégasques
