7 questions pour comprendre l’arrêt de la Cour de cassation

7 questions pour comprendre l’arrêt de la Cour de cassation
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La Cour de cassation ferme (presque) définitivement le Penelopegate : le poste d’assistante parlementaire pour lequel Penelope Fillon a été recrutée était en effet « fictif » ; elle et son mari, ainsi que le député suppléant Marc Joulaud, sont définitivement jugés coupables des délits de « détournement de fonds publics par personne chargée d’une mission de service public » et de « complicité ». En revanche, la peine d’un an de prison prononcée en appel contre François Fillon n’était pas suffisamment justifiée et motivée. La cour d’appel de Paris devra se prononcer, une nouvelle fois, sur les peines prononcées contre l’ancien Premier ministre. Décryptage en sept points.

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1. François Fillon et son épouse sont-ils définitivement coupables ?

Oui. La Cour de cassation valide l’arrêt de la cour d’appel de Paris qui, le 9 mai 2022, a déclaré François Fillon et son adjoint, Marc Joulaud, coupables de « détournement de fonds publics par personne chargée d’une mission de service public », comme ainsi que son épouse Pénélope, poursuivie pour « complicité de détournement de fonds publics ».

» Le député [Fillon]son épouse et le député sont définitivement déclarés coupables», indique clairement le tribunal de grande instance (chambre criminelle), dans son jugement rendu ce mercredi 24 avril, suite à l’appel formé par la défense contre la décision de condamnation de 2022 en appel.

2. Y aura-t-il un nouveau procès ?

Oui, mais cela ne portera que sur la sentence prononcée contre l’ancien député de la Sarthe. Les peines prononcées contre Penelope Fillon – deux ans d’emprisonnement avec sursis et 375 000 euros d’amende – et contre le député Joulaud – trois ans avec sursis – sont toutefois définitives.

Ainsi, la chambre criminelle « infirme partiellement » l’arrêt de la cour d’appel de Paris, sur les peines prononcées contre François Fillon uniquement, à savoir : quatre ans d’emprisonnement, dont un an ferme, et 375 000 euros d’amende. bien.

« Un juge ne peut prononcer une peine d’emprisonnement sans sursis que si la gravité du délit et la personnalité de son auteur la rendent indispensable et si toute autre sanction est manifestement insuffisante. La Cour de cassation est tenue d’annuler les décisions qui n’ont pas expressément constaté que ces conditions étaient remplies. Cependant, en condamnant le député [François Fillon] à une peine ferme, le juge d’appel n’a pas expliqué en quoi une autre sanction aurait été manifestement insuffisante », fait valoir la chambre criminelle.

Une nouvelle audience se tiendra donc devant la cour d’appel de Paris, mais seul François Fillon sera convoqué. Ses nouveaux juges n’auront plus à se prononcer sur sa culpabilité, mais uniquement sur la peine qui devrait lui être infligée.

3. Une peine ferme pourrait-elle à nouveau être prononcée contre François Fillon ?

Oui, à condition que les juges justifient cette fois en quoi cela est « strictement nécessaire » et « proportionné » aux faits dont il se rend coupable. « En matière pénale, le juge pénal ne peut prononcer une peine d’emprisonnement ferme qu’après avoir spécialement motivé le choix de cette peine, qui ne peut être prononcée qu’en dernier ressort, si la gravité du délit et la personnalité de son auteur ainsi que la situation matérielle, familiale et sociale de ces derniers rend cette peine nécessaire et si toute autre sanction est manifestement insuffisante », avait plaidé M.e Patrice Spinosi, l’un des avocats de François Fillon.

La Cour de cassation lui donne raison sur ce point. « En condamnant M. Fillon à la peine de quatre ans d’emprisonnement, dont trois ans avec sursis, sans considérer qu’aucune autre sanction n’était manifestement insuffisante, la cour d’appel [de Paris] n’a pas justifié sa décision », précise la chambre criminelle.

La cour d’appel qui devra statuer pourra donc confirmer la peine, voire l’alourdir, à condition de la motiver, ou au contraire l’adoucir, en la rattachant intégralement à une peine avec sursis.

Un débat contradictoire aura lieu, au cours duquel l’accusation et la défense présenteront leurs arguments.

4. Les intérêts civils revendiqués par l’Assemblée nationale sont-ils confirmés ?

Oui et non. La Cour de cassation estime que l’Assemblée nationale est fondée à demander réparation au juge judiciaire, en réparation du préjudice que lui ont causé le délit de « détournement de fonds publics » et de « complicité », dont le député Fillon et son épouse ont été reconnus. coupable. En revanche, le tribunal de grande instance annule la décision de la cour d’appel qui avait condamné les époux Fillon à rembourser l’intégralité des salaires versés à Pénélope. “Si les juges ont estimé que la rémunération versée était manifestement disproportionnée par rapport au travail fourni, ils n’ont pas été dénués de toute contrepartie”, nuance la chambre criminelle.

En résumé, la cour d’appel qui sera désignée devra se prononcer sur la nature des peines prononcées contre François Fillon – et lui seul –, ainsi que sur le montant des dommages et intérêts que lui et son épouse devront payer pour l’Assemblée Nationale. , partie civile dans cette affaire.

5. Les déclarations de l’ancienne procureure financière Éliane Houlette peuvent-elles être invoquées par la défense ?

Non. On se souvient que l’ex-patron du PNF avait évoqué devant une commission parlementaire la “pression” constante et le “contrôle très étroit” que sa hiérarchie – la procureure générale de Paris, Catherine Champrenault – avait exercé sur elle, pour accélérer les progrès. de cette affaire politiquement explosive et obtenir l’ouverture d’une information judiciaire. Cela a abouti à la mise en examen de François Fillon le 14 mars 2017, moins de deux mois après les révélations de Canard enchaîné et le début du « Penelopegate », en pleine campagne présidentielle.

LIRE AUSSI Les confessions de François FillonEvoquant un « assassinat politique », Me Briard, l’un des avocats de Fillon, a estimé, lors de l’audience du 28 février, que leurs clients n’avaient pas été poursuivis de manière « impartiale et équitable ».

Grâce à une question prioritaire de constitutionnalité, la défense a obtenu, le 28 septembre 2023, que l’article 385 du Code de procédure pénale soit déclaré contraire aux droits de la défense et au droit à un recours judiciaire effectif, et donc jugé inconstitutionnel. Cet article empêchait un prévenu de soulever une nouvelle « exception de nullité » devant le tribunal correctionnel, à la suite d’une information judiciaire.

« Le procès intenté à mes clients a-t-il été équitable ? Des pressions politiques ont-elles été exercées sur le procureur [Éliane Houlette] accélérer les poursuites en pleine élection présidentielle ? Mes clients ont tenté de poser ces questions cruciales devant les tribunaux et devant la cour d’appel. En vain… Nous leur avons dit “trop ​​tard”, la porte de l’article 385 s’était fermée”, a déclaré Mme.e Briard, devant le Conseil constitutionnel puis devant la Cour de cassation.

« Si la cour d’appel [qui a condamné les époux Fillon] a déclaré la demande en annulation irrecevable au regard du mécanisme de purge des nullités, elle a néanmoins vérifié si cette demande était ou non fondée. Elle a conclu qu’elle ne l’était pas, et le raisonnement par lequel elle est arrivée à cette conclusion n’a pas été contesté », note sèchement la Cour de cassation.

6. Peut-on parler de défaite judiciaire pour le couple Fillon ?

Incontestablement. Pénélope Fillon, outre les deux ans de prison avec sursis auxquels elle est définitivement condamnée, devra payer une lourde amende (375 000 euros) à l’État français.

Son mari est sûr d’être également condamné, sans être sûr d’échapper à une peine de prison qui pourrait l’amener, le cas échéant, à être placé sous surveillance électronique (bracelet), en plus de l’amende. qui pourrait lui être infligée ailleurs.

Quant à l’Assemblée nationale, elle devra être indemnisée, dans des montants que devra fixer le tribunal qui devra statuer.

7. Les époux Fillon pourront-ils bénéficier d’autres voies de recours ?

Ils pourront saisir la Cour européenne des droits de l’homme, sur le fondement de l’article 6 de la Convention relatif au « droit à un procès équitable ». Mais ce recours pourrait prendre des années et ne saurait conduire à invalider ou à annuler les décisions rendues par les juridictions nationales (françaises).

Msont François-Henri Briard et Patrice Spinosi, qui ont défendu François Fillon et son épouse devant la Cour de cassation, n’ont pas caché leur déception, mercredi 24 avril. « Étonnamment, la chambre criminelle a refusé de tirer les conséquences de la décision rendue par le Conseil constitutionnel. en faveur de M. Fillon, le 28 septembre 2023. Le juge constitutionnel a alors jugé inconstitutionnelles les dispositions du Code de procédure pénale qui avaient empêché que des vices de procédure résultant d’un manque d’impartialité ne soient invoqués en appel. Notre réaction ne peut être que décevante», réagissent-ils.

« Au fond, bon nombre des nombreuses critiques formulées dans cette affaire n’ont reçu aucune réponse ; les autres ont été balayés sans justification satisfaisante. Comment s’en satisfaire ? De ce côté-là, François Fillon étudie effectivement la possibilité de saisir la Cour européenne des droits de l’homme”, ajoute M.sont Briard et Spinosi.

 
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