Le corps de la jeune étudiante de l’université Paris-Dauphine, signalée disparue la veille par sa famille, a été retrouvé samedi lors d’une chasse à l’homme dans le bois de Boulogne. Mardi, un suspect de 22 ans, déjà condamné pour viol et visé par une OQTF, a été interpellé en Suisse pour le meurtre de Philippine, âgée de 19 ans. L’enquête, ouverte pour homicide volontaire, a été confiée à la brigade criminelle de la police judiciaire de Paris. « Une demande d’extradition sera adressée aux autorités suisses »a annoncé à l’AFP le parquet de Paris.
Le suspect, a-t-il ajouté, « en situation irrégulière sur le territoire français, a été condamné en octobre 2021 pour un viol commis en 2019 (alors qu’il était mineur) » et avait été « libéré, à la fin de sa peine, en juin 2024 »Selon une Source proche du dossier citée par l’AFP, le suspect a été libéré de détention le 20 juin et placé dans un centre de rétention administrative (CRA) de Metz.
Le 3 septembre, un juge des libertés et de la détention avait validé sa sortie du centre de rétention. Une mesure assortie d’une obligation de contrôle. Le 4 septembre, le Maroc avait fait « obtenir l’autorisation d’expulsion » aux autorités françaises, selon cette Source, et le 19 septembre le suspect a été inscrit au fichier des personnes recherchées, car il n’a pas respecté son obligation de se présenter.
Exploitation immédiate par l’extrême droite
« Philippine a été sauvagement assassinée. La personne arrêtée est marocaine sous OQTF. Ce féminicide mérite d’être jugé et puni sévèrement. L’extrême droite va tenter d’en profiter pour propager sa haine raciste et xénophobe. Nous sommes plus forts que cette récupération », a prévenu mardi soir la députée écologiste Sandrine Rousseau. Et elle n’a malheureusement pas eu tort.
Dès que le profil du suspect a été connu, l’extrême droite s’est déchaînée. « Ce migrant n’avait rien à faire sur notre sol, mais il a pu récidiver en toute impunité. Notre justice est laxiste, notre État dysfonctionne, nos dirigeants laissent les Français vivre avec des bombes humaines », a immédiatement lancé sur X (ex-Twitter) le président du RN Jordan Bardella.
Marion Maréchal a quant à elle repris la théorie haineuse du « francocide » de son ancien allié Éric Zemmour, sans utiliser explicitement le terme : « Encore une migrante, encore une immigrée clandestine, encore une OQTF non exécutée, encore un récidiviste, encore un violeur en liberté. Si l’information se confirme, Philippine est une énième petite française que nos dirigeants ont livrée à un prédateur importé. »elle a posté sur le même réseau social.
Une rhétorique déjà utilisée à maintes reprises
Une rhétorique déjà utilisée par la cheffe du RN lors de la campagne électorale au sujet des violences sexuelles : « Nous mènerons une lutte sans relâche contre l’insécurité qui fait régresser la liberté de circulation de toutes les femmes en France dans la rue et dans l’espace public. Nous reprendrons le contrôle de notre politique migratoire. »il l’a déclaré en juin dernier dans une vidéo pour alimenter l’idée que la violence contre les femmes se déroule d’abord dans l’espace public et est le fait des immigrés.
« Vous passez sous silence les 90 % de violences sexuelles infligées par des proches. Que proposez-vous pour ces agressions ? Qu’en est-il de la majorité des femmes, victimes non pas d’inconnus, mais de personnes qu’elles connaissent intimement ? Vous n’avez rien dit. Parce que vous refusez probablement de reconnaître le caractère systémique des violences faites aux femmes, qui touchent toutes les classes sociales, quelles que soient les origines. Vous ignorez les statistiques, les études, les rapports. »notre féministe et chroniqueuse a ensuite répondu pour HumanitéViolaine de Filippis Abate. De même, en 2023, selon le décompte des associations, 134 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint. Un rappel toujours indispensable.
Face à l’extrême droite, ne baissez pas les bras !
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