50 ans après la « révolution des œillets », que reste-t-il de la « singularité portugaise » ? – .

Entretien Le Portugal s’apprête à commémorer le 50e anniversaire du coup d’État qui a marqué la fin du régime salazariste, sur fond de montée de l’extrême droite. Retour sur la Révolution des œillets du 25 avril 1974 avec l’historien Victor Pereira.

Une révolution déclenchée par l’armée ? Un programme socialiste défendu par les putschistes ? C’est bien là la singularité de l’histoire portugaise contemporaine. Après quarante-huit ans d’existence, en 1974, le régime salazariste était au bout de son histoire, empêtré dans son aveuglement colonial. L’armée, épuisée par ces guerres lointaines qui durent depuis plus d’une décennie, décide qu’il est temps d’en finir avec la dictature. Le 25 avril, de jeunes officiers politisés et organisés depuis de nombreux mois ont mené un coup d’État qui a ouvert une page passionnante dans l’histoire politique du Portugal et au-delà de la gauche européenne. Victor Pereira, maître de conférences en histoire contemporaine à l’Université de Pau, dans son livre « C’est le peuple qui commande » (éditions du Détour), un récit vivant et précis qui propose de redécouvrir toute la complexité de la « révolution des œillets ».

Le terme « révolution des œillets » est trompeur. Le 25 avril n’est pas une révolution de palais mais bien un coup d’État militaire qui n’exclut pas le recours à la violence.

Víctor Pereira La question des violences est là dès le 25 avril même. Ces jeunes capitaines qui mènent la révolution sont souvent présentés comme des soldats pacifistes. Bien sûr, ils veulent mettre fin à une guerre, mais à une guerre coloniale dans laquelle ils ont…