le film sexy que j’aurais adoré aimer

Je vous laisse deviner comment se terminera cette scène.mgm

Luca Guadagnino, directeur de Appelle-moi par ton nom, met en scène l’actrice dans un triangle amoureux qui se déroule sur un court de tennis.

Sainath Bovay

Suis-moi

La dernière fois qu’on a vu un film sur le tennis, c’était avec Le portrait de Richard Williams en 2021. Un biopic sur le père des championnes Vénus et Serena qui raconte l’ascension des athlètes afro-américains dans un sport majoritairement blanc. Ce rôle a permis à Will Smith de remporter l’Oscar du meilleur acteur (et de frapper la mâchoire de Chris Rock d’une gifle à jamais mémorable). Cependant, c’est plutôt du côté de Balle de match (2005) de Woody Allen et son thriller sulfureux sur fond de jeu de balle qu’il va falloir retourner, car Challengers Est autant un film sur le tennis qu’un film sur l’avidité, le désir, l’arrogance et la manipulation.

L’histoire se déroule sur un court de tennis dans la banlieue de New York lors d’un trophée ATP Challenger Tour. Une compétition généreuse en termes de gains et de points ATP qui permet généralement aux vainqueurs de se qualifier pour des tournois prestigieux du Grand Chelem comme l’US Open ou Wimbledon. De chaque côté du filet, il y a Art Donaldson (Mike Faist vu dans West Side Story) et Patrick Zweig (Josh O’Connor, le jeune Charles de La Couronne). Deux vieux amis inséparables, puis étudiants, dont l’amitié a été brisée une décennie plus tôt, lorsque l’ancien prodige du tennis Tashi Donaldson (Zendaya) s’est immiscé dans leur vie.. Au centre de l’histoire et du terrain, elle est la femme qui les observe depuis la tribune.

Zendaya, la star incontournable de Dune, incarne une jeune espoir obsédée par son sport et dont la trajectoire s’est arrêtée le jour où son genou a lâché. D’abord en couple avec Patrick dont l’ambition ne dépassait pas le net, elle vit désormais son obsession à travers l’Art, dont elle partage la vie et gère sa carrière aujourd’hui sur le déclin.

Si Art est un riche champion qui a conquis le cœur de son amour d’enfance, Patrick est un joueur qui croupit dans les tournois de second ordre, mais qui se révèle être un adversaire redoutable puisqu’il connaît par cœur le jeu de son ancien ami. Cette rencontre entre les deux anciens rivaux va tout chambouler, et les origines de ce triangle amoureux toxique nous sera révélé à travers des flashbacks entre deux revers jusqu’aux moments clés où les couples se font et se défont.

La bande annonce:

Vidéo: Watson

Raquettes et biscuits

Le film de Luca Guadagnino est loin des clichés hollywoodiens et des films de sport. Si vous espériez voir un film centré sur le tennis, vous en voudrez peut-être plus.. Le sport de notre Roger Federer national n’est ici qu’une toile de fond. Les raquettes ne sont que des épées contemporaines pour régler un duel chevaleresque entre deux prétendants qui aspirent à purifier leur honneur en conquérant le cœur d’une dame qui n’accepte pas les perdants.

« Pour moi, il était donc important de ne pas raconter l’histoire de deux hommes tentant de conquérir la même femme. Il s’agit d’environ trois personnes qui se rencontrent chimiquement et ne peuvent plus être séparées.

Luca Guadagnino

Le cinéaste sicilien s’est révélé il y a une dizaine d’années avec Une plus grande éclaboussure (2015), le remake du classique La piscine (1969) de Jacques Deray. Mais c’est vraiment avec la romance gay Appelez-moi par votre nom (2017) entre Elio (Timothé Chalamet) et Oliver (Armie Hammer) que le réalisateur saura se faire une place. Un immense succès critique qui ne se répétera pas dans ses films suivants, malgré la présence de Timothé Chalamet dans Os et tout (2022), un road movie horrifique passé inaperçu.

Le cinéma de Guadagnino est empreint d’érotisme et d’une aura queer. Il filme ses personnages masculins en les sublimant. Tout est sensuel, tactile et toujours suggestif. Les plaisirs de la chair sont souvent camouflés par des métaphores visuelles, notamment à travers la nourriture. Dans Challengers, on ne comptera plus les scènes de peau suintante et d’ingestion de nourriture phallique. Malgré l’orientation hétérosexuelle des personnages, une romance crypto-gay semble hanter les deux hommes.

« Mais que nous arrive-t-il ?

« Mais que nous arrive-t-il ?Image : MGM

Cette tension sexuelle est renforcée par d’incroyables scènes de tennis dont la mise en scène sublime ce sport comme rarement vu auparavant, à tel point qu’on a l’impression de regarder une publicité pour Nike ou Lacoste pendant deux heures. La caméra tourne, les angles sont choisis avec toujours plus d’audace et de créativité, au rythme de l’intensité du match. Une montée en puissance qui attendra son point culminant à la balle de match avec une séquence finale époustouflante, quoique interminable. Un choix de mise en scène où rien n’est laissé au hasard, comme l’explique le réalisateur :

« Quand on regarde un match de tennis, que ce soit en direct ou à la télévision, c’est une expérience très objective. J’ai pensé à le rendre très subjectif. J’ai tout de suite pensé à pouvoir être à l’intérieur du jeu, mais aussi à l’intérieur du jeu avec ces personnages.

Luca Guadagnino

Zendaya a depuis retrouvé Euphorie un rôle inadapté à la hauteur de son talent. Objet de désir conscient de sa puissance, elle est au centre d’un triptyque où s’affrontent deux personnalités opposées : l’Art en champion riche et vaillant et Patrick, joueur occasionnel qui parvient toujours à ses fins. Deux revers d’une même pièce manipulée par la main du personnage Tashi. D’ailleurs, on ne sait pas vraiment si elle tire les ficelles ou si elle tient la chandelle de ce duel homoérotique. Ce trio d’acteurs est terriblement crédible, raquette à la main, aidé bien sûr par des doubles et des effets spéciaux indétectables qui créent l’illusion. Malheureusement, l’écriture échoue sur l’évolution de ces personnages impossibles à aimer car ils sont soit lisses, soit détestables.

A noter également la bande originale de Trent Reznor et Atticus Ross, oscarisés pour Le réseau socialk et Ivre de Pixar, l’antithèse de la musique symphonique hollywoodienne. La bande sonore de Challengers est électronique, dansant et apporte une énergie aux images qui pourrait donner de l’urticaire à tous ceux allergiques à la mise en scène de type vidéoclip.

La balle en mousse

j’aurais adoré aimer Challengers. Malgré sa mise en scène audacieuse, sa musique qui pourrait accompagner chacune de mes séances de fitness et son casting sexy qui pourrait me faire céder à la bisexualité, Challengers est un film si ringard dans le fond qu’il le devient aussi dans la forme.

Zendaya, jouant parfaitement l'expression dite « seum ».

Zendaya, jouant parfaitement l’expression appelée « seum ».Image : MGM

Il ya quelque chose terriblement ennuyeux de suivre des personnages qui placent performance et attraction sur le même plantout cela pour raconter une histoire dont les enjeux ne sont objectivement pas si dramatiques.

Le trophée de la tête de gifle revient notamment au personnage de Zendaya, épouse castratrice et entraîneure qui aime le tennis plus que son mari et dont la défaite face à son ancienne meilleure amie serait un motif de rupture. Ce qui ne l’empêche évidemment pas de mouiller son froc lorsqu’elle retrouve son ex, pour la simple raison qu’il ne se laisse pas dominer par elle, contrairement à son mari doux et romantique. Diagrammes ce qui aurait pu paraître sulfureux à une époque où le sexe était au centre de toutmais qui semblent aujourd’hui risibles.

Avec sa mise en scène criarde et ses sons électro, Luca Guadagnino s’amuse à érotiser le moindre élément du tennis, au point qu’on a l’impression de regarder du porno soft. Entre nous, deux heures de porno, c’est quand même très long.

Challengers de Luca Guadagnino est sorti sur les écrans le 24 avril 2024. Durée : 2h 12m

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Meilleurs ETF sur l’or à acheter pour mai 2024
NEXT plus que jamais un bouclier contre l’incertitude et un levier stratégique pour la croissance de votre entreprise